L'existence est-elle concevable sans amitié ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
SANS: A l'exclusion de, exprime l'absence.
AMI / AMITIÉ: Lien d'attachement et de sympathie entre deux ou plusieurs personnes, qui ne repose ni sur l'attrait
sexuel ni sur la parenté.
Exister / Existence:
* Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.
Être réellement, constituer une
partie du monde sensible.
* Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.
Par opposition à essence: mode d'être de l'homme,
en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée.
L'homme n'accède à l'humanité que s'il bénéficie d'un entourage amical.
Le manque d'amour tue les petits enfants et
torture toute personne quel que soit l'âge.
L'amitié, qui se définit comme le fait de vouloir de tout coeur le bonheur
de ses amis, est une passion essentielle et primordiale.
Son absence crée le malheur des personnes et des peuples.
L'AMITIÉ INTÉRESSÉE
Il existe plusieurs formes d'amitié.
La première et la moins noble est fondée sur l'intérêt, sur l'utilité: on veut le bien
de certaines personnes parce qu'on y trouve son compte, parce qu'elles nous rendent des services; dans ce cas, on
n'aime pas les personnes mais leurs biens; on les ménage, on les flatte, cela n'a rien de grand; cependant c'est
indispensable à la paix sociale.
L'AMITIÉ D'AGRÉMENT
Au-delà de l'intérêt on peut être amis parce que cela nous apporte plaisir et joie de vivre.
Ni l'amitié intéressée ni
l'amitié d'agrément ne sont très dévouées; on ne peut s'attendre à ce qu'elles nous accompagnent dans le malheur,
mais la société est inconcevable sans elles, car elles apportent du moins la concorde.
L'AMITIÉ VERTUEUSE
L'amitié véritable, vertueuse » comme dit Aristote, ne demande rien : elle offre et donne, se dévoue sans compter
et dans l'espace d'une vie entière.
Inséparable de la fidélité, elle est évidemment assez exclusive : « beaucoup
d'amis, pas d'ami ».
Elle veut le bonheur de l'autre, gratuitement.
L'amitié « vertueuse » ne se distingue pas de l'amour de bienveillance (qui veut le bien de l'autre).
A tort, nous
identifions trop souvent amour et sexualité; or il est évident que l'on peut jouir de l'autre sans l'aimer, et l'inverse:
nombreux sont les amours sans sexualité, comme celui des parents et grands-parents pour leurs enfants et petitsenfants.
Quel est l'accomplissement de cette vie morale perfectionnée par les vertus ? C'est la relation à autrui, comme la
justice, la plus belle des vertus, le laissait deviner.
L'amitié (philia), ou amour non passionnel, vient en quelque sorte
accomplir la justice, en la dépassant.
L'amitié, toujours réciproque, est l'amour d'autrui pour lui-même, qui nous fait vouloir son bien et admirer sa vertu.
Elle diffère en cela de l'amour intéressé qui nous fait aimer quelqu'un pour nous-même, et pour les avantages,
plaisirs ou utilité que nous pouvons en tirer – et non pour lui-même.
L'ami est un autre moi-même.
Entre les amis,
plus besoin de justice ; ce qu'elle commande entre les hommes qui ne sont pas amis, c'est l'amitié qui le fait ici
spontanément.
« L'amitié est absolument indispensable à la vie : sans ami, nul ne voudrait vivre.
» (Éth.
Nicomaque, IX) Cet amour
désintéressé et réciproque donne à l'âme humaine une assise qu'elle ne peut avoir seule, une sorte de complétude
que sa nature infirme appelle naturellement.
L'homme ne se suffit pas à lui-même.
Le moi commence à deux.
L'amitié idéal humain ?
L'homme est naturellement sociable et aimant; seules la haine et la cruauté vicient cette nature.
Notre visage est
tourné vers autrui, quémandant rencontre et reconnaissance, caresses et baisers.
L'amitié engendre le bonheur et la paix, rendant inutiles les relations rationnelles de justice; il n'existe pas de
meilleure unité sociale, c'est le véritable paradis terrestre.
L'amitié n'a pas d'autre cause que l'humanité; elle est aussi notre part divine, c'est pourquoi les religions posent
l'amour ou miséricorde comme origine de tout.
Valeur et perfection, l'amitié permet croissance et amélioration, elle
est une aventure spirituelle que les hommes ont toujours louangée sous toutes les latitudes.
Mais les amis sont aussi malheureux et infirmes, car ils ne peuvent pas sauver l'autre des misères, des malheurs et
de la mort.
Ils les accompagnent dans les épreuves, apportant soutien, conseils, consolation.
L'extrême de l'amitié consiste à risquer sa vie (puisque l'on ne peut pas la donner) pour ses amis.
L'homme ne saurait
mieux faire.
Comme le dit La Fontaine, « c'est au coeur qu'il faut donner le prix »; la raison, devant cette passion,
paraît stupide et impotente..
»
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