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L'erreur est-elle un fait de l'entendement ou de la volonté ?

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« Remarquer que l'erreur, qui est le contraire de la vérité, peut être définie par opposition: si la vérité est la conformité avec l'être, l'erreur devra donc être dite: la non-conformité avec l'être. Affirmer, par exemple, que l'eau est un corps simple, c'est affirmer ce qui n'est pas et donc, commettre une erreur. D'où nécessité de distinguer erreur et ignorance.

Quand on ignore, on ne juge pas : l'erreur consiste, au contraire, à porter une affirmation inexacte.

Dans le premier cas, on ne connaît pas mais non n'affirme rien : il s'agit là d'un état négatif ; dans le second, on ne connaît pas, mais on affirme en croyant savoir : il s'agit ici d'un état positif. Comment l'erreur est-elle possible ? Rappeler les deux conceptions philosophiques : conception de Spinoza et celle de Descartes.

Pour Spinoza, l'erreur vient de l'entendement et dérive nécessairement de la nature de l'intelligence humaine.

En effet, l'entendement humain étant fini, borné, il a, par suite, des idées qui sont nécessairement inadéquates.

C'est l'idée inadéquate qui constitue précisément l'erreur.

— Montrer pourquoi la conception de Spinoza est inacceptable.

En supprimant toute distinction entre le vrai et le faux, elle supprime au fond l'erreur elle-même. Si, comme le dit Spinoza, l'erreur n'est qu'une moindre vérité, la vérité ne serait qu'une moindre erreur.

Or, entre l'une et l'autre, il n'y a pas une différence de degré mais de nature : se tromper, c'est affirmer autre chose de ce qui est. Selon Descartes, l'erreur est due à une seule cause, la volonté.

Pour lui, l'entendement ne fait que concevoir, c'est la volonté qui affirme : le jugement est une opération volontaire.

Dans l'entendement, il établit une distinction entre les idées claires et distinctes, c'est-à-dire les intuitions et les idées confuses.

La loi de la volonté est d'affirmer les idées claires et distinctes ; elle est d'autant plus elle-même que cette affirmation est plus spontanée, moins hésitante.

Mais précisément la volonté n'attend pas toujours que les idées de l'entendement soient aussi évidentes.

Étant infinie, elle peut affirmer ce qui n'est encore qu'indistinct : c'est ainsi que se forme l'erreur.

L'erreur provient de la volonté qui a jugé témérairement, sans attendre que l'évidence se soit faite dans l'entendement. On peut accorder à Descartes que de fait l'erreur a souvent sa raison dans la volonté.

Celle-ci, certes, n'en est pas la cause efficiente, mais plutôt la cause déficiente : elle pèche par omission plus encore que par action.

Elle pourrait suspendre le jugement, arrêter l'affirmation.

Toutefois, la théorie reste incomplète.

L'erreur résulte d'abord d'une inexactitude dans nos idées. Pour un esprit qui verrait toutes les choses avec leur vraie nature et leurs vrais rapports, l'erreur serait impossible.

Bien plus, l'inexactitude des idées tient souvent à l'intelligence même, aux idées anciennes qu'elle a pensées, aux habitudes qu'elle a prises, aux préjugés auxquels elle obéit. Quelles sont donc les causes qui rendent l'erreur possible ? Puisque l'erreur peut avoir sa raison soit dans la situation du sujet par rapport à l'objet, soit dans les dispositions internes du sujet même, on distinguera donc deux groupes de causes : 1) causes objectives ; 2) causes spécialement subjectives.

Ainsi, par suite de l'éloignement, on peut ne pas voir parfaitement une personne et la confondre avec une autre : c'est une erreur qui tient à la première série de causes.

Les causes subjectives sont plus nombreuses et plus importantes ; les unes sont physiques les autres intellectuelles ou morales. Donner des exemples ; causes organiques (maladies), causes psychologiques (faiblesse naturelle de l'esprit, idées préconçues préjugés), causes morales (vanité, amour-propre, présomption, paresse). Aussi devra-t-on combattre l'erreur par des remèdes surtout d'ordre psychologique et moral.

Viser à développer la rectitude et la vigueur du jugement, par l'application méthodique des règles logiques, voilà pour l'hygiène intellectuelle.

Quant aux remèdes d'ordre moral, ils se résument en un seul : l'amour de la vérité.. »

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