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Le travail de l'historien consiste-t-il a réécrire le passé ?

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« Introduction Si les massacres des populations arméniennes interviennent au début du siècle, ils ont pendant longtemps été considéré uniquement comme des « massacres ».

Ce n'est qu'en 1987 que l'Union Européenne reconnaît l'existence d'un « génocide » arménien et que l'on trouve la mention du génocide dans les livres d'Histoire. Pourtant les faits n'ont pas changé, que l'on parle de génocide ou de massacre on parle toujours du même nombre de morts par exemple.

Le passé a donc été « réécrit », les historiens en ont modifié leur vision.

On pourrait citer de nombreux exemples de réécritures similaires du passé et c'est à ce titre que l'on peut se demander si le travail de l'historien consiste à réécrire le passé. Nous montrerons que si tel est le cas l'écriture du passé devient parfaitement arbitraire ce qui, nuisant au statut de l'Histoire car la transformant en un récit arbitraire nous poussera à étudier l'objectivité possible d'une réécriture du passé pour enfin voir si cette objectivité peut être complète. 1.

Le travail de l'historien peut-il constituer en une réécriture politique du passé ? Le verbe « réécriture » suppose une première écriture et nous ramène aux pratiques des états totalitaires.

Ainsi dans les dictatures l'Histoire est-elle « réécrite », c'est à dire qu'une première version de l'Histoire est modifiée par des historiens selon les désirs du pouvoir. Dès, lors, si étymologiquement l'historien est celui qui raconte ce qu'il sait, qui transmet des faits, s'il « réécrit » l'histoire il n'est alors un historien que de nom.

Il est plutôt dans ce cas quelqu'un qui n'écrit pas l'histoire mais raconte « des histoires », c'est à dire des mensonges élaborés dans un but idéologique. Le travail de l'historien ne peut donc constituer en une réécriture du passé en ce premier sens.

En effet, son travail serait alors de « travestir » le passé pour le rendre conforme aux désirs arbitraires d'une idéologie. 2.

L'objectivité n'est-elle pas nécessaire à la pratique historique ? Par conséquent, il faut que l'historien ne « réécrive » pas le passé de manière arbitraire pour qu'il produise une Histoire qui en soit véritablement une.

En d'autres termes il faut qu'il soit objectif, ce qui rapproche son travail de celui d'un scientifique. Cependant, son travail peut être conçu comme une « réécriture » au sens où l'on peut considérer que le passé a déjà été écrit puisqu'il a déjà eu lieu.

Dans ce second sens du verbe « réécrire », le travail de l'historien est ainsi la construction d'un récit d'un passé déjà écrit. L'écriture de ce récit peut être objectif car fondé sur des faits vérifiables et sur la mise en place de protocoles permettant la vérification du discours de l'historien.

Ainsi l'historien peut il citer les sources qu'il utilise afin que chacun puisse vérifier qu'il ne commet pas de contresens. A ce stade, le travail de l'historien peut ainsi être conçu comme une réécriture du passé au sens où il raconte ce qu'il sait d'un passé qui a déjà eu lieu.

Pour autant la production de ce récit est gouvernée par une exigence d'objectivité et un refus de l'arbitraire. 3.

Pour autant l'historien peut-il parvenir à une connaissance parfaitement objective ? Cependant concevoir le travail de l'historien comme similaire à celui d'un scientifique rencontre une limite.

Sans parler de l'influence des idéologies, il s'agit de voir qu'à partir d'un même fait deux historiens peuvent produire des récits très différents alors que deux expérimentations, conduites selon le même protocole, produisent les mêmes résultats. En effet, le travail de l'historien ne consiste pas en un simple exposé du passé mais bien plus en une interprétation de ce passé.

Ainsi Hegel, dans La raison dans l'Histoire conçoit-il l'Histoire comme le développement de la raison.

De plus, l'historien écrit toujours à partir d'un perspective particulière et limitée puisqu'il écrit en fonction des sources qu'il a à sa disposition alors que d'autres sources pourraient peut être lui faire modifier son discours. En conséquence, le travail de l'historien est perfectible et c'est pour cela que les historiens reviennent sur des zones du passé qui ont déjà été étudiées.

Il s'agit alors de « corriger » ces récits pour leur donner plus d'exactitude ou éliminer des interprétations qui ne peuvent être tenues. En ce sens, l'historien « réécrit » le passé non pas selon une idéologie mais afin de perfectionner le récit historique.

L'idée d'un récit historique exhaustif et objectif devient ainsi un but à atteindre au travers d'un travail sur le passé toujours renouvelé et jamais complètement fini et appelant donc une réécriture permanente du passé.

C'est une « utopie régulatrice ». Conclusion Par conséquent le travail de l'historien consisterait ainsi en une double réécriture du passé, une première à partir du passé lui-même et procédant d'une enquête sur le passé et une réécriture des discours historiques déjà écrits.

Cette dernière réécriture ne peut cependant être le fruit d'une lecture idéologique du passé car elle le travestit alors mais vise à corriger le manque d'objectivité ou les erreurs du travail des historiens précédents. Ce travail de réécriture se justifie par la fonction sociale de l'Historique qui si elle est enseignée sert aussi de modèle mais aussi de justification à des revendications.

La reconnaissance d'événements comme « génocide » est ainsi le point de départ possible de poursuites judiciaires.. »

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