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L'érotisme repose-t-il sur la transgression ?

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« [La sexualité est transgression en ce qu'elle est liée à la déchéance du corps et à la mort.] La sexualité est dégradante Bataille est obsédé par le corps.

Il pense que celui-ci introduit une part d'animalité, de souillure, en l'homme. Le corps tend en effet à la dégradation, à la mort.

La sexualité, instinct corporel, ne peut donc être elle aussi que dégradante.

Si la sexualité est sale, obscène, et en même temps nécessaire, il n'y a pas d'autre solution que d'assumer cette obscénité jusqu'à l'excès. La culture ne serait-elle pas, à l'image d'une scène, un artifice qui nous cache les coulisses, c'est-à-dire ici le corps mortel voué à une prochaine décomposition? C'est ainsi que Georges Bataille voit dans le processus culturel une dénégation de l'animalité, un processus ambigu de négation apparente et d'aveu implicite de cette part de nous-même qui nous échappe.

Alors que, dans nos prétendues « humaines» pratiques, nous réduisons l'animal à une chose, la sexualité, souvent qualifiée d'animale, n'est-elle pas «ce par quoi nous ne pouvons être réduits à des choses» à l'image de ce que l'animal a « d'intime et d'incommensurable »? (L'Érotisme, 1957). Pour Bataille, l'homme se définit par un double être de négation : il nie la nature, le donné naturel et se nie luimême.

L'homme n'est pas un animal comme les autres puisqu'il ne se satisfait pas du donné naturel.

Lorsque Bataille dit qu'il le nie, il signifie qu'il le modifie, le transforme.

En d'autres termes, l'homme est un être qui se construit un monde.

L'homme est un être de technique qui n'est pas nécessairement adapté au monde qui l'entoure mais qui adapte ce monde à ses besoins.

Il y a donc une différence radicale entre le monde naturel et le monde culturel humain.

Mais cette négation ne porte pas simplement sur le monde extérieur, elle porte également sur l'homme lui-même puisque tout individu quitte cette naturalité première qui fait de lui simplement un être de besoins.

L'homme n'est pas qu'un être de besoins, en quoi son éducation fait qu'il ne vit pas seulement selon ses pulsions ; par exemple, l'éducation consiste à apprendre à vivre ensemble et donc à différer ses désirs.

Bataille montre alors le lien entre ces deux négations simplement parce que la négation du donné naturel est aussi négation de sa propre animalité. L'érotisme brise les tabous Selon G.

Bataille, le monde de la culture se constitue contre celui de la nature « L'homme, observe-t-il, est un animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie » (L'Érotisme, III, IV).

Double négation, selon Bataille, puisqu'elle porte et sur l'animal homme et sur son milieu naturel - L'homme nie son milieu naturel en le transformant et en produisant un monde d'artefacts, d'objets artificiels. C'est le processus du travail, qui apparaît ainsi comme « la voie de la conscience, par laquelle l'homme est sorti de l'animalité ». - L'homme nie sa propre animalité en s'éduquant, c'est-à-dire en s'imposant des interdits - ceux qui portent sur les excréments témoignant clairement de cette négation de l'animalité.

Selon G.

Bataille, les réseaux d'interdits s'articulent autour de deux interdits fondamentaux, ceux de la mort (parce qu'elle serait liée à une violence incompatible avec l'ordre du travail) et de la sexualité (car l'exubérance sexuelle diminuerait également l'aptitude au travail). La jouissance érotique est une dissolution de l'être qui préfigure la disparition définitive de la mort.

Les interdits, les normes sociales sont autant de manières d'occulter le fait que dans la jouissance sexuelle, on est initié à la mort.

Il faut donc transgresser ces interdits, aller toujours plus loin dans la débauche vers cette limite où l'érotisme flirte avec la mort, avec la déchéance physique et morale. Prolongeant les thèses de Hegel, Bataille montre que l'homme, malgré les lois par lesquelles il organise son activité, reste hanté par la nature, dont il s'arrache à grand-peine; cet attachement primordial se manifeste dans la mort et la sexualité, deux facteurs de désordre contradictoires avec la vie sociale, et sur lesquels, de ce fait, pèsent tabous et interdits.

Mais ces derniers fondent en retour le désir de la transgression, qui jadis pouvait s'exprimer dans la fête, le sacrifice ou l'orgie, mais que la société actuelle, le christianisme aidant, proscrit, laissant les révoltés, tel Gilles de Rais ou le marquis de Sade, abandonnés à eux-mêmes.. »

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