Aide en Philo

Les règles morales doivent-elles être interprétées comme des règles de conduite (« fais » ceci ou « ne fais pas » cela) ou comme des règles de caractère (« sois » ceci ou « ne sois pas » cela) ?

Extrait du document

« Les règles morales doivent-elles être interprétées comme des règles de conduite (« fais » ceci ou « ne fais pas » cela) ou comme des règles de caractère (« sois » ceci ou « ne sois pas » cela) ? INTRODUCTION.

— On distingue couramment les lois morales des autres types de loi en ce qu'elles sont à l'impératif et non à l'indicatif.

Mais que nous commandent-elles : une certaine conduite à tenir et des' actions à exécuter ? Ou bien an certain caractère, un certain type humain à réaliser ? La conscience, par exemple, me demande-t-elle de faire du bien ou d'être bon, c'est-à-dire d'entretenir en moi des dispositions de bienveillance ? I.

— SOLUTIONS ANTITHÉTIQUES. A.

Les règles de morale sont des règles de conduite et déterminent ce qu'il faut faire (thèse). a) Tous les moralistes l'accordent, la conduite est un élément essentiel de la vie morale : ainsi, la bonté ne consiste pas seulement à éprouver de la sympathie pour ses semblables; elle n'est vraie que si elle passe à l'action. b) La conscience vulgaire va plus loin : elle ne voit pas au-delà de l'action : pour elle, la moralité consiste à faire son devoir, à se comporter suivant les règles de la morale; il n'y a de bonté que dans la bienfaisance; la bienveillance, c'est-à-dire la disposition intérieure à vouloir le bien d'autrui, n'entre pas en ligne de compte. c) Certains philosophes suivent la conscience vulgaire : ce sont les utilitaristes.

Pour eux, la moralité consiste à procurer effectivement le bien ou l'utilité de ses semblables : seul importe ce qu'on fait; ce qu'on est, les sentiments ou les intentions, n'a aucune importance. B.

Les règles morales sont des règles de caractère et indiquent ce qu'il faut être (antithèse). a) La conscience cultivée protestera contre un utilitarisme aussi grossier : elle n'attribuera pas la même valeur à un acte de charité suivant qu'il sera inspiré par la vanité ou par' la bienveillance, et elle préférera une âme bienveillante à qui les circonstances ne permettent pas de faire le bien qu'elle voudrait à celui qui ferait effectivement de grandes largesses dans le simple désir de se rendre célèbre. b) Le philosophe, cherchant à préciser la nature de la moralité, sera plus explicite : notre valeur morale dépend de ce que nous sommes, non de ce que nous faisons.

En effet, la valeur morale de nos actes est conditionnée par notre attachement au bien, par notre attitude à son égard.

Ne ferions-nous rien, si nous restons fermement attachés au bien, nous nous maintenons à un niveau moral très élevé. II — TENTATIVE DE SYNTHÈSE. A.

Conduite et caractère se conditionnant réciproquement, les deux interprétations se justifient. a) Conduite et caractère se conditionnent réciproquement.

D'une pari', la conduite dépend du caractère, car chacun agit suivant ce qu'il est; aussi il suffit de réaliser un type d'homme déterminé pour assurer sa conduite.

D'autre part, le caractère est peu à peu construit ou du moins modifié par la conduite, en sorte que pour devenir ce que nous devons être, le mieux est de faire comme si nous l'étions déjà. b) Les deux réponses antithétiques que nous avons données ne se contredisent donc pas, et nous pouvons interpréter les règles morales soit comme des règles de conduite, soit comme des règles de caractère. B.

On peut cependant se demander quelle est l'interprétation préférable : vaut-il mieux tendre à réaliser en soi un certain type humain ou à rester scrupuleusement fidèle à une certaine manière de vivre ? a) Sans doute, la moralité est illusoire qui ne passe pas à l'action dès que celle-ci est possible et qui n'informe pas toute la vie.

Mais une morale qui considérerait comme l'essentiel l'encadrement de la vie par des règles particulières de conduite risquerait de manquer son but : — l'homme aspire à se valoriser; s'il veut faire quelque chose de grand, c'est pour prendre conscience de sa valeur et l'augmenter; en l'oubliant, on néglige le ressort le plus puissant pour. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles