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Les historiens ne se bornent-ils pas à raconter des histoires ?

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« Partie du programme abordée : L'histoire. Analyse du sujet : Un sujet très classique, à la limite de la question de cours, sur l'histoire.

L'ambiguïté de la formulation invite à la double réflexion suivante : - Quelle crédibilité accorder aux travaux des historiens ? L'histoire est-elle une science ? — Quelle unité la recherche historique montre-t-elle ? L'histoire est-elle une science ? Conseils pratiques : L'oeuvre d'Hérodote, considéré généralement comme «le père de l'Histoire» a vu son titre traduit par : l'Histoire, les histoires, l'enquête.

Quelles réflexions cela vous suggère-t-il ? Interrogez-vous sur l'aspect narratif de l'histoire (raconter des histoires).

Distinguez histoire événementielle et histoire interprétative. Bibliographie : F.

Braudel, Grammaire des civilisations, Arthaud-Flammarion. Hegel, La Philosophie de l'histoire, Vrin. Hérodote, L'Enquête, Gallimard. E.

Leroy-Ladurie, Le Territoire de l'historien, Gallimard. Nietzsche, Considérations inactuelles, II, Gallimard. Difficulté du sujet : ** Nature du sujet : Classique. Remarques: Ce sujet est quelque peu ambigu dans la mesure où "raconter des histoires" peut être pris en deux sens, selon qu'"histoire" s'entend soit en bonne part, cad au sens de "récit d'événements importants", soit au sens de "récit inventé pour mystifier".

Bien qu'il ne soit pas interdit de traiter le sujet sous cet angle, cad en se demandant s'il n'y a pas chez les historiens une acceptation du mensonge, nous ne considérerons ici que le premier sens. L'historien n'est-il pas un romancier qui s'ignore ? Si l'histoire est la connaissance du passé humain et si le passé est dépassé, n'est-ce pas dire que tout historien est condamné à inventer le passé humain ? L'histoire comme science n'est-elle pas un roman vrai, une fable authentique ? Il est vrai que le mot ‘histoire' est polysémique.

Il signifie, en son sens grec historia, enquête, recherche ; puis récit ; enfin histoire.

Comment l'historien peut-il, par son étude de l'histoire-réalité, rattraper ce qui a vraiment eu lieu dans le passé ? Comment dire la réalité passée qui n'est plus autrement que par le recours à la fiction ? Ces questions pour surprenantes soient-elles reçoivent leur légitimité lorsque l'on cherche à dissocier le récit historique du roman historique.

En effet, comment dissocier un manuel d'histoire d'un roman historique relatant les mêmes faits ? L'histoire est-elle un pur roman ou un savoir indispensable accédant à la scientificité des sciences humaines ? Il est donc nécessaire de questionner les conditions de possibilité pour l'histoire de se présenter comme science.

L'enjeu philosophique ne porte pas seulement sur le travail effectif des historiens, il engage l'être de l'homme comme être historique, c'est-à-dire implique une redéfinition de l'homme en son humanité. Quelles sont donc les histoires que les historiens nous racontent ? La première tache de l'historien est de déterminer l'histoire qu'il doit relater.

Depuis lors, une première difficulté s'offre à lui : tout fait historique vrai et passé est-il d'emblée historique ? Qu'un homme assassine sa femme est un fait divers, mais que Brutus tue Jules César, c'est un événement proprement historique.

Dans l'ensemble de toutes les histoires authentiques, l'historien se doit de circonscrire ce qui est historique.

Ce qui requiert un jugement de l'historien reposant lui-même sur une certaine conception de l'histoire.

Mais comment sélectionner un fait comme événement historique ? Va-t-on dire qu'un fait est historique à l'aune de ses conséquences ? Mais c'est là un sophisme, car cette logique suppose que les conséquences soient elles-mêmes historiques.

Comme le remarque judicieusement P.

Valéry, dans Regards sur le monde actuel, la découverte de la quinine vers 1639 est plus ‘historique' que, par exemple, la mort de Louis XIV, en raison des possibilités lointaines que cette découverte ouvre.

Mais pour l'époque, c'est un événement sans importance, à peine relevé. Non seulement, l'historien doit délimiter ce qui est à raconter, mais le récit même nécessite un travail préalable. Car le fait historique n'est pas donné, mais fait.

Les faits sont faits, voire constamment refaits.

Dans la réalité, il n'y a pas d'histoires.

L'histoire n'est qu'une manière de dire, d'écrire la réalité.

Elle suppose qu'on choisisse dans le foisonnement confus des événements un début, une finalité et une progression qui relie le commencement à la fin. L'historien doit donc sélectionner et ordonner les faits.

Ce qui implique qu'il dégage dans l'enchevêtrement des faits une cohérence, une unité intelligible.

L'histoire opère ainsi une stylisation, une reconstruction du réel.

Elle procède par une abstraction dans la mesure où elle découpe une forme dans le magma encore obscur du réel historique.

Par exemple, la Première Guerre mondiale est constituée d'une multitude de batailles, d'une infinité d'événements, grands et petits.

Le travail de l'historien dégagera alors ses grandes lignes.

Mais sur quels critères l'historien va-t-il épingler les faits ? Comment et pourquoi repèrera-t-il tel fait plutôt qu'un autre ? Si l'historien assigne de la cohérence à la réalité, ce n'est pas de manière arbitraire mais conditionnée par les faits.

Nous constatons donc que ni les faits, ni la. »

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