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Le respect d'autrui exclut-il toute passion ?

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« Vocabulaire: EXCLURE: éliminer, bannir, supprimer. AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). RESPECT : Sentiment éprouvé face à une valeur jugée éminente ou absolue, et qui conduit à s'interdire tout ce qui pourrait lui porter atteinte.

Le respect est, selon Kant, le seul mobile subjectif possible de l'action morale désintéressée, c'est-à-dire d'une action déterminée objectivement par la seule représentation de la loi ( ou impératif catégorique).

Le respect est alors ce que l'on doit à autrui en tant que personne morale. [Introduction] À la fin de son ouvrage L'Amour fou, André Breton adresse une lettre à sa petite-fille, qu'il nomme affectueusement Écusette de Noireuil.

Cette lettre s'achève sur un voeu : « Je vous souhaite, écrit le poète, d'être follement aimée ».

Un tel souhait, s'il se réalise, fera connaître à Écusette l'« amour fou ».

Mais une telle passion signifiera-t-elle que sa personne y trouvera l'occasion de se réaliser pleinement ? Ne peut-on craindre qu'elle connaisse au contraire une certaine aliénation, s'il est vrai que l'amour fou est exclusif.

Devenir, comme le dit l'expression courante, l'objet d'une passion, n'est-ce pas perdre son autonomie, être pris dans le désir du passionné et, de la sorte, ne pas être respecté dans sa personne ? La passion peut s'exercer à l'égard d'un autre, mais que devient alors ce dernier ? Le respect qui lui est dû en tant qu'autrui n'exclut-il pas toute passion à son égard ? [I.

L'aliénation du passionné] L'analyse traditionnelle de la passion s'intéresse surtout aux effets qu'elle peut avoir sur celui qui la vit.

Depuis Platon, on fait alors valoir qu'elle éloigne le passionné du comportement rationnel, pire même : qu'elle pervertit sa raison puisqu'il se montre souvent capable de prétendre rationaliser son engouement.

Ce point de vue négatif se retrouve aisément dans le vocabulaire le plus ordinaire : la passion « enflamme », « brûle » ou « aveugle », elle pousse le sujet « hors de lui », lui fait perdre tout sens du réel et de la mesure. De ce point de vue, la passion semble si aliénante qu'elle est même admise comme constituant, du point de vue juridique, une circonstance atténuante : le « crime passionnel » est moins sévèrement puni que le crime accompli de sang-froid ; c'est qu'on admet qu'il a été accompli par un individu devenu en quelque sorte étranger à ce qu'il est ordinairement, sous l'effet d'un « coup de folie » qui lui a interdit de saisir la gravité de ses actes ou l'inanité de ses reproches. Sans nécessairement aller jusqu'à des conséquences aussi graves, toute passion paraît bien conférer à celui qui en est la « proie » des caractères inhabituels ou anormaux : ne prétend-il pas, s'il est amoureux, échapper au temps, interrompre le devenir et figer sa situation dans une sorte de présent permanent, évidemment fictif ? Ainsi le passionné se croirait-il en dehors de la condition humaine...

même si, par ailleurs, on le voit capable d'espérer l'accroissement de sa propre passion (« aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain...

») : cette contradiction ne serait qu'un indice supplémentaire du peu de rationalité que lui laisse la passion en partage. Par rapport à un tableau, presque « clinique » (et Kant ne se prive pas de considérer que la passion est une véritable maladie de l'âme), aussi négatif, une version plus positive de la passion ne se constituera que tardivement, à partir du pré-romantisme.

Les symptômes alors changent de signification : si le passionné, par exemple, se croit au-delà de l'humanité ordinaire, c'est parce que l'homme a besoin d'infini, parce que son imagination exige qu'il excède toute limite, et parce que son plus haut destin serait de montrer ses capacités d'autodépassement.

On fait en conséquence valoir qu'une vie sans passion est plate, sans intérêt et ne mérite pas d'être menée : mieux vaut, pour les romantiques allemands, mourir à cause d'une passion amoureuse que vivre sans connaître l'amour. [II.

Autrui comme « objet » de passion] Si on se détourne du passionné pour s'intéresser à celui qui est le prétexte de la passion, force est de constater. »

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