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L'exigence de liberté est-elle compatible avec l'exigence de justice ?

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« Exiger quelque chose, c'est demander avec insistance que cette chose se réalise parce que cela se réfère plus ou moins explicitement à une valeur transcendante, valeur pour laquelle rien ne peut être mis en balance, un droit, un devoir par exemple.

De ces exigences, il en existe deux particulièrement importantes : l'exigence de justice, c'est la volonté plus ou moins acceptée par le peuple d'un idéal d'égalité dans la société civile, tel un droit à l'égalité que l'on revendique, mais c'est aussi la revendication des citoyens à la justice lorsqu'ils se sentent lésés, la justice est alors cette instance qui a pour but de régler les litiges entre les citoyens. L'exigence de liberté, quant à elle, c'est le droit de pouvoir se déplacer librement, de choisir librement, de se décider librement, sans être obligé par une force supérieure contraignante. D'où le sujet suivant : l'exigence de justice et l'exigence de liberté sont-elles séparables ? La volonté affirmée d'une réalisation effective de la justice, désir d'égalité, d'équité, d'avoir accès à la Justice, comme institution, et l'exigence de liberté, ces deux exigences sont-elles fondamentalement différentes voire même antagonistes, au point qu'aucune unité de principe, aucun accord ne puisse être trouvé entre ces deux principes ? Plusieurs problèmes peuvent être ici déterminer. Si en soit l'exigence de justice ne pose a prioiri aucun problème quant à sa définition, il n'en demeure pas moins que la notion même de liberté n'est pas facile à définir, d'autant plus que le sujet nous demande de réfléchir sur « l'exigence de liberté », et pas seulement sur la liberté ? Mais de quelle exigence au juste s'agit-il ici ? Exigence de se déplacer sans contrainte, exigence de faire ce que l'on veut, et si cette exigence, cette demande se matérialisait comme la revendication d' un droit, quelle conséquence pourrait-on en déduire, sur le maintien de l'autre exigence qui est celle de justice !!! ou s'agit des libertés fondamentales que l'on souhaite se voir réaliser, comme le droit de vote, le droit de propriété, le droit de s'assembler etc....

On comprend bien dès lors que seul un examen approfondi des notions en question pourra déterminer si ces deux exigences sont séparables ou non. A Qu'est-ce que l'exigence de justice et l'exigence de liberté ? 1 L'exigence de justice 1 L'exigence de justice est avant tout cette exigence d'égalité qui est souhaitable lorsqu'une société traverse des inégalités fondamentales qui la mette en péril.

Ainsi cette exigence se heurte chez Kant à l'émergence d'un pouvoir arbitraire héréditaire qui hypothèque, c'est-à-dire annule, supprime, sans cesse la promotion sociale des individus, à cause de leurs origines sociales.

Kant alors critique cette inégalité institutionnalisée : « il faut que tous les membres y puissent atteindre tout niveau de situation où peuvent l'élever à son talent, son travail et sa chance ; et il n'est pas permis à ses co-sujets de lui barrer la route en vertu de prérogative héréditaire qui le retienne éternellement lui et ses descendants à un rang inférieur au leur.

»Si cette notion d'égalité se base sur des critères sociaux, promulgués, édictées par une partie de la population du fait de son rang, de ces attributions, il est fort à parier que cette égalité n'en est pas une, mais qu'elle se base sur une décision qui est arbitraire parce qu'elle fait justement la distinction entre les individus , et plus particulièrement entre les êtres humains et leurs dignités morales.

N'allons surtout pas croire que Kant considère les distinctions sociales entre les individus comme le mal absolu : non seulement Kant affirme que ces distinctions sociales comportent une certaine utilité, puisqu' elles permettent à certain individus d'exercer pleinement leurs compétences en faveur de la société dans son ensemble , mais aussi qu'elle donne à cette société un certain ordre, une certaine structure hiérarchique, qui évite la déperdition des talents, et qui permet surtout de poser ce qui ont réussi, comme des modèles à atteindre.

En fait Kant affirme des dépendances irréductibles entre les individus qui fait dire à Kant que « l'égalité de droit est toute à fait compatible avec l'inégalité de fait ».voir7. Mais alors d'où peut-on venir le problème ? Ce que nous souhaiterions montrer , c'est qu' il y a une conception de l'égalité chez Kant tout à fait originale en ce sens qu'elle ne repose pas simplement sur une conception de l'égalité comme équilibre absolu entre les individus.

En effet , l'égalité est un droit de l'homme en tant que demande effective des individus à accéder à davantage de droit, eu égard à une inégalité de fait intolérable.

Ce n'est pas seulement un simple calcul arithmétique dans lequel les individus veulent être au même niveau que leurs semblables, mais aussi et surtout la conscience qu'ils ont d'avoir moins de droit par rapport aux autres.

En analysant en terme de « supériorité » et « d'infériorité » , Kant critique surtout les fondements tout à fait arbitraires sur lesquels reposent les statuts héréditaires de certains individus, statuts qui supposent en fin de compte que les individus n'ont pas à se battre comme les autres pour l'acquisition de leurs droits. 2 L'exigence de justice consiste à rechercher les origines de l'inégalité entre les hommes afin de la diminuer par des dispositifs appropriés.

Ainsi en est-il du mécanisme ultime de l'institution de la société et en même temps de l'inégalité sociale qui est alors enclenché : « telle fut ou dût être l'origine de la société et des lois , qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles forces au riche , détruisent sans retour la liberté naturelle , fixèrent à jamais la loi de la propriété et de l'inégalité, d'une adroite usurpation firent un droit irrévocable ».

Ce qui apparaît alors n'est pas tant la propriété , le fruit que cueillait l'homme dans le premier état de nature lui appartenait bien, mais c'est plutôt le début d'une appropriation sans commune mesure avec les nécessités de la survie, et en particulier de la propriété des fonds, c'est-à-dire de la source des biens , la propriété de la terre est le meilleur exemple.

L'homme perd de ce qui lui restait de sa liberté naturelle.

Déjà esclave de son amour propre, de l'opinion et des préjugés ; il double son esclavage par une dépendance économique.

La propriété foncière a en effet pour conséquence nécessaire l'exploitation des non propriétaires par les propriétaires, l'appropriation n'a pu se faire de manière équitable, mais a dépendu du hasard et du degré de ruse, de rapidité et de l'efficacité de chacun.

De cette inégalité, Rousseau en déduit l'apparition de la servitude et du brigandage.

De la même manière Kant a pu s'interroger sur cette inégalité structurelle.

Elle connaît une analyse beaucoup plus. »

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