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L'existence d'un inconscient psychologique est-elle un fait ?

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La notion d’inconscient suppose en partie l’invention de la notion de conscience comme concept philosophique. Cette dernière intervient dans l’Essai de Locke (1690). Mais à vrai dire, les linéaments en sont posés avec l’invention cartésienne de la subjectivité moderne. Pour Descartes, il n’y a de pensées que conscientes, ainsi d’ailleurs se définissent les idées (présence à l’esprit sur le mode de la certitude immédiate). C’est contre une telle conception de la pensée que s’érige par la suite Leibniz (Nouveaux essais, Monadologie). Pour Liebniz en effet, la pensée est une force, un principe dynamique fait de variations d’intensité. Ces variations produisent ce qui est perçu comme qualités. Et les qualités précisément varient dans une mesure infinie (ou infinitésimale) et imperceptible, afin de restituer la texture nuancée et continue du réel. C’est dans ce contexte qu’apparaît le concept moderne d’inconscient : il est la variation d’intensité imperceptible de la pensée – pour Leibniz, l’imperceptible de la perception est l’inconscient. Une telle invention se répercute ensuite sur tout le développement de la psychologie (scientifique) du 19e siècle – Hartmann écrit un Science de l’inconscient dont l’influence sera considérable sur l’hermétisme français. La rupture freudienne s’inscrit dans le contexte de son temps.

« Incipit : La notion d'inconscient suppose en partie l'invention de la notion de conscience comme concept philosophique.

Cette dernière intervient dans l'Essai de Locke (1690).

Mais à vrai dire, les linéaments en sont posés avec l'invention cartésienne de la subjectivité moderne.

Pour Descartes, il n'y a de pensées que conscientes, ainsi d'ailleurs se définissent les idées (présence à l'esprit sur le mode de la certitude immédiate).

C'est contre une telle conception de la pensée que s'érige par la suite Leibniz (Nouveaux essais, Monadologie).

Pour Liebniz en effet, la pensée est une force, un principe dynamique fait de variations d'intensité.

Ces variations produisent ce qui est perçu comme qualités.

Et les qualités précisément varient dans une mesure infinie (ou infinitésimale) et imperceptible, afin de restituer la texture nuancée et continue du réel.

C'est dans ce contexte qu'apparaît le concept moderne d'inconscient : il est la variation d'intensité imperceptible de la pensée – pour Leibniz, l'imperceptible de la perception est l'inconscient.

Une telle invention se répercute ensuite sur tout le développement de la psychologie (scientifique) du 19e siècle – Hartmann écrit un Science de l'inconscient dont l'influence sera considérable sur l'hermétisme français.

La rupture freudienne s'inscrit dans le contexte de son temps. Thèmes : Deux thèmes sont à analyser en tant qu'il articulent la structure de l'énoncé : l'existence et le fait.

En tant qu'il est question de déterminée si l'exstence d'un quelque chose, à savoir l'inconscient, est, ou non, un fait, fait et existence doivent être présentés et définis. (i) Le fait : le fait est ce qui appartient à l'ordre réel des choses.

Il est empiriquement constatable, et donc attestable et vérifiable par expérience.

En outre, normalement le fait se constitue comme une structure articulée, un complexe.

Une chose unique ne représente un fait (seule l'affirmation, par exemple, de l'existence d'une telle chose unique dans un contexte expérienciel donné peut être dit fait).

Un fait est donc articulé comme un complexe d'état de choses, organisées de manière relationnelle.

(ii) L'existence : à la suite de la définition du fait comme état de choses, l'existence peut se comprendre comme précisément ce qui intègre ledit état de choses en y intégrant son ordre de causalité propre : exister, dit Spinoza, c'est être entre des causes, autrement dit être intégré relationnellement à un état de choses contextuel.

Le problème de cette définition est qu'exister présuppose toujours d'être un fait (la question de l'énoncé n'aurait plus aucun intérêt).

A cela on peut pallier en supprimant la référence à la chose (état de choses) de la définition de l'existence : l'existence dès lors signifie intégrer l'ordre de causalité d'une strucutre complexe déterminée mais quelconque.

L'existence peut ainsi tout autant être réelle et factuelle que simplement théorique. Problème : Relativement à nos définitions respectives du fait et de l'existence – qui soit dit en passant, ne se distinguent que par référence à l'empiricité (monde réel de l'expérience) puisque tous deux sont complexes structurels – le problème peut se reformuler comme suit : l'existence de l'inconscient peut-elle être empiriquement prouvée et/ou démontrée ? Deux types de preuves/ démonstration sont à envisager : la preuve de l'inconscient en tant qu'il serait une hypothèse nécessaire à la possibilité d'expliquer certains faits vérifiés dans l'expérience (et qui sans l'intervention de l'hypothèse de l'inconscient seraient inexplicables) ; la preuve de l'inconscient en tant qu'il se manifeste empiriquement dans la réalité du monde des faits, et donc peut y être attesté.

La première solution est peu satisfaisante, car elle réduit l'inconscient à n'être qu'un postulat à fonction heuristique et sans valeur ni existence effective autre que théorique. * I.

L'inconscient psychologique Si dans l'énoncé l'inconscient est dit psychologique, c'est que durant tout le 19 e siècle s'est progressivement constitué comme science, ou savoir disciplinaire défini, le domaine de la psychologie.

Se caractérisant majoritairement comme science des phénomènes psychiques, l'inconscient (des philosophes) est évidemement un objet conceptuel qui tombe dous le champ de ses compétences.

La rupture propre à l'institution freudienne de la psychanalyse consiste à fonder une science qui prenne l'inconscient pour objet théorique central de l'élaboration de son savoir (tel est le but déclaré de la Traumdeutung : être science des rêves).

L'inconscient est ainsi analysé comme objet théorique, et donc structuré.

Il se définit sur le mode privatif comme ce qui n'est pas conscience, ce qui n'est pas conscient, et précisément se constitue en sous-unité du psychique par son refoulement hors du champ de la conscience (il ne passe pas au-delà du préconscient).

En conséquence, son mode de donation est privatif sur le plan empirique.

Son existence n'est pas un fait, mais le négatif de la manifestation empirique réelle, effective et factuelle de la conscience.

Il constitue en quelque sorte les structures immergées de l'identité d'un moi sujet. II.

Manifestations de l'inconscient Si l'inconscient la preuve empirique de l'inconscient s'est effectuée sur le mode négatif, cela n'en oblitère pas définitvement la manifestation.

Il est d'abord une hypothèse théorique, certes.

Mais il peut également, en tant même qu'hypothèse théorique, se trouver confirmé indirectement par manifestation dans la vie psychique du sujet.

Et l'on conçoit dès lors que le domaine d'étude privilégié par la psychanalyse à ses commencements soit l'onirique.

Car faire l'hypothèse de l'inconscient permet l'élaboration d'une herméneutique des rêves, c'est-à-dire la théorisation de leurs modalités d'interprétation : le contenu manifeste du rêve, celui éprouvé par le sujet, est révélateur de son négatif inconscient, à savoir, son contenu latent.

Dans le sommeil, par le relâchement de l'intervention sélective du refoulement, l'inconscient pénètre le contenu du rêve pour s'y manifester sous des formes dites déguisées.

Le rêve apparaît en conséquence comme le syptôme de l'existence réelle et effective de l'inconscient psychologique.

L'existence de l'inconscient comme fait se prouve de manière indirecte.

Et sans l'hypothèse de l'inconscient, le rêve reste opaque et réfractaire à toute interpétation dont la finalité consiste en la constitution d'un savoir.

Sans inconscient, pas de savoir psychanalytique ; pas de psychanalyse comme science. * Conclusions - - Le problème de l'existence factuelle de l'inconscient réside dans sa fonction heuristique : son statut d'hypothèse théorique n'est jamais vérifiable, mais toujours ne reste qu'un principe explicatif (dont la puissance démonstrative est cependant certainement impressionnant).

L'inconscient, son existence, ne dépasse jamais le stade épistémologique du postulat – simplement parce qu'il se définit sur le mode privatif.

Et comme tel, il est discréditable parce qu'infalsifiable : il s'auto-implique, dans sa démonstration, en tant qu'hypothèse.

Sa validation ne peut être indépendante de sa postulation préalable.

C'est un type de discours que Popper (La strucutres des révolutions scientifiques) qualifie d'idéologie ; jamais la psychanalyse ne pourra prétendre au titre de science. A développer : L'importance des phénomènes psychiques subliminaux dans le développement actuel des neurosciences pourrait être une preuve théorique indépendante de l'existence factuelle, empiriquement vérifiable, de l'inconscient.. »

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