Les historiens se bornent-ils à raconter des histoires ?
Extrait du document
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Analyse du sujet
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Eléments de définition
Histoire = du grec historia, qui signifie recherche, chercher à savoir, rapporter ce qu'on sait.
1Transformation dans le temps des sociétés humaines ; succession des états par lesquels
passe une réalité (individu, pays, civilisation, théorie, champ culturel, etc.)
2Discipline scientifique qui est l'étude de l'histoire en ce premier sens et qui a pour objet
sa reconstitution et son explication.
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Angles d'analyse
On s'aperçoit d'emblée que c'est le statut de l'histoire comme discipline qui est ici mis à la
question à travers sa relativisation dans une possible multiplicité.
C'est donc la valeur du discours historique qu'il s'agit ici d'interroger : s'il y a plusieurs
interprétations possibles du passé, selon le contexte auquel l'historien appartient, selon son
degré d'objectivité (plus ou moins grande), selon son imprégnation consciente ou non à une
idéologie, alors on doit prendre le terme d'histoire comme signifiant « racontant des histoires »,
c'est-à-dire dont la véracité n'est absolument pas vérifiable.
Mais affirmer que les historiens se bornent à raconter des histoires, c'est au fond affirmer qu'ils
se contentent de rapporter une chronologie, sans unité, des événements passés.
Or, il faut
justement se demander si la compréhension de l'histoire en tant que telle se borne, en droit, à
la chronologie.
Ce qui pose ici problème c'est bien évidemment l'objet de l'historien qui travaille par définition
sur ce qui n'est plus : l'historien se doit de faire un travail de recherche, de recoupements,
d'analyses et d'interprétations.
Toute une partie de l'histoire, en tant qu'elle travaille sur des
traces ou vestiges du passé qu'il s'agit pour l'historien d'interpréter, est alors soumise à
l'appréciation de l'historien.
Or, rien n'est moins assuré absolument que l'interprétation.
Il s'agit donc de mettre à l'épreuve l'efficience cognitive de l'histoire, en tant qu'elle porte sur
le passé, comme discipline qui se prétend science.
Problématique
L'histoire, entendue comme l'ensemble des faits du passé, se distingue de l'activité de l'historien qui rapporte
ces faits.
Pour ne pas les confondre, il faut appeler historiographie la discipline de l'historien et réserver le nom
d'histoire aux événements relatés par l'historiographie.
Mais apparaît alors un problème : peut-on véritablement
faire confiance à l'historiographie pour rapporter fidèlement l'histoire ? L'historien n'est-il pas comme un romancier ?
Le livre d'histoire est-il véridique ou bien nous raconte-t-il seulement de « belles histoires » ?
Plan
I-
Ecrire l'histoire : la nécessité du pluriel
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Une science de l'histoire ? On affirme souvent que l'historiographie n'est pas une
science : elle manquerait d'objectivité.
On suppose ainsi tacitement qu'elle devrait suivre la
méthode des sciences de la nature mais qu'elle ne le peut pas.
Cette méthode est en effet
ordonnée en trois étapes, absente du travail historiographique : observation, hypothèse et
vérification expérimentale.
Alors que les sciences de la nature ont pour objet des phénomènes que l'expérience
reproduit en laboratoire, l'historiographie est bien incapable d'observer directement son
objet, car elle étudie des événements passés, par définition à jamais révolus.
De plus, la physique ou la biologie formulent des hypothèses à partir de faits.
A
l'inverse, pour produire des hypothèses, l'historiographie sa base sur des témoignages, et
non sur des faits.
Enfin, le physicien peut vérifier ses hypothèses grâce à des expériences
indéfiniment répétées.
L'historien, lui, ne peut recourir à l'expérimentation car l'événement
qui aurait vérifié ou infirmé ses hypothèses est unique et a disparu.
Une interprétation
historique ne peut donc être objective, si l'on entend qu'elle pourrait être vérifiée
expérimentalement, selon les méthodes des sciences de la nature.
On comprend alors en ce
sens que, puisque les différentes hypothèses d'interprétations que fournissent les historiens
ne sont pas vérifiables, il n'y a pas une histoire, mais bien plusieurs.
En effet, c'est ici que se pose le problème de l'impossible partialité de l'histoire (d'où le
pluriel) : des préjugés idéologiques ou politiques peuvent aussi faire obstacle à l'objectivité
de l'historien.
Certes il doit toujours vouloir être impartial, comme Thucydide l'annonce au
début de son Histoire de la guerre du Péloponnèse (que l'on peut considérer comme le père
fondateur de l'historiographie) : il affirme clairement que l'impartialité est indispensable pour
rapporter des faits du passé.
Mais comment l'historien pourrait-il ne pas appartenir à une
société ? Comment pourrait-il échapper aux valeurs de son siècle ? N'est-il pas toujours
influencé par l'idéologie qui domine son époque et sa culture ?.
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