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L'exclusion est-elle nécessaire ?

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« Si intégrer, c'est associer... La politique n'est pas un simple combat pour l'exercice du pouvoir, elle suppose aussi de la part de ceux qui s'y livrent un « projet de société » qui justifie l'affrontement.

De fait, le politique prétend toujours réaliser une meilleure intégration de ceux auxquels il souhaite imposer son gouvernement.

De l'intégration, le Vocabulaire philosophique de Lalande donne la définition suivante : « Établissement d'une interdépendance plus étroite entre les partis d'un être vivant ou entre les membres d'une société.

» L'intégration apparaît bien comme l'envers de l'exclusion et semble effectivement désigner la finalité du politique : intégrer c'est associer.

Une société sera donc d'autant plus florissante que le nombre des associés (socii) qui la composent sera plus élevé.

Or que signifie précisément « associer » ? ...

l'association politique réclame aussi... La finalité de l'association politique réside dans l'exclusion de la violence naturelle dont les hommes sont porteurs.

La fiction dont on use pour illustrer ce mécanisme importe finalement peu : que l'on transmette la légende de la fondation de Rome (le tracé de poemerium qui indique «la limite à ne pas franchir armé ») ou que l'on construise, à l'instar du philosophe Hobbes, un état de Nature effrayant où le règne de la force entraîne l'humanité à sa perte, c'est toujours le même discours que l'on tient.

L'association demeure le meilleur moyen d'exclure, expulser le mal et réaliser la conservation de l'espèce. De fait, l'association initiale mythique sert de modèle à l'action politique : on s'efforcera d'associer par la négociation les adversaires au moyen d'un contrat, d'une déclaration commune, on cherchera à réduire les hétérogénéités sociales par l'association des futurs citoyens dans une culture commune par le moyen de l'Ecole de la République, etc.

Est-ce à dire, par conséquent, que la réalité de l'exclusion sociale marque l'échec de ceux qui ont en charge les affaires de la Cité? ...

l'exclusion comme une nécessité. L'exclusion sociale n'est-elle pas toujours répétition de cette expulsion de la violence, au principe même de l'institution politique ? De fait, on imagine mal une société aussi riche que la société occidentale subir ce mécanisme d'exclusion.

Le rejet dont souffre une partie non négligeable de la population (en France, de récentes estimations font état de 1 400 000 victimes de l'exclusion sociale) est-il sinon provoqué du moins toléré...

Ceux que la société maintient à sa porte ne sont-ils pas les représentants de la violence inacceptable de la nature des choses, celle qui précipite dans la pauvreté, sans que la volonté des hommes puisse rien y faire? Le bouc chassé dans le désert, OEdipe banni de Thèbes, le pharmakos, esclave, promené dans Athènes pour se trouver lynché à la porte de la ville, endossent les angoisses de la communauté.

C'est contre eux que celle-ci se reforme.

De fait, si l'exclusion opère depuis si longtemps la catharsis nécessaire à la cohésion du groupe, comment ne pas voir aujourd'hui les exclus de la société de consommation sous les traits de victimes émissaires d'une crise sacrificielle qui puise aux origines du phénomène politique?. »

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