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l'habitude est-elle un obstacle a la création artistique ?

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« PROBLEMATIQUE ENVOY2E PAR L'ELEVE: Interrogez-vous sur les rapports entre l'habitude et la création artistique.

Au demeurant, ils ne sont guère visibles, même à titre problématique.

Il faut pourtant les mettre en évidence.

A quoi renvoie l'habitude ? A des tâches répétitives et semblables.

L'habitude repose sur une relation mécanique au monde, on dit d'ailleurs que, par habitude, on agit " machinalement ".

La métaphore de la machine en dit long sur la nature de l'habitude.

Il semble que la création artistique s'oppose à l'habitude et ce, pour plusieurs raisons.

D'abord, on ne crée pas " par habitude " mais chaque acte créatif apparaît comme une inauguration, un renouveau.

Ensuite, la simple habitude d'un geste technique ne suffit pas à produire une oeuvre.

Bach avait sans aucun doute l'habitude d'utiliser un piano mais il y a une différence fondamentale entre " faire des gammes " qui est une activité reposant sur une pratique habituelle, et composer.

Pourquoi à votre avis ? Mais ne peut-on pas distinguer une habitude servile, sans originalité et strictement répétitive , d'une habitude qui produit de la nouveauté ? L'habitude de peindre permet d'affiner le geste technique mais elle ne suffit pas à faire naître le génie.

Toutefois, il y a une habitude qu'on pourrait qualifier de créatrice chez l'artiste qui, à mesure qu'il produit, développe son talent. Il s'agit de savoir ce qu'on entend par habitude, s'il s'agit de l'habitude routinière de la vie quotidienne ou s'il s'agit de l'habitude de l'artiste lui-même qui serait habitué à un certain de recettes, de procédés qui marchent sans se soucier de créer quelque chose de nouveau.

Elle peut âtre aussi l'aboutissement normal d'un long travail, d'un processus d'essais et d'erreurs, de rectification qui dans les activités supérieures est quasi obligatoire.

Le style artistique est en quelque sorte l'habitude de l'artiste, un artiste sans habitude est-il concevable ? Le problème se situe au niveau de l'artiste dans le processus de création.

Car il va de soi que pour créer une oeuvre d'art, il faut sortir du quotidien et voir les choses autrement, placer sur elle un regard neuf en dehors des préoccupations de la vie ordinaire.

Être incapable de prendre du recul par rapport à la réalité, de prendre le temps de regarder les choses est une condition primordiale pour accéder à un degré de réalité plus profond que les apparences. 1) Le regard artistique ou la suspension du jugement ordinaire. La phénoménologie est une méthode philosophique qui peut permettre de comprendre la manière dont un artiste regarde le monde qui l'entoure.

L' épochè phénoménologique a pour but de suspendre l'attitude naturelle de la vie de la conscience.

Il s'agit de mettre en parenthèse la thèse du monde pour accéder à son sens véritable.

Il ne s'agit pas de perdre le monde, mais de laisser concrètement de côté nos attitudes habituelles face à lui, nos croyances, préjugés, jugements scientifiques.

La conscience se place ainsi dans une attitude créatrice et non dans la limitation. Maurice Merleau-Ponty dans le Doute de Cézanne applique la phénoménologie à la création artistique.

Cézanne serait l'exemple d'une perception préréflexive, mais l'application du corps au monde sensible d'un contact direct avec les choses.

Il s'agit de chercher une représentation pure des choses qui mettrait au jour la structure du visible.

On parvient ainsi à l'architecture invisible du visible, à la révélation de l'essence des choses.

Mais n'est-ce pas là l'essence de l'art, de suspendre le regard habituel sur les choses ? N'est-ce pas le but de l'art de montrer l'intelligible dans le sensible. 2) L' habitude ou l'imitation du réel. C'est aussi le rôle de l'artiste de ne pas reproduire le réel tel quel.

Hegel dans son Esthétique, pense que reproduire la nature est un travail superflu. C'est un travail inutile et présomptueux car l'homme n'est pas Dieu.

Ce genre de peinture n'est qu'une caricature du réel.

C'est une fin pour l'art que de vouloir tromper un public naïf.

Et cela risque de provoquer l'ennui et le dégoût.

Une peinture parfaite de la réalité ne sera jamais un chef d'oeuvre. Aussi notre relation habituelle aux choses est de l'ordre du désir.

Quand on désire une chose, on ne laisse pas l'objet dans sa liberté.

Désirer une chose, c'est supprimer son indépendance, en faire usage et donc la détruire.

Mais l'art n'est pas de l'ordre du désir.

L'objet existe pour lui-même.

La contemplation esthétique ne satisfait que des intérêts spirituels.

L'artiste n'a pas pour but de reproduire la réalité, et le rapport qu'on a avec lui.

Nos habitudes nous pousse à avoir un rapport purement utilitaires aux choses, à ne les prendre que comme moyen pour des fins, et non à les prendre pour des fins en soi.

L'artiste se doit de rompre avec l'habitude, d'amorcer une nouvelle vision des choses.

Comme le pense Marcel Proust dans A la recherche du temps perdu : « Par l'art seulement noue pouvons sortir de nous, savoir ce que vois un autre de cet univers qui n'est pas le même que le nôtre, et dont les paysages, nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu'il peut y avoir sur la lune.

» L'artiste ouvre un autre monde bien plus beau que celui du quotidien.. »

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