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Le progrès ?

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« L'histoire générale • L'histoire de l'humanité ne semble pas se répéter, car seule l'histoire individuelle est vouée à la répétition par la passion.

Mais il faut alors savoir si cette absence de répétition signifie pour autant une réelle progression de l'histoire. • Dans son « Introduction à L'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Kant montre que l'histoire, en dépit de ses aléas, progresse et qu'un esprit qui aurait suffisamment de hauteur de vue pour comprendre l'histoire dans sa généralité conclurait à ce progrès.

Les hommes « ne se doutent guère qu'à la poursuite de leurs desseins personnels, chacun, selon ses vues et souvent les uns contre les autres, ils suivent comme un fil conducteur » : le développement de notre raison et la réalisation de notre liberté. La liberté paraît d'abord une pure illusion dans l'expérience quotidienne des passions : « C'est plus fort que moi » ; j'appartiens à la nature, je suis pure « marionnette ou automate de Vaucanson ». Une expérience cruciale conduirait à reconnaître que nous ne sommes pas mûs mécaniquement par des forces extérieures à nous.

Même lorsque ma vie est en jeu, le plus bas degré de la liberté autorise encore un calcul réfléchi des plaisirs et des peines : je peux me représenter les conséquences de mes actes et en tirer une maxime d'action conforme à mon intérêt, différer la satisfaction d'un désir pour rester en vie.

Mais cela ne suffit pas, car on peut alors prétendre que l'homme est déterminé dans ce cas par un désir plus puissant. Une dernière expérience est nécessaire : être amené à choisir entre le devoir et la vie.

Il est hors de doute que je dois faire mon devoir : cela signifie que je le peux car il serait absurde de se reconnaître un devoir s'il était impossible de l'accomplir. Est clair pour la plupart d'entre nous que si un tel cas se présentait effectivement, nous trouverions vraisemblablement toute une série d'échappatoires, de ces « bonnes raisons » dont l'animal humain est prodigue. Mais au fond de nous-mêmes, nous saurions fort bien nous incliner devant celui qui, même au péril de sa vie, agirait par pur respect du devoir. C'est donc la conscience du devoir qui nous conduit à postuler la liberté humaine : «Je dois donc je peux». Tout homme réalise pour son propre compte cette expérience; toute personne est donc digne de respect en tant qu'être capable de jugement moral. La moralité ne sera définie ni par la réussite, ni par l'importance de l'action accomplie, ni par la noblesse des sentiments, mais par la pureté de l'intention. L'objet de la moralité peut s'exprimer en une seule phrase : « Considérer l'humanité en notre personne et en celle d'autrui toujours comme une fin, jamais simplement comme un moyen». L'homme cependant n'est pas un être isolé, il vit en société, il appartient à une histoire et il semble bien qu'il y ait antagonisme entre l'expérience personnelle de la liberté et du devoir et les conditions historiques qui de toutes parts dépassent l'homme. Quel sens y a-t-il à être moral si les autres ne le sont pas ou si les conditions historiques sont telles que l'homme est un être avili et méprisé? Ce paradoxe de la morale, que Sartre placera au centre de son oeuvre, pose la question du rapport de la fin et des moyens. Kant refuse l'utilisation de moyens immoraux, pourtant il verra avec enthousiasme dans la Révolution française une preuve de la disposition morale du genre humain.

Il veut interpréter l'histoire de l'humanité comme la réalisation progressive — malgré divers retours en arrière et peut-être malgré la volonté avouée des hommes qui poursuivent des buts égoïstes — de la moralité. Il faut présumer que l'histoire a un sens sans quoi l'existence serait absurde, de même qu'il faut présumer que la liberté existe sans quoi le devoir serait un non-sens.

Là encore se retrouve l'appel à la foi, à la croyance : il faut, on peut, croire que l'humanité après des guerres et des luttes finira par élaborer une forme de constitution rendant possible la liberté de chacun dans un système régi par le droit. La répétition historique • Mais d'après Kant, le progrès indique davantage le chemin qu'il nous reste à parcourir que celui que nous avons parcouru.

Le perfectionnement des techniques nous rend moins dépendants de la nature.

S'accompagne-t-il nécessairement d'une plus grande vertu ou d'un surcroît de bonheur, c'est-àdire d'un progrès moral ? Rien n'est moins sûr pour le philosophe qui distingue toujours la « culture » – le progrès des techniques, des sciences et des arts – de la « civilisation », c'est-à-dire du progrès moral. • L'histoire n'est donc pas soumise à la répétition au sens où elle se répéterait à l'identique.

Le progrès de la culture nous convainc du contraire.

Mais il faut donc penser que, prise dans sa généralité, l'histoire ne fait que répéter – préparer – l'avènement d'un progrès moral qui, distinct du progrès de la culture, n'est jamais assuré.. »

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