l'étonnement est-il a la base de l'acte de philosopher ?
Extrait du document
«
Introduction :
Le sujet pose une question des plus déconcertantes.
En effet, alors que l'origine de la philosophie remonte
à Héraclite ou à Parménide pour le monde occidental – c'est-à-dire il y a plus de VI siècle ! –, alors que nous
n'avons cessé de penser et de philosopher depuis lors, il nous demande si l'étonnement est à la base de l'acte de
philosopher.
Comme si nous pouvions nous étonner encore après plus de vingt-sept siècles de philosophie.
Comme
s'il y avait encore des sujets inexplorés qui provoqueraient encore en nous un étonnement nouveau.
Les philosophes
ne parlent-ils pas toujours de la même chose ? Ne pensent-ils pas toujours les mêmes sujets ? De quoi pourraient-ils
bien s'étonner ? Qu'est-ce que l'étonnement si après tous siècles il agit encore en nous ? Et comment peut-il être la
« base » de la philosophie ? Enfin, la philosophie est-elle un « acte » comme le présuppose le sujet ?
Première partie : la philosophie semble traiter de la même chose depuis toujours.
1.
Non, la philosophie ne semble pas avoir pour base l'étonnement.
A observer les domaines de la philosophie, on est tenté de répondre à la question du sujet par la négative.
Platon et
Aristote déjà en leur temps pensaient la métaphysique, la philosophie politique et morale et la philosophie des
sciences.
Comment peut-on encore s'étonner de sujets qui ont maintes et maintes fois été abordés ? Comment ne
pas voir par exemple, qu'avant Kant, saint Augustin dans ses Confessions parlaient déjà d'une « voix de la
conscience » qui parle en tout homme ? Dès lors, comment s'étonner encore en philosophie ? L'acte de philosopher
n'est-il pas au contraire la répétition du même, les auteurs se contentant de donner différentes versions de sujets
ou domaines précédemment traités ? Comme l'écrit Parménide dans son Poème, fragment V, « II m'est indifférent de
commencer d'un coté ou de l'autre; car en tout cas, je reviendrai sur mes pas ».
Autrement dit, peu importe le sujet
traité, « je reviendrai toujours sur mes pas », c'est-à-dire sur les pas de mes prédécesseurs.
2.
Objection.
Dans cette perspective, la philosophie n'est rien d'autre qu'un exercice de répétition.
Il n'y aucune différence entre
les auteurs.
Or, pour peu que l'on commence à lire des auteurs, on s'aperçoit que sur un même sujet, les avis
divergent et les propos ne sont pas les mêmes.
Aristote, comme son maître Platon, parle du bien, mais alors que
Platon se place dans une transcendance de l'idée du Bien, Aristote lui installe le bien dans un plan humain.
Platon
voit le bien en ce monde comme l'effet de l'Idée de Bien qui laisse sa marque sur tout ce qui est bien, Aristote voit
le bien comme ce vers quoi toutes nos actions tendent et comme le résultat de nos actions.
Il y a donc un saut de Platon et Aristote, et l'on pourrait faire la même opération avec tous les auteurs.
Et ce saut
consiste à voir le regard neuf que porte un auteur sur un sujet déjà traité.
Dès lors, l'étonnement serait l'acte par lequel on s'émerveille devant un sujet traité ou une chose déjà vue,
renouvellent la vision que l'on avait de cette chose.
ð il est possible que l'étonnement soit à la base de l'acte de philosopher.
Deuxième partie : étonnement et philosophie.
1.
remarques étymologiques.
L'étonnement, étymologiquement, vient du latin « attonitus » qui signifie « être frappé de stupeur », « être frappé
par la foudre ».
Le grec emploie pour le mot étonnement le mot « thaumazein » qui signifie à la fois l'étonnement et
l'émerveillement.
Autrement dit, l'étonnement est un acte fort par lequel on est confronté à quelque chose qui nous
bouleverse.
Dès lors, comment la philosophie pourrait-elle avoir comme base l'étonnement ? Le philosophe serait-il
celui qui est frappé par la foudre, celui qui s'émerveille ? Mais que serait la foudre et de quoi s'émerveillerait-il ?
2.
S'étonner de quoi ?
« la philosophie naît de notre étonnement au sujet du monde et de notre propre existence » écrit Schopenhauer.
La
philosophie trouverait ainsi sa source dans le fait de s'étonner au sujet du monde et de ce qui nous entoure ? Le
philosophe s'étonnerait devant des choses qui passent parfois inaperçues, voyant des choses que les autres ne
voient pas, et que lui-même ne voyait pas auparavant.
Dès lors, l'étonnement serait l'acte par lequel le
questionnement commencerait.
Étonnement ne ferait plus qu'un avec questionnement.
L'acte de philosophie
commencerait bien par un étonnement initial devant un monde et des choses qui nous échappe et continuerait pas
un questionnement inédit sur ce qui a étonné.
3.
Conséquence : l'étonnement est bien la base de l'acte de philosopher.
- « C'est, en effet, l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations
philosophiques.
» Aristote, Métaphysique, 982 b 11..
»
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