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Les mots cachent-ils les choses ?

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« POUR DÉMARRER Un sujet qui vous interroge sur les mots, ces sons ou groupes de sons correspondant à un sens, entre lesquels se distribue le langage.

Dissimulent-ils le réel ? Le dérobent-ils à la vue ? Empêchent-ils de le voir et le cachent-ils à la connaissance ? Une question paradoxale puisque les mots représentent, en principe, les choses. CONSEILS PRATIQUES Réfléchissez sur les mots et le langage, les seuls moyens d'accès aux choses et au réel.

Notez bien que si les mots dissimulent, par leur imperfection descriptive, en même temps ils dévoilent (selon leur projet initial).

Ils manifestent en cachant: d'où un plan synthétique et progressif. BIBLIOGRAPHIE BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, PUF. HEGEL, La Phénoménologie de l'esprit, Préface, Aubier. Brice PARRAIN, Essai sur la nature et les fonctions du langage, NRF-Gallimard. Partons d'une évidence : les mots ne sont pas les choses.

On a d'un côté des signes, des symboles, de l'autre les « choses » dont on parle. I.

Les mots ne sont pas les choses... 1.

Les mots sont les signes des choses Dans l'intitulé du sujet, les « choses » ne désignent pas uniquement les êtres inertes comme ce serait le cas si on les opposait aux vivants, aux personnes, ou si je reprochais à quelqu'un de me traiter comme une « chose ». Lorsque je m'interroge : « Où est passée ma pipe » ou que je m'exclame : « Je suis furieux » : la « chose » dont je parle, c'est ma pipe ou ma colère réelles.

Quant aux mots « pipe » ou « furieux », ils n'en sont que les signes vocaux.

La question porte donc sur la nature du lien qui unit un certain type de représentations (les images verbales) et le modèle auquel elles se réfèrent. 2.

Les mots sont éloignés des choses Tout cela est bien connu : « paroles, paroles, paroles...

» répète la chanson, rappelant que les serments d'amour n'engagent que les naïfs.

Mais on ne peut pas en rester à des constations aussi triviales.

Ce serait déjà un premier progrès que de se demander comment le mot renvoie à la chose qu'il désigne.

Nous parlions à l'instant d'« image » verbale.

Mais si l'image est bien différente du modèle, il reste que de l'une à l'autre existe au moins une relation de ressemblance : je peux me faire une idée à peu près exacte de la physionomie de Pierre à partir de son portrait.

Or le mot, lui, ne ressemble en rien à la chose qu'il désigne, comme le prouve le fait que des langues différentes emploient des mots différents pour dire les mêmes choses.

Le mot ne serait donc même pas une véritable image, tout au plus une simple marque de convention.

Et c'est parce que le lien qui les relie est extérieur que l'on sera tenté tout naturellement de faire du mot le négatif de la chose.

Nul doute, par conséquent : les mots sont éloignés des choses. II....

mais les mots NOUS éloignent-ils des choses ? Ne nous emballons pas.

Si le sujet portait uniquement sur la distinction entre les mots et les choses la question serait : « Les mots sont-ils éloignés des choses ? » et non : « Les mots nous éloignent-ils des choses ? » 1.

Interprétation de la question Cette « petite » différence entre les deux énoncés appelle deux remarques. — La question met en relation non pas deux mais trois termes : les mots, les choses et « nous ».

Ce ne sont pas directement les mots qui sont suspectés d'être à distance des choses, mais nous qui risquerions d'en être éloignés par la faute du langage. - « Éloigner » ne veut pas dire tout à fait la même chose que « être éloigné ».

D'une part c'est un verbe transitif qui exprime une action qui s'exerce sur un objet (en l'occurrence « nous ») d'autre part et surtout c'est un verbe de mouvement.

Si les mots nous éloignent des choses, cela signifie que par un mouvement progressif nous passons du proche au lointain, peut-être même jusqu'au point où les choses finiraient par disparaître complètement à l'horizon. 2.

Le paradoxe Affirmer que les mots ne sont pas les choses était une platitude ; mais soupçonner qu'ils pourraient nous éloigner des choses représente, en revanche, un paradoxe que semble démentir notre usage habituel du langage.

Même s'il nous arrive de parler pour ne rien dire, de faire de fausses promesses, ou de « brasser du vent », les mots, dans leur usage le plus courant, nous servent au moins à évoquer une chose en son absence ; ou mieux à la faire venir à nous : je dis à mon voisin de table : « passe-moi le sel », et voilà la salière à ma portée.

Les mots, bien que distincts des choses, serviraient à m'en rapprocher, au sens propre (la salière est maintenant dans ma main) ou au sens figuré (je me sens déjà un peu moins seul quand je lis la lettre de mon ami(e)). III.

Sommes-nous jamais proches des choses ?. »

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