L'égalité entre les hommes est-elle une utopie ?
Extrait du document
«
[Les hommes ne peuvent pas être égaux.
Certains ont plus de compétences que d'autres.
Quant à
l'égalité des droits, elle n'est que théorique.
Dans la réalité, tous n'ont pas les mêmes droits.]
Les hommes ne sont pas égaux
Les hommes naissent avec des aptitudes et des compétences différentes.
Tel individu est un artiste génial.
Tel autre est un grand homme d'État.
Dès lors, il est absurde de vouloir mettre tout le monde sur le même
plan.
Il est juste, au contraire, que ceux qui excellent dans un domaine aient l'avantage.
A vouloir nier les
différences entre les individus, on risque d'aboutir à une «égalisation par le bas».
La nature est profondément inégalitaire.
Dans le règne animal, certains sont, par exemple, plus forts, d'autres
plus rusés.
L'homme n'échappe pas à l'inégalité naturelle.
En effet, la constitution de notre corps, nos
capacités proviennent, pour une grande part de traits innés, héréditaires.
Certains sont doués pour les
exercices physiques, d'autres ont une santé débile.
Calliclès, dans le Gorgias de Platon, dira: "il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le
meilleur ait plus que le moins bon et le plus fort plus que le moins fort.
Partout il
en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne, chez toutes les espèces animales,
chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! Si le plus fort domine le
moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste.
De quelle
justice Xerxès s'est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce (1), ou son
père quand il fit la guerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des
milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès et son père ont agi, j'en suis sûr,
conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, par
Zeus, à la loi de la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la
loi que nous établissons, nous !"
La sélection naturelle favorise l'inégalité
On pourrait même prétendre, dans la ligne de l'évolution naturelle telle que l'a
développée Charles Darwin au XIXe siècle, que l'inégalité est le principe même de
la nature.
Le concept central du darwinisme est celui de sélection naturelle.
Les conditions
de possibilité de la sélection sont :
· L'existence d'une matière à sélection, à savoir l'existence de variations individuelles.
· Le fait que les individus varient imperceptiblement d'une génération à l'autre.
La variation ne concerne pas
seulement les individus mais également les générations.
· Ces variations en s'accumulant peuvent produire à long terme une espèce nouvelle.
Les caractères innés
sont donc héréditaires.
· L'existence d'une concurrence vitale.
Le milieu (milieu physique et milieu biologique) ne peut sélectionner les
individus que s'il existe entre eux une lutte.
Survivre est difficile et seuls les plus aptes y parviendront.
Comment s'effectue la sélection naturelle ? L'évolution des espèces est l'effet de deux causes qui sont - le
milieu et la variabilité c'est à dire l'existence de variations individuelles congénitales, innées et donc
indépendantes du milieu.
Pour Darwin, l'être vivant ne s'adapte pas à son milieu.
Il est adapté ou ne l'est pas.
Ceux qui sont de fait adaptés vivent plus longtemps, se reproduisent davantage et transmettent à leurs
descendants leurs caractères innés favorables à la survie (cf.
exemple du Loup dans le texte photocopié).
Il
faut bien retenir l'idée selon laquelle cette sélection naturelle est un mécanisme aveugle.
Aucune fin ne vient
régler cette sélection allant de la bactérie à l'homme.
Cette sélection est le résultat du hasard au sens où :
1° Les espèces actuellement existantes, l'homme compris, ne sont pas l'effet d'un plan de la Nature et d'une
finalité à l'oeuvre dans la nature.
2° Les espèces actuelles ne sont pas nécessaires mais contingentes.
Elles
auraient pu ne pas être.
Par exemple, le changement de climat donnant lieu à l'extinction des dinosaures
aurait pu ne pas se produire (phénomène volcanique intense ou chute d'un météorite) et les mammifères
auraient pu ne pas se développer à leur place.
"Aurai(en)t pu" signifie que le contraire n'implique pas
contradiction.
Ceux qui ont survécu sont ceux étaient les mieux adaptés à ce milieu là.
Dans un autre milieu,
leurs différences individuelles auraient été nuisibles.
Ils ne sont pas en soi "les meilleurs".
Leur aptitude à
survivre est la rencontre hasardeuse d'un milieu et de caractères innés.
Telle est la définition du hasard :
intersection de deux séries de causes et d'effets indépendantes c'est à dire dont l'intersection n'est pas
nécessaire.
La théorie de Darwin explique l'évolution à partir du hasard (intersection) et de la nécessité (séries de causes
et d'effets) sans recourir aux causes finales.
Ainsi l'adaptation n'est pas un but mais un résultat.
Ici encore la
nature est profondément inégalitaire.
Puisque les meilleurs survivent et donc se reproduisent.
L'égalité est chimérique.
»
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