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L'histoire est-elle un destin ?

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« 1 - L'histoire, une explication religieuse Pendant longtemps les problèmes de la religion ont servi à expliquer toutes les questions posées par les hommes.

Ainsi l'histoire prenait la qualification de sacré et l'idée d'un destin se fondait sur l'interprétation du Livre, le seul Livre possible, c'est-à-dire, celui que Dieu inspire. • Or, le Livre racontait les hauts faits de Dieu et de ses serviteurs. Dieu se reconnaissait comme un personnage avec un caractère spécial, doué de certaines puissances et capable d'amour et de vengeance.

Toute la Bible retraçait les volontés de Dieu et notre destin était lié à l'Alliance et à la Fidélité à Dieu.

Toutes les aventures du peuple de Dieu, en exil, en captivité, en Terre Promise, avaient un sens réel, historiquement vérifiable, mais derrière ce sens, les théologiens de l'Église, Saint Augustin par exemple, déchiffraient un autre sens, allégorique ou mystique.

A la Jérusalem de l'Etat d'Israël correspond la Jérusalem céleste où tous les chrétiens sont appelés. • La Bible est m a destinée.

Cette histoire sacrée qui m'est racontée a valeur absolue et j'ai besoin d'exégèse, d'explication pour la comprendre.

Ainsi, au XVIIe siècle, Bossuet, dans L'oraison funèbre de Henriette de France, expose que Dieu instruit par l'histoire qui nous découvre Dieu.

Et Dieu a voulu la monarchie, le pape Grégoire rassure Childebert II : « La couronne de France est autant au-dessus des autres couronnes du monde que la dignité royale surpasse les fortunes particulières.

» Le discours pontifical maintiendra toujours cette idée que le monarque représente Dieu sur terre : « La souveraine puissance vous est accordée d'en haut, afin que l'empire de la terre serve l'empire du ciel.

» • Ainsi l'Occident chrétien acceptera la voie royale tracée par Dieu et sera obligé de se convaincre, comme Bossuet l'exige de la chrétienté, que « toute résistance à la puissance publique, quelle qu'en soit la cause, est rébellion ou sédition ». 2 - L'histoire : les grandes théories du XIXe Le grand philosophe allemand Hegel réfléchit à ce problème de l'histoire, au moment où le destin de Napoléon a secoué l'Europe et où les révolutions fleurissent malgré toutes les alliances constituées pour les interdire.

C e grand moment de l'histoire, où romantisme et révolutions s'expriment ensemble, durera près de la moitié du XIXe ; et beaucoup de penseurs seront amenés à réviser totalement leur opinion sur Dieu présent dans l'histoire. • Tocqueville, de retour des Etats-Unis d'Amérique, réalise que la monarchie n'est pas nécessairement le plan divin, et qu'il faut accepter la démocratie, comme une volonté secrète des mystérieux desseins de la Providence.

Mais cette idée ne s'impose pas facilement.

On se rappelle la célèbre préface de Balzac à La Comédie Humaine.

Il écrit, dit-il, à la lumière de deux vérités éternelles, la monarchie héréditaire et la religion catholique. Même si les penseurs acceptent de voir cet héritage subverti par les idées nouvelles, et même s'ils devinent qu'ils sont entrés dans une époque de métamorphoses, les grands thèmes de la pensée allemande ne les touchent pas vraiment. • Hegel : la phénoménologie de l'esprit Profitant du prestige de la victoire sur Napoléon, les Allemands ont découvert les avantages de l'union et ils ont apprécié les qualités d e l a langue et de l'esprit germaniques.

Ils ont écouté Fichte et le discours à la nation.

Hegel, préoccupé d'abord de logique et de réflexion, va séduire les intellectuels de son pays, puis de l'Europe, par une vaste synthèse où l'historien tient la place essentielle.

Il y a eu l'univers chrétien, c'est l'univers de la conscience malheureuse et l'homme est déchiré entre le ciel et la terre.

Mais voici que Napoléon, représentant le triomphe abstrait de l'Etat, et incarnant aussi la victoire d'un certain libéralisme, semble indiquer les voies d e la réconciliation.

Les époques successives, contradictoires, aboutissent à la perfection de la révolution, qui unit la liberté possible de l'état et de l'homme.

Ainsi, dans la destinée historique, l'homme dissiperait les angoisses de la conscience malheureuse. • L'histoire : une dialectique Hegel y perçoit différents aspects de logique.

La relation, le conflit, le mouvement et la vie sont les moments d'expression de la Raison dans l'histoire. 3 - L'histoire : un devenir collectif • L'homme s'interroge sur le processus dont il est issu.

Sa formation historique est à l'origine de son vécu actuel.

Il n'a pas de nature propre, mais il possède une histoire.

Or, les hommes se proposent différentes explications selon le processus constitutif de leur histoire. Ainsi Weizsaecker déclare : « l'homme est en effet un être historique, mais c'est possible parce que l'homme sort de la nature et parce que la nature elle-même est historique ».

Dans son livre Essai sur l'histoire humaine de la nature, S. Moscovici complète cette analyse.

La matière connaît une évolution et notre histoire raconte les transformations, les reconstitutions et les prolongements de cette évolution.

L'homme s'adapte à cette évolution de la nature et pour cette raison « la nature humaine est une histoire et elle a une histoire ». • L'ethnologue : une étrange histoire M.

Leiris ou Cl.

Lévi-Strauss, les monographies abondantes sur les aborigènes ou les primitifs, tous les efforts des savants en ce domaine confirment la place de l'histoire ou de la tradition comme base même du groupe.

Selon les cas, nous observons le passage et le maintien de croyances, d e connaissances, de sentiments, de langages et de symboles.

Mais toutes ces habitudes qui restent représentent ce pouvoir définitif et puissant de l'histoire. Si l'on réfléchit en outre aux règles complexes du système de parenté ou aux minuties des rituels, on relève toujours la part d'initiation historique maintenue par ce type précis de connaissance.

Et même si l'on se contentait des outils, des objets ou des parures, nous arriverions à la même constatation. • L'anthropologue L'homme est l'objet universel, identique, quelles que soient les différences constatées.

S'il existe un devenir de l'homme, il est analysable et réductible.

Les structures de la parenté et des alliances, les systèmes économiques et les systèmes politiques, tout constitue une « réserve » où les philosophes sont confrontés.

Plusieurs écoles les séparent.

Mais le système structuraliste offre des avantages très précieux. Cl.

Lévi-Strauss parle de structures comme de modèles.

Ce ne sont pas des systèmes a priori.

Ils constituent des modèles inconscients que certaines organisations concrètes réalisent partiellement et ces résultats favorisent l'enquête comparative.

Les résultats de l'anthropologie sont récents et soulignent une grande compréhension vis-à-vis de l'histoire.. »

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