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LE TRAVAIL : aliénation ou libération ?

Publié le 06/02/2023

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« LE TRAVAIL : aliénation ou libération ? INTRODUCTION : Travailler pour vivre est un adage familier dans la tradition judéo-chrétienne ; Travailler c’est enfanter dans la douleur, souffrir à la sueur de son front et être torturé par un tripalium inéluctable, celui de la nécessité ; pour l’homme de la rue, le travail arbore une connotation négative et pénible ; Mais, paradoxalement c’est par le travail que l’homme se distingue de l’animalité et qu’il a pu s’ériger en être culturel marquant la matière de ses projets.

Donc le travail a un statut ambigu et contradictoire.

Il semble pouvoir être à la fois moyen de réalisation de soi lorsque le tripalium, c’est le travailleur tortionnaire qui impose sa marque à la matière et dans ce cas, il le libère, réalise son humanité et marque son statut de maître et possesseur de la nature ; pour autant, cette relation à l’objectivité peut être la marque d’une dépendance, d’une nécessité vitale de s’y confronter dans la pénibilité.

Dans cette perspective, le problème qui émerge c’est l’aspect paradoxal du travail : Aliénation ou libération ? Une réponse alternative préférant une thèse à l’autre ne résoudrait pas le problème puisque ce qui est en question c’est précisément l’aspect double, skysophrène de l’essence du travail.

Si l’alternative n’est pas satisfaisante, il faut sans nul doute interroger plus précisément les caractéristiques de l’essence du travail et plus particulièrement les formes qu’il revêt.

Dés lors, il ne s’agit plus de se demander si le travail est seulement un instrument de libération, c'est-à-dire permettant à l’homme de réaliser son humanité en se désengluant de la nature, ou au contraire de démontrer que le travail est aliénant puisqu’il oblige l’homme à se départir de lui-même en se confrontant péniblement et laborieusement à l’être naturel hostile dont il doit tirer sa subsistance et qui le déposséderait de lui-même.

Ainsi, si le travail est double, ne peuton pas justement s’interroger sur son caractère à la fois aliénant et libérateur ? Dans quelle mesure, ces deux caractéristiques participent et cœxistent dans la définition du travail ? En outre, le travail générique, conceptuel contient-il les mêmes déterminations dans toutes ses formes ? Y aurait-il des formes de travail aliénantes et d’autres libératrices ? En somme, quelles sont les conditions de possibilité d’une définition dialectique du travail ? Il s’agit, pour y répondre, de préciser la nature de ce concept ambigu, d’en mesurer et d’en distinguer ensuite les conditions d’existence pour enfin évaluer la valeur axiologique du travail, ses formes et d’en déterminer les aspects libérateurs et aliénants. I – NATURE 1-A première vue, le travail apparaît comme totalement négatif.

Et, en effet, pour les grecs de l’Antiquité, le travail est associé à une déchéance de l’Age d’or mythique dans lequel l’abondance de la nature laissait les premiers hommes libres de vaquer à leur loisir puisque aucun effort n était à faire pour la survie.

Dés lors, dans l’Athènes du 4 me s av JC, seuls les esclaves et les métèques travaillaient pour laisser le loisir, aux citoyens libres de se préoccuper des plaisirs et des vertus de l’existence.

Dans l’étymologie latine du travail ou tripalium, on retrouve cette connotation négative du travail puisque le tripalium était cet instrument de torture composé de trois pieux destiné à punir les esclaves rebelles ou à contenir les chevaux récalcitrants à des soins douloureux.

En outre, la tradition judéo chrétienne pérennise cette appréhension du travail puisque ce dernier est le résultat d’une faute, celle du péché originel contraignant, inéluctablement la femme à enfanter dans la douleur, dans le travail de l’accouchement et l’homme à travailler péniblement à la sueur de son front pour faire émerger de la terre désormais maudite, de quoi subvenir à sa survie.

Ainsi, le travail est ce dur labeur, cette affliction, ce malheur dont l’homme devra désormais toujours faire 1 l’expérience.

A l’instar du jeu ou du loisir, le travail se définit d’abord par son aspect contraignant. Dés lors, le travail est perçu comme une nécessité pour vivre.

L’homme, dans sa déchéance a perdu de lui-même, s’est vu destitué de son premier statut ontologique.

Cette perte d’être a changé sa nature, l’a aliéné.

L’aliénation, en effet, se définit comme une départition de soi, une perte de toute ou d’une partie de son identité première.

Etre aliéné, c’est donc devenir étranger à soi.

Adam ou les premiers êtres périssables de l’age d’or ont donc été dépossédé de leur identité, aliéné et le travail apparaît comme la conséquence de cette aliénation.

Pour autant, suffit-il de dire que l’être mythique fut aliéné et condamné à travailler pour circonscrire l’aliénation du travail ? Dans son rapport au travail, l’homme perd un peu de lui-même dans le sens où il doit céder, aliéner une part de sa liberté, de son indépendance ; Dans sa relation nécessaire, à la nature comme objet extérieur, l’homme dépend de son travail pour vivre.

Il doit se plier au climat, aux saisons, à la géologie des sols pour obtenir des fruits de son travail et qu’il ne soit pas stérile.

Il y a donc une aliénation ontologique individuelle dans le rapport de l’homme au travail.

De surcroît, lorsqu’il a besoin du secours de ses semblables et qu’il ne peut fonctionner en autarcie, l’homme s’aliène encore un peu plus.

Et, en effet, comme le montre Rousseau, dans le discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les mœurs, la division du travail nécessitée par le rapprochement communautaire des hommes a aliéné encore l’essence de l’homme indépendant et libre de l’état de nature.

Cette, division aliénante participe des fondements de l’inégalité entre les hommes en leur imposant la propriété privée et la dépendance réciproque.

Le travail puiserait ses caractéristiques essentielles dans son origine aliénante. 2-Toutefois, il faut circonscrire davantage les qualités manifestant cette essence et saisir la spécificité du travail humain ; Et, en effet, que fait un homme lorsqu’il travaille, En travaillant la terre, en fabriquant des outils lui permettant de bâtir, de se vêtir ou de chasser, l’homme semble produire une activité spécifique qui n’a rien d’aliénant ; Ce travail, cette technicité lui permettent au contraire de se soustraire à la nécessité naturelle et de s’arracher au mode d’être de l’animalité.

Il devient homme parce qu’il est capable de travailler, d’être libre de réaliser ses projets ; En ce sens, il réalise sa nature et sa densité ontologique s’accroît plutôt que de diminuer.

A l’instar de l’abeille ou de l’araignée la plus experte, Marx souligne dans Le Capital, que l’home réalises, dans le travail, son projet conscient, qu’il impose une transformation à la matière obéissant à des fins idéales.

Par cette action, le sujet conscient transforme la nature, le marque du « sceau de son intériorité »et admire dans son travail, « le spectacle de sa propre activité », comme le montre très clairement Hegel dans l’Esthétique. Mais, de surcroît, lorsqu’il travaille, l’homme se transforme aussi lui-même, se réalise, se forme en se confrontant à l’hostilité, à l’altérité de l’être naturel. Dans la phénoménologie de l’Esprit, la dialectique du maître et de l’esclave illustre la réciprocité de cette activité.

Dés lors, le travailleur se réalise, se libère, non seulement de la nature et de la nécessité inhérente à l’animalité mais il réalise en même temps son humanité, évolue, s’enrichit et accroît sa puissance.

Il réalise bien plus sa nature dans le réel à l’instar du fantasme anhistorique d’un homme sans travail, vivant dans l’abondance.

En ce sens, le travail est bien plus une libération qu’une aliénation ; Transition : Pour autant, les caractéristiques plurielles participant à la définition de la nature du travail trouvent leur limite dans l’abstraction du concept.

Dans l’absolu, l’homme est aliéné originairement mais se libère dans sa praxis.

Quelle est la validité de cette définition 2 confrontée aux conditions concrètes du travail.

Dans ses manifestations réelles, cette hypothèse résiste t’elle au test de l’expérience ? Y a-t-il des formes de travail qui ne permettraient pas la libération et qui feraient retomber le rapport de l’homme et du travail à la seule relation d’aliénation ? II- EXISTENCE 1- Prenons, par exemple le cas d’un artisan, se réalise t‘il dans son travail et pourquoi ? L’artisan conçoit un projet dans sa tête, crée, fabrique et a la possibilité de jouir de sa production achevée ? Il a réalisé toutes les étapes de la fabrication et en ce sens, il se réalise, comme le souligne Marx.

En effet, les conditions de possibilité sont réunies pour que le travail permette une réalisation.

Bien sûr, l’artisan, aliénera, vendra sans doute son produit. Sans aucun doute, est-il astreint à la nécessité de la matière qu’il travaille.

Mais, pour autant, si le travail a du sens pour lui et qu’il, peut fièrement jouir de l’image que lui renvoie son œuvre, le travail.... »

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