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Les critères de la volonté.

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Depuis de longues années, la formation de la jeunesse française était essentiellement intellectualiste. Faire acquérir de nombreuses connaissances; en même temps développer l'intelligence sous ses diverses formes : tel était le but essentiel sinon unique des services publics d'éducation, qui portaient il y a peu de temps encore le titre significatif de Ministère de l'Instruction publique. La substitution à ce titre de celui d'Éducation nationale témoignait du moins qu'on avait pris conscience en haut lieu de l'insuffisance d'une formation purement intellectuelle et de la nécessité d'éduquer les enfants tout en les instruisant, ou même avant de les instruire. L'éducation nouvelle veut être complète. Elle vise au développement de l'esprit, à la culture du sentiment comme à la culture de l'intelligence. Elle tend surtout au développement de la volonté par la pratique des exercices physiques et l'importance accordée à la formation morale. Mais la volonté se présente sous des formes assez diverses. De même que toutes les vertus ont leur contrefaçon, de même il est de fausses volontés. Tâchons de déterminer les conditions de la véritable volonté, les critères ou ]es signes auxquels nous la reconnaîtrons.

« Les critères de la volonté. Depuis de longues années, la formation de la jeunesse française était essentiellement intellectualiste.

Faire acquérir de nombreuses connaissances; en même temps développer l'intelligence sous ses diverses formes : tel était le but essentiel sinon unique des services publics d'éducation, qui portaient il y a peu de temps encore le titre significatif de Ministère de l'Instruction publique. La substitution à ce titre de celui d'Éducation nationale témoignait du moins qu'on avait pris conscience en haut lieu de l'insuffisance d'une formation purement intellectuelle et de la nécessité d'éduquer les enfants tout en les instruisant, ou même avant de les instruire. L'éducation nouvelle veut être complète.

Elle vise au développement de l'esprit, à la culture du sentiment comme à la culture de l'intelligence.

Elle tend surtout au développement de la volonté par la pratique des exercices physiques et l'importance accordée à la formation morale. Mais la volonté se présente sous des formes assez diverses.

De même que toutes les vertus ont leur contrefaçon, de même il est de fausses volontés.

Tâchons de déterminer les conditions de la véritable volonté, les critères ou ]es signes auxquels nous la reconnaîtrons. * * * La volonté se manifeste d'abord dans l'esprit de décision.

Nos actions, dans leur immense majorité, sont déterminées par nos habitudes : habitudes collectives ou habitudes personnelles.

Passons en revue les mille gestes d'une de nos journées, nous verrons que, sauf de trop rares exceptions, nous nous comportons comme on se comporte autour de nous, nous répétons ce que nous avons fait la veille et les jours précédents. Aussi, que les conditions de vie changent subitement, la plupart se trouvent décontenancés.

Leur automatisme ne pouvant pas répondre à la situation nouvelle, ils hésitent, piétinent ou trébuchent.

Les uns, ayant d'eux-mêmes une défiance extrême, abdiquent entre les mains d'autrui et parfois du premier venu, qu'ils laissent décider pour eux. D'autres, aussi défiants de leur prochain que d'eux-mêmes, attendent, dans une anxieuse inertie, l'événement qui les dispensera de prendre une décision. Quand on a de la volonté, on se comporte différemment.

Sans doute, on peut être un instant désorienté par des événements insolites.

Mais on est capable de surmonter l'émotion causée par la surprise; on examine la situation avec sang-froid et, après avoir, s'il y a lieu, demandé conseil à des personnes compétentes, on prend une décision personnelle et on engage sa responsabilité.

C'est peut-être dans l'esprit de décision que se manifeste le plus clairement l'essence de la volonté. Mais il faut prendre garde de confondre l'esprit de décision avec ses diverses caricatures : l'impulsivité, la passion, le caprice. L'impulsif, lui, n'hésite pas.

Même quand les circonstances lui laissent le loisir de peser les décisions les plus graves, il tranche sans prendre le temps de réfléchir : on dirait qu'il a le prurit des mesures irréparables.

Mais son assurance ne lui vient que de son aveuglement : il ne voit pas la complexité du problème qu'il a à résoudre, les conséquences possibles de la détermination à laquelle il s'arrête. Normalement, le passionné a une vue claire des choses et il ne se décide qu'après mûre réflexion.

Mais, quand il est sous le coup de la passion, c'est un autre homme.

Comme l'impulsif, il choisit sans avoir délibéré; ou plutôt il se trouve engagé par sa passion même sans avoir à choisir.

Mais il montre dans l'exécution de ses désirs une énergie et une violence qu'on n'observe pas chez l'impulsif : il fonce en aveugle, ne recule devant aucun moyen.

Aussi arrive-til à dominer les autres, leur donnant parfois l'impression d'une volonté énergique. Nous nous arrêterons un peu plus à l'étude de la psychologie du capricieux, autre imitation caricaturale du type volontaire. André passe pour insociable parce que, dit-on, il faut toujours en passer par ses volontés et que ses volontés sont tout à fait imprévisibles.

Ses parents lui demandent-ils de les accompagner dans une famille amie où il rencontrera des camarades avec lesquels il aime bien jouer : il suffit que l'invitation ait une apparence de commandement, il suffit même que l'idée vienne d'un autre pour qu'il la repousse.

Il n'ira pas, se défendant d'abord par des prétextes sans valeur, puis, une fois acculé à donner la vraie raison de son refus, se retranchant derrière un mutisme hostile ou derrière un : « je ne veux pas » rageur.

Qu'un beau matin, se plaignant d'une mauvaise nuit ou d'un mal de tête, il manifeste le désir de rester au lit et de ne pas aller au collège, ne vous avisez pas de le rassurer et de lui affirmer que son malaise se dissipera au grand air : sa fantaisie a grand chance de passer d'elle-même et votre opposition risquerait de lui donner une consistance qu'elle n'a pas.

Mais vous vous trouverez peut-être un jour devant un refus que vous ne pouvez admettre : alors soyez ferme, et n'hésitez pas à recourir aux moyens extrêmes pour le mater, tout comme il ne recule lui-même devant rien pour affirmer son indépendance.

Il n'est fort que contre une résistance qu'il escompte maîtriser : quand il se sera heurté à une intransigeance égale ou supérieure à la sienne, il prendra conscience de sa faiblesse et sera docile à l'égard de celui qui l'a dominé. André n'a pas de volonté : il n'a que des caprices. Ni le capricieux, ni le passionné, ni l'impulsif, n'ont de volonté véritable.

La volonté consiste à se déterminer d'après les indications de la raison.

Or, chez eux, c'est le règne de l'irrationnel que nous constatons. La facilité même avec laquelle ils se décident montre le vice essentiel de leur volonté. *** Comme second critère de la volonté, nous signalerons la constance, la fidélité à la décision prise. Ainsi que nous l'avons dit, les problèmes pratiques sont complexes, les points de vue multiples.

Il est bien rare qu'il y. »

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