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Les valeurs morales sont-elles le reflet de la société ?

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« Nous voudrions, dans ce sujet dont l'interprétation ne présente pas de difficultés, montrer qu'il peut être traité de diverses façons. L'essentiel est de répondre par la négative à la question posée et de justifier cette réponse.

Mais on peut aussi exposer la théorie de l'école sociologique, soit dans une première partie, soit dans l'introduction. Il faut également préciser la notion de « valeur morale » ; ce qui peut se faire aussi dans l'introduction ou constituer une partie du sujet.

On voit les trois ou quatre combinaisons possibles.

Nous donnons le schéma de deux. 1.

Introduction.

— La thèse fondamentale de l'École sociologique française, dont l'influence n'est pas encore complètement éteinte, a été très nettement formulée par Lévy-Bruhl : « Dans la vie mentale de l'homme, tout ce qui n'équivaut pas à une simple réaction de l'organisme aux excitations qu'il reçoit est nécessairement de nature sociale. » La sensation de froid, par exemple, suffit à expliquer les habits, mais elle n'explique pas la mode, dont l'existence est conditionnée par la vie en commun. Or, parmi ces faits inorganiques qu'il faudrait attribuer à la société, se trouvent ce qu'on appelle de nos jours les « valeurs morales ».

Celte notion n'étant pas très claire, nous commencerons par la préciser.

Ensuite, nous nous demanderons si les valeurs morales sont un reflet de la société ou si la théorie sociologique constitue, en ce qui les concerne, une explication insuffisante. A.

La notion de valeur morale.

— Elle peut être explicitée, soit en partant de la notion de valeur, soit en partant de la lotion de morale. 2.

Introduction.

— Notre désir des choses est proportionné à leur valeur, c'est-à-dire à leur capacité de satisfaire nos tendances.

Mais nos tendances, et par suite les valeurs, sont fort diverses, et nous pouvons les répartir en deux niveaux : le niveau sensible, où se situent les valeurs d'où, directement ou indirectement, nous espérons du plaisir; le niveau rationnel, auquel appartiennent les valeurs qui méritent d'être recherchées pour elles-mêmes, indépendamment de la satisfaction qu'elles peuvent procurer.

Ce sont là les valeurs morales — par exemple, la loyauté, le dévouement, la conscience professionnelle — qui attirent l'âme droite et môme s'imposent à elle comme un devoir, sans aucune considération des avantages personnels qui peuvent résulter des efforts faits pour les atteindre.

Comment expliquer ces valeurs ? L'École sociologique y a vu le reflet de la société; mais cette explication est-elle satisfaisante ? A.

La théorie sociologique.

— Elle peut être exposée soit à partir de la thèse générale formulée dans la première introduction, soit à partir de la thèse durkheimienne de la conscience ou de la morale. B.

Réponse à la question.

— a) Il faut le reconnaître, les valeurs morales sont, dans une grande mesure, le reflet de la société. 1° Il est d'abord incontestable que les valeurs morales1 communément reçues dans un groupe révèlent toute la psychologie de ce dernier; 2° Les valeurs morales individuelles elles-mêmes reflètent le milieu dans lequel l'individu s'est formé : en effet, ces valeurs sont ordinairement reçues et non découvertes; leur découverte, quand elle a lieu, est rarement solitaire, et, en tout cas, elle se fait dans une atmosphère collective qui l'oriente; enfin, c'est la présence de témoins qui renforce, s'il ne le crée pas, le sentiment d'obligation qui s'attache aux valeurs morales. b) Mais on ne peut pas voir dans les valeurs morales un pur reflet de la société dans laquelle elles sont reconnues : en définitive, c'est l'individu qui les explique. 1° En effet, l'individu n'est pas, vis-à-vis du groupe social auquel il est agrégé, purement passif : il peut rejeter certaines valeurs reçues, et on voit des non-conformistes; il peut aussi révéler des valeurs méconnues et se comporter en pionnier du progrès moral; 2° D'autre part, la société, ou plutôt la conscience collective, ne peut pas être considérée comme la source lumineuse dont les consciences individuelles ne seraient que le reflet.

Sans doute, nous pensons plus fermement, et surtout sentons plus vivement ce que nous pensons et sentons avec les autres.

Néanmoins, c'est toujours en nousmêmes que nous sentons, et c'est dans les consciences individuelles que se révèlent les valeurs morales, car celui qui ne fait que subir la pression sociale n'a pas atteint au niveau de la moralité. Conclusion.

— Il y a un rapport de causalité réciproque entre la société et l'individu, mais, à l'origine de l'initiative morale, c'est l'individu que nous trouvons.

Aussi, devons-nous dire que si les valeurs morales reflètent la société, elles sont encore plus le reflet de consciences individuelles.. »

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