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Les sciences peuvent-elles accorder une place aux idées de destin et de hasard ?

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« VOCABULAIRE: HASARD: a) Ce que l'homme ne peut prévoir ou expliquer.

b) Ce qui semble dépourvu de toute raison d'être, de toute finalité.

C) Chez Cournot, rencontre de deux séries causales indépendantes. DESTIN: Puissance mystérieuse qui fixerait de façon inéluctable le cours des événements y compris ceux de la vie d'un individu.

Tout ce qui arrive ou arrivera nécessairement et inéluctablement, en dépit de tous les efforts faits pour l'éviter ou le faire arriver autrement.

C'est l'ensemble des événements imparables.

Croire au destin, c'est croire que ce qui arrive (le réel) est l'accomplissement d'un futur nécessaire ou déjà déterminé.

C'est être fataliste. La pensée superstitieuse a tendance à faire du destin une puissance supérieure régissant par avance le monde et les existences individuelles à l'insu de leur volonté et de leur conscience.

Elle croit alors que connaître son destin ne permet pas de s'y soustraire.

Ou que, pire encore, les efforts faits pour lui échapper ne font qu'accélérer sa réalisation ! IDÉE: Parfois synonyme de représentation mentale, parfois de concept (idée générale et abstraite); dans le platonisme, et avec un I majuscule, les Idées sont les modèles des choses, existant en soi, que l'âme contemplait avant son incarnation.

Nous fabriquons les concepts, nous contemplons les Idées. SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace.

Corps de connaissances constituées, articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience. Invoquer le « destin », le « hasard », c'est, semble-t-il, se référer à une mentalité superstitieuse que le rationalisme scientifique s'efforce de détruire.

Ces deux principes qu'on attribue communément à la pensée primitive et magique paraissent d'ailleurs s'exclure.

L'idée de destin n'est-elle pas celle d'une fatalité implacable ? Croire « au hasard » c'est penser, tout au contraire, que les événements sont désordonnés, imprévisibles, que tout ce qui arrive est fortuit, accidentel.

Selon Kant, la pensée rationnelle exclut également hasard et destin : « Non datur casus, non datur fatum ».

Pourquoi la pensée scientifique rejette-t-elle à la fois ces deux notions dont l'une semble la négation de l'autre ? Le destin, où Lalande, en son Vocabulaire, voit « la personnification de la fatalité », apparaît comme « une puissance par laquelle certains événements seraient fixés d'avance quoi qu'il pût arriver et quoi que les êtres doués d'intelligence puisse faire en vue de les éviter ».

C'est le destin qui condamne Oedipe à tuer son père et à épouser sa mère.

; c'est le destin qui chez les peuples primitifs est invoqué pour expliquer les morts, les maladies, les désastres.

Le destin est lié à l'idée d'événements inévitables et le plus souvent malheureux.

Ce dernier trait s'explique sans doute parce que l'homme considère le bonheur comme tout naturel, comme quelque chose qui lui est dû.

Au contraire le malheur nous révolte et réclame une explication ; nous tendons alors spontanément à « objectiver n sous la forme d'une entité notre impuissance à éviter les désastres.

D'où cette croyance, à une fatalité aveugle, à la « Moira » sans visage qui chez les anciens Grecs était plus puissante que les Dieux. La science rejette-t-elle l'idée de destin ? Ne lui donne-t-elle pas tout au contraire une force et une rationalité qu'elle n'avait pas en prenant le « déterminisme » pour principe fondamental ? Le mot même de déterminisme, emprunté à la scolastique, désignait autrefois la doctrine qui refuse la liberté humaine, Dieu ayant prévu nos actes de toute éternité.

L'idée de loi naturelle, reliant nécessairement les phénomènes, semble introduire le destin dans la vision scientifique du monde.

Lucrèce lui-même parlait des "foedera naturæ", des « pactes n auxquels semblent obéir les phénomènes et Empédocle invoquait un « grand serment ». En fait une telle interprétation serait un contresens radical.

L'idée de déterminisme est l'idée d'une relation nécessaire entre divers phénomènes tandis que l'idée de destin implique la croyance qu'il y a des événements inévitables.

Il est aisé de montrer que la nécessité de la relation et la nécessité de l'événement sont non seulement distinctes mais encore contradictoires. Le principe du déterminisme consiste seulement à dire que l'apparition d'un phénomène est strictement déterminée par des conditions d'existence bien définies.

Le phénomène ne se produit que si elles sont réalisées, mais alors il se produit nécessairement.

Si ce corps est chauffé il ne pourra pas ne pas se dilater.

Cette nécessité « hypothétique n de la relation exclut donc la fatalité « catégorique » de l'événement, car je peux éviter que le corps se dilate en ne le chauffant pas ! Ce n'est plus l'événement qui est nécessaire mais la relation entre deux événements.

Le fatalisme exclut toute technique puisque l'inévitable se produira quels que soient les antécédents.

Ainsi, d'après la fable de La Fontaine (VIII 16), le vieil Eschyle ayant appris d'un devin qu'il mourrait par la chute d'une maison, Aussitôt il quitta la ville, Mit son lit en plein champs, loin des toits, sous les cieux.

Un aigle qui portait en l'air une tortue Passa par là, vit l'homme, et sur sa tête nue Qui parut un morceau de rocher à ses yeux, Étant de cheveux dépourvue, Laissa tomber sa proie afin de la casser... Le « destin » se joue des précautions mêmes qu'on prend pour l'écarter...

Tout au contraire, le déterminisme, clef dé voûte de toute technique, est l'instrument de la liberté.

La raison humaine poursuit ses fins par la « médiation » des lois naturelles.

Ainsi le marin qui louvoie, nous dit Alain, oriente sa voile, appuie sur le gouvernail, avance « contre le vent par la force même du vent ».

Le déterminisme, principe scientifique, repose sur la connaissance expérimentale de lois mécaniques dont la liberté humaine peut se servir, convertissant les obstacles en moyens ; le mythe du destin est au fond celui d'une Volonté plus puissante que celle des hommes, c'est un mythe animiste. Le hasard semble tout au contraire la négation et du déterminisme et du destin, car il exclut toute nécessité.

Le. »

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