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Le travail n'est-il que servitude ?

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« L'intitulé pose le travail comme une servitude.

Comment pourrait-il être autre chose ? Cette qualité de servitude n'anéantit-elle pas toute fin ? L'idée de servitude renvoie à un type d'esclavage historiquement déterminé.

Bien sûr, le terme dépasse ce cadre, mais il incite à se rappeler qu'il n'y avait pas de servitude sans féodalisme, pas de serfs sans seigneurs.

D'où un dépassement possible : parler du travail en général et pour tous, n'est-ce pas cacher la réalité d'un travail inégalement distribué ? Le travail n'est-il pas aliénation pour certains, libre usage des facultés humaines pour d'autres, et les deux ne sont-ils pas solidaires ? Marx, Manifeste du parti communiste ; Lafargue, Le droit à la paresse. [Introduction] Pour l'opinion, le travail est aisément perçu comme simple servitude : il est évident que, aussi longtemps qu'il dure, il oblige à certains gestes, certaines postures, il suppose l'obéissance, implique une attention soutenue.

Mais n'est-il que cela ? En analysant sérieusement sa portée, peut-être y décèle-t-on des aspects autrement positifs ? [I — Le travail est servitude] On peut d'abord rappeler qu'à certains moments de l'Histoire (dans l'Antiquité), le travail a été lié à une authentique servitude : seul l'esclave travaille alors (cf.

Aristote : il est un « outil animé », en-deçà de l'humanité réelle). De même, la condamnation, par Dieu, d'Adam et Ève à travailler après le péché originel peut être interprétée comme chute dans la servitude par rapport à la matière. On souligne ensuite que cet aspect dure, plus ou moins métaphoriquement, à travers l'histoire occidentale : le « serf » du Moyen Age, l'ouvrier de l'usine qui se considère lui-même comme esclave du capitalisme.

Dans cette optique, l'être humain ne se sentirait libre qu'en dehors du travail (c'est le citoyen grec, ou l'homme du loisir, c'est aussi bien l'ouvrier en dehors de l'usine — tel que l'évoque Marx lui-même, il ne retrouve son humanité qu'en abandonnant la déshumanisation produite par ses conditions de travail). On peut enfin évoquer la situation du lycéen lui-même : l'emploi du temps, les devoirs, la discipline sont bien des contraintes, sinon des preuves de « servitude ». LE TRAVAIL ALIÈNE. Il faut distinguer ici « exploitation » et « aliénation ».

Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot « exploitation » désigne la réalité économique d'un travail non payé, au moins en partie.

Le mot « aliénation » renvoie à une situation où le travailleur ne se « reconnaît » plus dans son travail.

Il ne s'agit plus seulement de la dimension économique.

La dénonciation se fait en fonction d'une certaine idée de ce que devrait représenter le travail pour l'homme : permettre la réalisation de l'individu en étant la manifestation, l'extériorisation de lui-même.

La critique de l'aliénation fait référence à une « essence » de l'humanité, dont le travail est censé accomplir la réalisation.

Cette critique suppose donc un point de vue « philosophique », en quoi elle se distingue de la problématique plus « économique » qui analyse l'exploitation du travail. Cette réflexion sur l'aliénation implique en effet que le travail, non seulement comme rapport à la nature, mais aussi comme rapport à autrui, met en jeu la définition et la réalisation de l'humanité. La production capitaliste entraîne d ‘abord l'appauvrissement continu de toute une partie de la population : « L'ouvrier s'appauvrit à mesure qu'il produit la richesse, à mesure que sa production gagne en puissance et en volume.

» Mais ce n'est là encore que l'aspect le plus extérieur, et en quelque sorte quantitatif, du phénomène.

En réalité, l'ouvrier se perd lui-même dan le processus de production.

« Plus il crée de marchandises, plus l'ouvrier devient lui-même une marchandise vile.

La dévalorisation des hommes augmente en raison de la valorisation directe des objets.

Le travail ne produit pas seulement des marchandises, il se produit lui-même et il produit l'ouvrier comme des marchandises dans la mesure même où il produit des marchandises en général.

» L'ouvrier se perd comme homme et devient chose dans l'acte économique de production.

Cette aliénation se. »

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