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L'efficacité en politique est-elle un critère de valeur ?

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« Sujet : L'efficacité en politique est-elle un critère de valeur ? On demande bien souvent aux hommes politiques d'être efficaces.

Il semble même que cela soit ce qu'on peut avoir tendance à leur demander en priorité.

On n'imagine mal un homme politique se présentant à des élections et affirmant qu'il ne sera pas efficace, qu'il ne réglera pas les problèmes que la société rencontre.

Toutefois, peut-on faire de l'efficacité une valeur ? On peut remarquer que l'efficacité ne se pose pas nécessairement le problème des moyens.

L'administration stalinienne était en ce sens très efficace.

N'était-elle pas néanmoins condamnable ? Vous pouvez ainsi vous demander comment le discours de l'efficacité, discours très séduisant, peut se révéler dangereux ou encore facteur de désinvestissement de la part du peuple.

Parce qu'il y aurait des hommes efficaces, nous pouvons les laisser entièrement maîtres de toutes les décisions.

Pensez en contrepartie au discours de Churchill lors de son arrivée au pouvoir en 40 : " Je n'ai à vous offrir que de la sueur, des larmes et du sang...

", montrant ainsi qu'il ne pourrait y avoir de victoire qu'au moyen d'une cohésion nationale.

Toutefois, si l'efficacité peut se révéler dangereuse comme valeur, doit-on la rejeter.

Il s'agirait de se demander si le rejet ne doit pas porter sur l'attitude qui consisterait à faire de l'efficacité la principale valeur politique. [En politique, l'action doit toujours finir par l'emporter sur la réflexion.

Ce n'est pas d'un point de vue moral et philosophique qu'il faut se placer pour la juger, mais du point de vue de l'utilité.] La fin justifie les moyens Machiavel a suffisamment montré qu'il n'y a pas de plus grand stratège en politique que celui qui emploie les moyens les plus efficaces pour parvenir à ses fins.

Si ces moyens sont moraux, on ne peut que s'en réjouir.

S'ils ne le sont pas, on ne pourra pas le blâmer, dès lors qu'il sera parvenu à instaurer un pouvoir fort, capable de garantir la paix et la sécurité de tous. En 1513, Machiavel, diplomate originaire de Florence, achève la rédaction du « Prince ».

Suite à un bouleversement politique à Florence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctions et de se retirer.

Il profita de cet exil pour rédiger une sorte de traité expliquant à un chef politique la façon de sauvegarder son pouvoir et même d'accéder à la gloire. L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à un prince, n'était pas neuve en elle-même.

Il existait déjà de nombreux « miroirs des princes » et Machiavel s'insère donc dans une tradition.

Mais il rompit avec l'usage et provoqua le scandale par la manière dont il aborda le problème.

On vit en lui une nouvelle incarnation de Satan et, aujourd'hui encore, quelques commentateurs continuent de le considérer comme un « apôtre du mal ». Le discours humaniste du temps, que récuse Machiavel, s'inspirait des moralistes latins et notamment de Cicéron.

Pour ce dernier et ceux qui se rattachaient à sa pensée au XV ième, la gloire du chef reposait sur une bonne gestion allant de pair avec une conduite vertueuse, c'est-àdire conforme aux exigences de la morale. Machiavel s'inscrit en faux contre cette thèse.

Le souci premier du Prince doit être de conserver son pouvoir et même de l'accroître à l'occasion.

Si les hommes étaient bons, il pourrait le faire sans jamais s'écarter des grands principes moraux universellement admis.

Mais les hommes sont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons.

En conséquence, le Prince sera vertueux, au sens courant du terme, si le contexte le permet, et il ne le sera pas si la situation le lui impose.

En cas de nécessité, il pourra faire des entorses aux grands principes.

Il lui sera loisible d'agir contre la parole donnée, contre la charité, contre l'humanité (le respect de l'homme) et même contre la religion.

La fin justifie les moyens. Cette idée est exprimée en plusieurs endroits du « Prince » et de « Discours sur la première décade de TiteLive », et, en particulier, dans le chapitre XV du « Prince » : «Car qui veut entièrement faire profession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons.

Aussi est-il nécessaire. »

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