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Les activités techniques sont-elles dépourvues d'intelligence?

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« On a tendance à assimiler les activités techniques à des activités d'un degré moins élevée en réflexion que les activités intellectuelles, qu'elles sont répétitives, aliénantes.

Mais en vérité, ces activités nécessitent un savoir, un savoir-faire spécifique.

De même des machines sont capables de raisonnements intelligents et sont tout sauf de simples roulements et engrenages qui tourneraient aveuglément.

L'homme est toujours à l'origine des processus qui sont à l'origine du fonctionnement des machines. 1) La technique est une activité qui nécessite un savoir. La technique, du grec technè, remonte à un verbe très ancien dont le sens central chez Homère est « fabriquer », « produire », « construire » ; teuchos, « outil », « instrument », est aussi l'instrument par excellence : les armes.

Déjà chez Homère s'accomplit le passage de ce sens à celui de causer, faire, être, amener à l'existence, souvent détaché de l'idée de fabrication matérielle, mais jamais de celle de l'acte approprié et efficace ; le dérivé tuktos, « bien construit », « bien fabriqué », en vient à signifier achevé, fini, complété ; tektôn, au départ le charpentier, est aussi chez Homère l'artisan ou l'ouvrier en général, et ultérieurement le maître dans une occupation donnée, finalement le bon constructeur, producteur ou auteur.

Technè, « production » ou « fabrication matérielle », devient rapidement la production ou le faire efficace, adéquat en général (non nécessairement relié à un produit matériel), la manière de faire corrélative à une telle production, la faculté qui la permet, le savoir-faire productif relatif à une occupation et (à partir d'Hérodote, de Pindare et des tragiques), le savoir-faire en général, donc la méthode, manière, façon de faire efficace.

Le terme arrive ainsi à être utilisé (fréquemment chez Platon) comme quasi-synonyme du savoir rigoureux et fondé, de l'épistèmè. 2) La technique comme répétition et abêtissement. L'aliénation est un risque pour beaucoup de travaux humains soumis à la répétition, à la parcellisation.

L'aliénation est le contraire de la reconnaissance par le travailleur du produit de son travail comme étant le sien.

C'est le processus décrit par Hegel qui ne fonctionne plus.

Le travail devient un but pour lui-même et non pour l'ouvrier.

Celui-ci n'est aliéné dans le produit que parce qu'il est aliéné dans l'activité du travail elle-même ; c'est lui-même que l'homme aliène, dans une activité qui appartient à un autre.

Finalement, le travail aliéné rend étranger à l'homme la nature, lui-même, l'autre homme, « la vie générique et la vie individuelle ».

Le travail rendu étranger, le travail aliéné, vient ainsi occuper la place dont Hegel faisait résulter de la prise de possession immédiate, devient le résultat, inconnu de l'homme propriétaire, du travail aliéné, du travail devenu étranger.

En d'autres termes, le produit du travail devient étranger à l'homme qui l'a produit de par la division du travail de l'économie capitaliste.

L'homme rencontre le produit de son travail comme un être étranger, comme une puissance indépendante de lui-même en tant que producteur.

Cette promotion de l'aliénation suppose que l'économie marchande elle-même couvre tous les rapports de l'homme à la nature, par la production et la consommation, et ceux de l'homme à l'homme, par la relation d'échange.

L'aliénation vient de l'oubli du rapport de l'homme à la nature, de son recouvrement par des lois d'échanges qui n'ont rien de naturel.

L'homme n'est plus possesseur de son essence, le mode de production capitaliste va contre la nature de l'homme. Aussi, Marx et ses disciples tenteront de redonner au travail une dimension plus humaine par le biais du communisme.

Il tente en vérité de rapprocher l'homme du produit de son travail, et de revenir à une vraie reconnaissance du travail de l'ouvrier dans son objet.

Dans ce cadre, l'activité technique est ce qui a engendré l'aliénation, la division du travail, la parcellisation engendrée par la mécanisation et l'automatisation. 3) L'intelligence des machines. On désigne sous le terme d'intelligence artificielle l'élaboration de procédures automatiques de recherche de solution pour diverses classes de problèmes.

Les procédures sont exprimées sous forme de programmes exécutables par les ordinateurs.

Les types de problèmes auxquels ont été appliquées ces méthodes sont l'apprentissage de jeux (dames, échecs) et la démonstration de théorèmes. Depuis le début des années soixante-dix, de nouveaux domaines sont abordés : résolution de problèmes (aménagement d'horaires, optimalisation de parcours, de cycles de fabrication), diagnostic (en médecine), reconnaissance de formes et analyse d'images, reconnaissance de la parole et compréhension du langage, programmation de l'action.

La façon dont ces conduites, indiscutablement intelligentes, sont analysées et représentées dans le langage de la machine a nécessairement des répercussions sur la façon de concevoir et d'analyser l'intelligence humaine, et cela pour deux raisons.

La première est que, dans bien des domaines, la mise au point de programmes intelligents repose sur l'observation de la façon dont procèdent les humains (jeu d'échecs, diagnostic médical, en particulier) et nécessite une analyse plus fine des connaissances et procédures utilisées que celle qui était pratiquée jusque-là par les psychologues.

La seconde est que les techniques de simulation sont un outil très efficace pour mettre à l'épreuve les hypothèses faites par les psychologues sur les mécanismes du raisonnement.

On comprend que l'activité technique n'est pas dépourvue d'intelligence. Une machine n'est pas qu'un assemblage de pièces et de roulement, elle peut avoir un programme intelligent et une certaine autonomie. Conclusion. Les activités ne sont pas dépourvues d'intelligence.

Quand l'homme n'est plus qu'un chaînon de la machine elle-même, on peut parler d'aliénation comme on peut le voir dans les Temps modernes de Charlie Chaplin , l'activité technique n'est plus qu'une répétition machinale et sans réflexion d'un geste.

Simondon dans Du mode d'existence des objets techniques désamorce la peur que l'homme peut ressentir face aux machines, face à la technique.

Elles ne sont pas des entités inhumaines capables de fonctionner seules dont l'homme serait l'esclave.

Au contraire l'homme est à l'origine de chaque pièce d'une machine, il en est le maître.

C'est un préjugé de croire que l'homme n'a aucun pouvoir sur la technique.. »

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