Le pouvoir de l'État est-il facteur de liberté ou d'oppression? ?
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«
Introduction
Il est fréquent que l'individu ressente la présence de l'État comme un poids faisant obstacle à ses désirs spontanés,
mais exigeant par contre des comportements qui ne sont pas toujours ressentis comme agréables (du paiement des
impôts à la surveillance policière).
De tels sentiments, qui se fondent sur une conception immédiate et souvent peu
réfléchie de la liberté, suffisent-ils pour affirmer que l'État est par définition un facteur d'oppression ? Doit-on au
contraire admettre qu'il favorise en fait la liberté du citoyen ?
1.
L'indépendance hors de l'État
— Tous les théoriciens de l'« homme naturel» (notamment Rousseau) affirment qu'il existe dans l'homme premier une
liberté élémentaire.
La solitude s'accompagne en effet de la faculté de pouvoir satisfaire ses désirs à sa guise, sans
tenir aucun compte de la présence d'autrui.
— Dès que les premiers groupes sociaux se constituent, la cohabitation entraîne nécessairement une transformation
de cette liberté naturelle.
Telle est bien la thèse du «Contrat social »: on ne vit collectivement qu'à la condition
d'une aliénation absolue de la liberté initiale.
— On retiendra toutefois que cette liberté première, tout en étant d'ailleurs hypothétique (comme l'état purement «
naturel» de l'être humain) s'accompagne de désavantages: solitude = faiblesse, défense difficile contre les dangers
extérieurs — alors que la collectivité aura au moins, pour compenser la perte de la liberté d'origine, l'avantage
d'assurer la sécurité par l'addition des forces de .;chacun.
II.
Critique de la machine étatique
— Point de vue anarchiste: l'État est par définition hostile à l'individu et à sa liberté (cf.
Stirner, Bakounine, etc.).
Il
exige la participation (laborieuse, économique) à des tâches qui ne correspondent pas aux désirs du sujet, de l'«
Unique » (Stirner).
Il faut donc le détruire, et lui substituer l'association d'unités plus limitées (principe fédératif, cf.
Proudhon).
akounine: Qu'est-ce que l'État ? C'est, nous répondent les métaphysiciens et les docteurs en droit, c'est la
chose publique ; les intérêts, le bien collectif et le droit de tout le monde, opposés à l'action dissolvante des
intérêts et des passions égoïstes de chacun.
C'est la justice et la réalisation de la morale et de la vertu sur terre.
Par conséquent, il n'est point d'acte plus sublime ni de plus grand devoir pour les individus que de se dévouer, de se
sacrifier, et au besoin de mourir pour le triomphe, pour la puissance de l'État [...].
Voyons maintenant si cette
théologie politique, de même que la théologie religieuse, ne cache pas, sous de très belles et de très poétiques
apparences, des réalités très communes et très sales.
Analysons d'abord l'idée même de l'État, telle que nous la présentent ses prôneurs.
C'est le sacrifice de la liberté
naturelle et des intérêts de chacun - individus aussi bien qu'unités collectives comparativement petites :
associations, communes et provinces - aux intérêts et à la liberté de tout le monde, à la prospérité du grand
ensemble.
Mais ce tout le monde, ce grand ensemble, qu'est-il en réalité ? C'est l'agglomération de tous les individus
et de toutes les collectivités humaines plus restreintes qui le composent.
Mais, du moment que pour le composer et
pour s'y coordonner tous les intérêts individuels et locaux doivent être sacrifiés, le tout, qui est censé les
représenter, qu'est-il en effet ? Ce n'est pas l'ensemble vivant, laissant respirer chacun à son aise et devenant
d'autant plus fécond, plus puissant et plus libre que plus largement se développent en son sein la pleine liberté et la
prospérité de chacun ; ce n'est point la société humaine naturelle, qui confirme et augmente la vie de chacun par la
vie de tous ; c'est, au contraire, l'immolation de chaque individu comme de toutes les associations locales,
l'abstraction destructive de la société vivante, la limitation ou, pour mieux dire, la complète négation de la vie et du
droit de toutes les parties qui composent tout le monde, pour le soi-disant bien de tout le monde : c'est l'État, c'est
l'autel de la religion politique sur lequel la société naturelle est toujours immolée : une universalité dévorante, vivant
de sacrifices humains [...].
Avez-vous compris l'essentiel ?
1 Qu'est-ce que l'État exige de l'individu ?
2 L'État peut-il remplir sa fonction d'unificateur ?
3 Les individus trouvent-ils l'égalité et la fraternité dans l'État ?.
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