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L'expression le droit du plus fort" est-elle une expression mal formée"

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« INTRODUCTION Définition des termes et problématisation : La force est une qualité physique ou naturelle.

Elle est une notion relative, autrement dit elle est évaluée par le biais de la comparaison entre des individus.

Parler du fait « d'être plus fort » qu'un autre indique une relation de supériorité.

Mais ce qualificatif pose le problème de son caractère infini en tant qu'il est toujours possible de trouver plus fort que soi.

En ce sens la force est doublement relative, elle ne peut s'exprimer qu'au sein d'une relation et tend toujours à être dépassée.

La force peut-elle être à la source d'un droit ? Le juridique peut-il découler d'une faculté naturelle ? Le droit doit servir la justice et faire en sorte d'attribuer à chacun ce qui lui revient.

Il confère aux individus des droits mais aussi des devoirs.

La justice n'a pas de lien direct avec la force, elle est construite par la société en vue de constituer un ordre politique stable.

Nous parlons du droit du plus fort quand justement la force fait droit mais de manière injuste comme dans le cadre d'une tyrannie.

La légitimité de ce droit est interrogée.

Pourquoi cette expression renferme-t-elle une contradiction ? Dans quel contexte ce pseudo droit se manifeste-t-il ? Enfin quel rapport entretiennent la force et le droit ? PLAN DETAILLE Première partie : Le « droit du plus fort », une contradiction dans les termes ? 1.1 Un galimatias inexplicable. Dans un chapitre du Contrat social Rousseau démontre la contradiction de ce droit fondé sur la force.

« Car sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause ; toute force qui surmonte la première succède à son droit.

Sitôt qu'on peut désobéir impunément on le peut légitimement, et puisque le plus fort a toujours raison, il ne s'agit que de faire en sorte qu'on soit le plus fort.

Or qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'il faut obéir par force on n'a pas besoin d'obéir par devoir, et si l'on n'est plus forcé d'obéir on n'y est plus obligé.

On voit donc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout […] Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes.

» Le problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir".

Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et la force est-elle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai que dans la nature règne la force, il n'est pas vrai que le plus fort reste longtemps le maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, et l'issue est incertaine. De plus, la puissance physique engendre une contrainte physique et non point morale.

Il n'est jamais interdit de désobéir à la force sitôt qu'on le peut.

Le droit du plus fort n'engendre pas le devoir d'obéissance.

"Sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte la première succède à son droit." Il suffit d'échapper à la force pour en avoir le droit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.

Un droit qui disparaît sitôt que s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.

Il s'ensuit qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité ne peuvent être fondées sur la force. 1.2 La corruption de la justice par la force. Pascal souligne dans ce passage des Pensées le sens de la relation entre la justice et la force, il en montre l'ambiguïté.

« Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi.

La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique.

La justice sans force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée.

Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et, pour cela, faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste. La justice est sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute.

Ainsi on n'a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu'elle était injuste, et a dit que c'était elle qui était juste.

Et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste.

». »

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