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L'état de nature, cette guerre de tous contre tous, a pour conséquence que rien ne peut être injuste... qu'il est capable de le garder. HOBBES

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L'état de nature, cette guerre de tous contre tous, a pour conséquence que rien ne peut être injuste... qu'il est capable de le garder. HOBBES

« L'état de nature, cette guerre de tous contre tous, a pour conséquence que rien ne peut être injuste...

qu'il est capable de le garder. [Introduction] De nombreux théoriciens ont admis l'existence d'un « droit naturel », ou celle de droits déjà inscrits dans la nature initiale de l'homme.

Hobbes les contredit ici, puisqu'il considère que dans l'état originel de nature, il ne peut exister aucun droit, ce qui a pour conséquence immédiate que toutes les notions relatives aux valeurs juridiques ou morales en sont également absentes.

La nature est un espace, ou une situation, où se déploie uniquement la force physique, qui règle ou dérègle toutes les relations entre les hommes primitifs. [I.

Inexistence du « droit naturel »] Dès le début du texte, le rappel d'une équivalence fondamentale entre état de nature et « guerre de tous contre tous » suffit à indiquer que, dans cet état de nature, ne règne rien d'autre que la force physique.

Et il convient de considérer ce règne comme excluant toute autre possibilité.

C'est pourquoi Hobbes prend soin de préciser que des notions comme le droit et le tort, la justice et l'injustice n'ont initialement aucune signification ou réalité.

Admettre leur existence dans cette période où l'homme ne se distingue pas encore vraiment de l'animal, c'est donc céder à une illusion rétrospective (on sait que Rousseau la dénoncera lui aussi, déplorant que les philosophes de son temps attribuent trop facilement à l'homme de la nature des qualités ou propriétés que l'homme n'a pu acquérir qu'à travers une longue histoire). Quelle est alors l'origine de toute loi (donc, du droit lui-même) ? Uniquement l'instauration du pouvoir commun (distinct de la puissance individuelle : il s'impose à tous et dépasse les rivalités entre personnes).

Tant que celui-ci fait défaut, la loi est également absente, au sens juridique ou conventionnel.

Ne règne que la seule « loi de la jungle » : il s'agit simplement d'être et de se montrer, dans chaque situation, le plus fort. C'est pourquoi, dans la guerre première de tous contre tous, les « vertus cardinales » (expression utilisée ironiquement) ne peuvent être que la force et la ruse : tous les moyens sont bons, y compris - sinon en priorité - ceux que la morale ultérieure réprouvera, pour écraser l'autre, c'est-à-dire le rival. [II.

Pauvreté de l'homme premier] L'homme présocial n'est qu'un animal.

Comme tel, il dispose de « facultés naturelles de l'Esprit et du Corps ».

Pour l'« Esprit » : il semble qu'en dehors de la ruse, il n'existe pas grand chose.

Pour le « Corps », c'est évidemment la puissance physique (à laquelle la suite du texte permet d'adjoindre les sens et les passions : relations à l'environnement, et répercussions de ce dernier - les « passions » étant à comprendre étymologiquement comme ce qui est subi).

Autant considérer qu'il n'y a dans l'esprit pas d'autres facultés que celles qui peuvent seconder les rapports de force. Ne peuvent en particulier faire partie des facultés initiales de l'esprit des notions comme la justice et l'injustice, que certains théoriciens affirmaient naturelles.

Outre que de telles notions impliquent l'existence d'une loi qui, pour l'instant, fait défaut, Hobbes propose une sorte de vérification « expérimentale » (bien qu'elle soit purement hypothétique, ou théorique) : si un homme vit en solitaire, la justice et l'injustice ne font pas partie de ses conceptions, puisqu'elles ne peuvent apparaître (se former et avoir du sens) qu'à l'occasion de relations avec d'autres hommes.

Puisque ces notions sont ainsi absentes de l'homme solitaire, c'est qu'elles ne sont pas « innées » dans l'esprit, et qu'elles étaient donc également inexistantes dans l'homme premier. [III.

Instabilité de l'appropriation initiale] La situation de guerre initiale a dans ce texte une dernière conséquence notable : elle aboutit à l'absence de propriété durable.

Il n'existe au départ que des appropriations momentanées, définies et défendues par la capacité physique que montre un individu à s'emparer de quelque chose et à le conserver, mais qui ne peuvent s'établir dans le long terme, puisqu'il suffit qu'un autre, plus fort, se présente et s'empare à son tour de l'objet pour que ce dernier change de « propriétaire ».

Ce qui était « Mien » peut ainsi devenir « Tien », ou inversement : autant dire que le mien et le tien ne sont pas Encore distincts ou définis, puisqu'ils apparaissent ainsi échangeables. On doit donc comprendre que la notion de propriété est elle aussi une conséquence de l'instauration de la société et du pouvoir.

En l'absence de loi, elle est inexistante : ce n'est pas même que l'on ne puisse la maintenir, c'est l'établir qui reste impossible. Hobbes souligne ainsi globalement la rupture complète qu'implique la constitution de la société, et les modifications capitales qu'elle introduit dans les conceptions de l'homme : avec la première mise en place du pouvoir apparaissent des lois, le droit, la justice, la propriété.

Quant à la force, elle ne pourra plus être exercée de la même façon par tous les hommes : il faudra que le pouvoir s'en réserve l'usage exclusif.

Si ce texte n'explique pas comment la société se formera, il esquisse les raisons de son apparition et de sa nécessité : ce sera précisément pour que prenne fin cette guerre de tous contre tous, et pour que puissent être instaurées une paix entre tous les hommes, une régularité dans. »

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