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L'histoire juge-t-elle ?

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« Examen de l'énoncé: * Juste : le mot peut s'entendre en deux sens.

Exact, conforme à ce qui est ; ou conforme à un idéal moral, en particulier de plus grande justice. * L'Histoire jugera : cette expression devra être analysée.

Remarquer que l'histoire est ici personnifiée, c'est elle qui juge c'est-à-dire qui décrète ce qui est bon ou mauvais. Reformulation: Si de fait l'histoire juge en un sens qu'il faudra préciser, son "jugement" est-il conforme à l'idéal moral d'une humanité plus juste ? A quelle condition cela serait-il possible ? Examiner cette condition d'un point de vue critique. Démarche possible: Enraciner la réflexion dans l'analyse de l'expression : l'Histoire jugera. L'histoire désigne ici le devenir des sociétés humaines.

Or c'est ce devenir qui révélera si telle décision, tel acte politique, telle évolution des institutions ou des moeurs ont été bons et utiles, ou nuisibles, ou inutiles.

En ce sens l'histoire juge.

Pourquoi est-ce ainsi ? Parce que la valeur historique d'un acte est dans sa fécondité, sa puissance de produire des conséquences qui se développeront dans l'avenir.

Conséquence : l'homme qui est acteur dans l'histoire ne peut avoir un jugement définitif sur ses propres choix ou sur son oeuvre.

Tout dépend de leur avenir.

Une décision d'ordre politique, scientifique ou technique peut être mûrement réfléchie par son initiateur, il n'empêche que ce seront les répercussions à plus ou moins long terme qui révéleront la valeur de cette décision.

Illustrer par un exemple. Conclure.

En ce sens il est exact de dire que l'Histoire jugera puisque c'est l'avenir qui donnera raison ou tort.

Cet avenir n'étant pas totalement en notre pouvoir, on attribue métaphoriquement à l'Histoire la puissance de juger. Passer à la considération d'un nouveau sens de l'énoncé. Si l'on donne au mot "juste" son sens moral, que devient la question ? Penser qu'il est moralement légitime de dire que l'Histoire jugera, c'est s'en remettre à l'Histoire pour juger, c'est penser que les décrets de l'Histoire sont conformes à l'idéal de justice. Analysons.

Cela veut dire que ce que l'Histoire développe dans leurs effets ou retient des actions humaines, ce sont celles qui tendent à réaliser une plus grande justice dans une société ou entre les sociétés.

A quelle condition cela serait-il vrai ? La réponse engage une philosophie de l'histoire, c'est-à-dire une vision globale de l'histoire affirmant qu'elle a un sens, qu'elle est orientée vers l'accomplissement d'une valeur.

On trouve une telle philosophie chez Hegel pour qui le spectacle bariolé des événements dus au jeu contrasté des passions humaines ne constitue que l'écume de l'histoire.

Fondamentalement elle est orientée par la Raison pour réaliser le progrès et l'accomplissement de l'Esprit. « [L'histoire] n'est que l'image et l'acte de la raison.» Hegel, La Raison dans l'histoire (1830). • Pour Hegel, l'histoire humaine est un processus rationnel dont il est possible de donner une vision systématique.

Ainsi, chaque peuple exprime une étape du déploiement de l'Esprit du monde, dans un vaste mouvement qui va de l'Est (Babylone, La Grèce antique) à l'Ouest (l'Europe moderne).

Ce processus est dialectique: de la rencontre et de la confrontation entre les cultures adviennent de nouvelles cultures qui dépassent les oppositions de l'époque précédente.

C'est un processus téléologique (c'est-à-dire orienté vers un but) qui mène, selon Hegel, à la prise de conscience de soi de l'Esprit du monde. • Le travail de l'historien-philosophe, c'est donc, pour Hegel, la saisie des processus rationnels à l'oeuvre dans l'histoire de l'humanité, en insérant tous les événements dans un processus censé être nécessaire et ordonné par une fin prédéterminée. Lire : Hegel, La raison dans l'histoire. Une telle philosophie de l'histoire justifie qu'on dise que l'Histoire jugera.

Mais elle peut être critiquée.

D'abord une telle affirmation ne dépasse-t-elle pas les capacités de notre entendement ? Ne relève-t- elle pas de la croyance plus que de la science ? Ne constitue-t-elle pas un danger aussi, tout fanatisme s'inspirant de l'idée que le sens de l'histoire justifie son action ? Chercher alors en quel sens l'énoncé peut être légitime. Il est fondé de croire que l'histoire a un sens dans la mesure où cette idée a un pouvoir régulateur de notre action et de notre engagement.

En fin compte il faut montrer qu'il est utile de vouloir que l'histoire ait un sens pour motiver le désir et les efforts à poursuivre pour "rendre conforme à la raison l'ordre de la vie en commun". Lire : Raymond Aron, Dimensions de la conscience historique, ch.2. Lire : Kant : Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolite. Ce qui était en jeu: La responsabilité de l'homme face à l'obligation morale de donner du sens à l'histoire.. »

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