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L’existence est-elle un fardeau ?

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« Définition des termes du sujet: Exister / Existence: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.

Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.

Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée. Il semble que l'assimilation de la liberté à un fardeau aille à l'encontre de notre représentation traditionnelle.

En effet, parler de fardeau renvoie à l'idée d'un poids lourd à porter dont on voudrait bien pouvoir se débarrasser.

Or, la liberté apparaît avant tout comme ce qui est l'objet du désir de chacun.

Nous souhaitons être libres et il pourrait sembler, au premier abord, étrange de dire que nous souhaitons êtres des esclaves.

Vous pouvez ainsi montrer en quoi la liberté fait l'objet de revendications constantes aussi bien de la part des peuples que de la part des individus. Il s'agit alors de saisir quelle définition de la liberté cela implique.

Ainsi loin d'être conçue comme un privilège une chance ou un idéal à conquérir la liberté serait ici un fardeau dont l'homme se passerait bien.

Demandez-vous donc d'abord ce qui peut justifier un tel jugement : montrez ainsi que si l'homme est totalement libre, c'est qu'il est maître de ses actes , on peut donc le considérer comme responsable de tout ce qu'il fait, y compris de ses fautes...

et c'est cette responsabilité qui pèse sur lui comme un fardeau (ce raisonnement est celui de Sartre qui va jusqu'à affirmer que "l'homme est condamné à être libre").

En effet, être libre, c'est être responsable.

N'y a-t-il pas des situations dans lesquelles nous préférerions ne pas être responsables ? Cela signifie-t-il alors que nous pourrions ne pas vouloir être libre ? Ceci n'est-il pas contradictoire ? Ainsi, d'un côté on affirme que nous souhaitons être libres et d'un autre que la liberté peut nous peser et que nous préférerions parfois ne pas l'être.

Comment comprendre cette contradiction ? Assurément, chacun répondra affirmativement à cette question, à chaque fois qu'il se souviendra de moments pénibles, de la souffrance que l'on peut éprouver dans telles et telles situations.

Un fardeau qui semble peser d'un poids infini et que l'on peut être tenté de jeter loin de soi.

Cependant, il est non moins certain qu'exister est source de jouissance, de bonheur, de plaisirs multiples.

Dans ce cas, il n'est plus question de considérer l'existence comme un fardeau : elle est plutôt une énergie, un mouvement ascensionnel, une puissance dont je ne peux pas dire qu'elle est autre que moi, ce que suggère pourtant l'image du fardeau. D'où une première difficulté.

En effet, porter un fardeau sur ses épaules présuppose que le fardeau est quelque chose de distinct de soi.

A supposer que l'existence soit un fardeau, comment concilier d'une part l'affirmation qu'elle est distincte de soi quand elle est pénible et d'autre part la reconnaissance que, dans les moments de plaisir, elle est absolument mienne au point que je ne m'en distingue pas ? L'image du fardeau renvoie à ce que nous faisons quand nous endurons et souffrons : supporter ; c'est-à-dire accepter avec peine mais accepter ; mais aussi être un support, jouer le rôle de substrat ou de substance.

Quel est notre rapport à l'être en général pour que nous puissions être le support de mode d'être qui nous sont apparemment étrangers et d'autre part être substantiellement les modes eux-mêmes ? En d'autres termes, sommes-nous substance ou sommes-nous accidents ou modes ? Ces questions engagent le problème de la liberté humaine : en effet, être substance signifie posséder en soi-même le principe de son existence alors que le mode ou l'accident tient le principe de son existence hors de lui-même. L'image du fardeau indique assez que nous sommes modes plutôt que substance, et qu'en conséquence la liberté quant à l'être est illusoire pour l'être que nous sommes nous-mêmes. D'où la question : que doit être l'existence pour être vécue comme une détermination extérieure et en même temps comme rien d'autre que soi-même ? Comment devons-nous penser et déterminer l'existence humaine si elle doit pouvoir apparaître comme un autre nom pour soi et comme une étrangeté, une extériorité radicalement distincte de soi-même ? Ou bien, autre formulation pour la même question : que dois-je être moi-même pour pouvoir me représenter mon existence comme mienne et comme relevant d'un autre que moi, d'une autre instance que moi ? Dans la mesure où mon existence, c'est ce que je ne peux pas ne pas être, ce qui fait que je suis une subjectivité, à laquelle il est impossible d'adopter un autre point de vue sur elle-même que celui qu'elle occupe par son mode d'être, alors peut-être ne puis-je pas renoncer à ce que j'éprouve sans en même temps renoncer à moi-même ? D'où une deuxième difficulté.

En effet, dire que " l'existence est un fardeau " implique peut-être que j'en ai la responsabilité, que ce qui m'advient et m'arrive, parfois pour mon bonheur parfois pour mon malheur, provient, d'une manière qui reste à déterminer, de moi-même et qu'en conséquence je n'en peux imputer la responsabilité à personne d'autre.

Cette proposition aurait donc non seulement un sens descriptif, mais aussi un sens éthique.

Or, ne peut-on pas objecter que l'autre, les autres êtres humains, sont évidemment responsables du mal qui m'arrive lorsque je vois bien qu'ils en sont la cause directe ? Lorsque autrui m'agresse, m'insulte, me violente d'une manière ou d'une autre, n'est-il pas clair que la souffrance que je ressens dans mon existence a pour cause une puissance extérieure dont je ne puis être tenu pour responsable ? Ainsi, la question posée ouvre plusieurs chemins, l'essence de la liberté, le problème de l'être soi, ou de " l'ipséité ", la question de la responsabilité ; toutes ces difficultés se nouent autour de la question de la délimitation de l'existence, la question du partage de l'existence entre les pensées et désirs que je peux dire miens et ce qui relève du monde où je suis jeté.

Est-il possible de tracer la frontière entre soi et le monde ?. »

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