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Le problème de la relativité des cultures ?

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« VOCABULAIRE: Culture: Du latin cultura, culture du sol » (de colere, « cultiver »). Mise en valeur des terres (agriculture), des corps (culture physique) ou des esprits (culture intellectuelle), travail visant à les rendre féconds. Par opposition à nature, tout ce qui est l'oeuvre de l'homme.

En sociologie, ensemble des connaissances et des pratiques transmises par l'éducation et propres à un groupe social donné (exemple : la culture orientale). Qu'est-ce qu'une culture ? Ce mot peut recevoir en français de multiples sens, dont témoignent les différents adjectifs auxquels il donne lieu (« culturel », « cultivé »,...).

Mais il existe un sens scientifique du mot « culture », celui sur lequel tous les sociologues et les ethnologues s'accordent.

Est culture tout élément, matériel ou spirituel, que l'homme hérite de son groupe : aussi bien les techniques de chasse des Bushmen que la tragédie grecque sous Périclès.

Il n'y a donc aucun jugement de valeur à établir entre les cultures.

L'ethnologie contemporaine est unanime pour insister sur la diversité et l'égalité des cultures, et donc sur l'impossibilité de les comparer. Une nouvelle idée de l'homme ? L'ethnologie renouvelle notre vision de l'homme.

Elle conduit à relativiser la notion de « civilisation », à considérer comme dénuée de fondement une classification des hommes entre « primitifs » et « civilisés » ; à reconnaître dans des sociétés autres, non pas des états moins développés d'humanité, mais des formes culturelles originales et authentiques.

Bref, nous devons récuser l'ethnocentrisme, c'est-à-dire le fait de regarder notre type de société comme la norme en fonction de laquelle toutes les autres peuvent être classées.

Comme le dit Lévi-Strauss, le « barbare » n'est pas l'homme sans culture — car cela n'existe pas — mais celui qui « refuse la culture des autres ».

Le barbare, en somme, c'est...

celui qui croit à la barbarie, c'est-à-dire, très souvent, nous-mêmes ! Qui n'a pas accusé autrui de se comporter en barbare ? Quel peuple n'a pas accusé d'autres peuples d'être des barbares ? Lévi-Strauss, grand anthropologue français, souligne, dans Race et Histoire, d'où est extrait notre citation, ce trait propre à toute société, qu'est l'ethnocentrisme : chaque ethnie, c'est-à-dire chaque peuple, a tendance à se penser comme étant au centre du monde, à considérer ses coutumes, ses mœurs, ses règles, ses croyances, ses modes de penser,...

comme meilleurs que ceux ethnies ou des peuples différents, comme si sa tribu, son village, son clan, son pays, sa culture étaient plus représentatifs de l'humanité que tous les autres.

Ainsi le barbare, le non civilisé c'est toujours l'autre; l'autre au sujet duquel on raconte toute sorte d'horreurs ou d'atrocités ainsi des Vikings, des Huns, des Goths, des Tartares, Mongols, des Chinois..., sans parler de tribus sauvages au fin fond de l'Afrique ou de l'Amazonie, etc.

Or, peut-être commence-t-on à ne plus être un barbare, ou commence-t-on à être un homme civilisé, le jour où l'on reconnaît qu'on est le premier, peut-être, à être capable de se comporter en barbare. Le mot "barbare" - barbaros en grec- signifie à l'origine "l'étranger qui ne parle pas grec" : on pouvait être étranger à Athènes, venir de Corinthe ou de Thèbes, on était alors un xénos, un étranger certes, mais un étranger qui parlait grec; en revanche les Egyptiens, les Perses, etc.

étaient appelés "barbares".

Pour les Romains, de même, les barbares étaient ceux qui ne parlaient pas latin, ou ceux qui, malgré la colonisation et la construction de l'empire romain, n'avaient pas été latinisés, et qui se situaient donc au-delà des frontières de l'empire.

Or ces peuples extérieurs ont fini par envahir l'empire romain et renversé son ordre : c'est ainsi qu'on parle encore dans les livres d'histoire de l'invasion des barbares.

La phrase de Lévi-Strauss est quelque peu dérangeante: car elle revient à condamner l'usage de mot barbare.

Celui qui accuse l'autre de barbarie est lui-même un barbare.

Mieux, c'est celui-là même qui est réellement un barbare.

Pourquoi ? Parce qu'accuser autrui de violences et d'atrocités, de cruauté, de sauvagerie...

croire que l'autre est un barbare, c'est supposer que soi-même on ne serait pas capable de maux semblables.

Est civilisé celui qui admet bien plutôt que tout homme, à commencer par soi, est capable du pire. N'existe-t-il, pour autant, aucune idée universelle de l'humanité, à la mesure de laquelle nous pourrions juger toute forme de vie sociale ? Doit-on, par exemple, lutter contre la discrimination sexuelle en France mais considérer que c'est une caractéristique culturelle, et comme telle respectable, dans d'autres pays ? Il ne faut certes pas croire que notre culture incarne ce qu'il y a en l'homme d'universel, ni qu'elle est « la » civilisation.

Mais cela ne signifie pas qu'il n'existe pas de valeur humaine universelle.

Si, du point de vue scientifique de la sociologie ou de l'ethnologie, toutes les conduites sociales s'équivalent et peuvent être étudiées comme relevant d'une culture originale, du point de vue moral, tout ne se vaut pas.

Si l'ethnologie renouvelle notre compréhension de l'homme, ce n'est pas en la relativisant entièrement, c'est au contraire en nous invitant à reconnaître l'universel humain dans différentes cultures et à ne pas nous considérer comme le « mètre-étalon » de l'humanité. Sujet 4420: Ethnocentrisme et hiérarchisation des cultures ? • Chaque culture a spontanément tendance à se juger supérieure aux autres : c'est le phénomène de l'ethnocentrisme. • En s'appuyant sur des théories de l'histoire fondées sur les notions d'évolution et de progrès, on a tenté de donner un fondement objectif à une hiérarchisation des cultures. • Mais on a pu montrer que les comparaisons entre les cultures portent sur des éléments isolés, des rapprochements superficiels, et que les jugements de supériorité ou d'infériorité sont toujours commandés par un système de valeurs qui appartient à une culture particulière. • Chaque culture représente un ensemble d'adaptations à un milieu donné et de réponses aux interrogations de l'homme. Chacune correspond donc à des exigences et des projets spécifiques.

Il semble en conséquence vain de vouloir les hiérarchiser.. »

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