Le philosophe a-t-il quelque chose à apporter au savant ?
Extrait du document
«
Introduction
Le philosophe, à savoir celui qui exerce le travail critique de la pensée sur elle-même, a-t-il « quelque chose », à
savoir une réalité indéterminée, un « quelconque objet » à fournir au savant, à savoir celui qui sonde la réalité par
des méthodes expérimentales, celui qui établit des lois entre les phénomènes et rassemble dans des théories ces
relations ou lois ? Tel est le sens de l'intitulé.
La science est-elle ou non close sur elle-même ? Peut-elle affirmer sa
primauté par rapport à toute forme de connaissance ? L'éthique et les valeurs peuvent-elles découler de la science
elle-même ? Est-ce la rationalité scientifique ou le travail critique de la pensée sur elle-même qui construit les
valeurs morales concernant les données scientifiques ? Tel est le problème.
L'enjeu ? La science doit-elle devenir
une nouvelle religion ? Nous gagnons, selon la réponse apportée, un type d'approche relatif aux projets et pratiques
des savants en cette fin de siècle, d'où un gain spéculatif et existentiel, concernant l'action.
Au premier abord on pourrait penser que le savant a tout un ensemble de compétences au regard de sa formation,
de ses connaissances scientifiques et techniques que le philosophe ne possède pas.
On voit difficilement ce que
pourrait faire le philosophe dans un laboratoire de recherche médicale ou encore dans un laboratoire
d'astrophysique.
Néanmoins, il faut aussi se demander si l'attitude du savant ne consiste qu'en capacités techniques
et scientifiques, si les enjeux de ses travaux ne peuvent pas conduire à des problèmes philosophiques.
On peut être
en effet par exemple amené à s'interroger sur les rapports de la science à la morale, une réflexion philosophique sur
le temps peut être utile au physicien...Le sujet vous demande donc de vous interroger sur les apports possibles et
les enjeux d'une réflexion philosophique.
A.
Le philosophe n'a rien à apporter au savant, qui a une entière confiance envers les méthodes et
résultats de la science.
Pourquoi la philosophie apporterait-elle « quelque chose » au savant? La connaissance et le savoir humain ne se
sont-ils pas édifiés de manière constructive et positive à partir des lois scientifiques ? Le savant, en élaborant des
lois, en établissant des relations invariables et nécessaires entre les choses, aboutit à un univers caractérisé par
une immense fécondité technologique.
En un mot, non seulement la loi scientifique semble universelle et vraie, mais
elle apporte à l'homme une réponse pratique à ses questions, réponse qui se suffit, paraît-il, à elle-même.
La formule
théorique (vraie) devient appareillage utile et se convertit en un pouvoir sur le réel.
Donc le savant n'a pas besoin
du philosophe : il « réussit », il est efficace, il ouvre la pensée à un mode instrumental et opérationnel où la science
met entre parenthèses la discipline exerçant un travail critique de la pensée sur elle-même.
Ainsi la science tend-elle
à se constituer comme le seul mode authentique de rapport au monde.
Toute notre connaissance se fondant sur
l'expérience, les lois scientifiques organisant cette dernière, le philosophe ne peut rien apporter d'intéressant au
savant, confiant en ses puissances.
Le savant s'en remet à sa propre logique et ne demande rien au philosophe.
Résumons cette analyse : c'est la science qui incarne la déesse Raison et dévoile la vérité de la nature ; c'est elle
qui guide les hommes vers le bien.
Donc le philosophe et le savant vivent dans des circuits étrangers l'un à l'autre.
Le triomphe de la science est tel que le savant n'a pas besoin du philosophe.
La méthode scientifique fonde un
savoir et un pouvoir qui se suffisent à eux-mêmes.
Transition
La science et la technique sont-elles vraiment closes sur elles-mêmes ? L'usage de la technique ne connaît-il pas de
défaillances ? La science n'aboutit-elle pas (parfois) au déclenchement d'effets pervers ? Dès lors la philosophie ne
peut-elle apporter des éléments de réflexion au savant ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le philosophe et le savant ont-ils le même souci de la vérité ?
- Le souci de vérité du savant et celui du philosophe s'aliment-ils à la même source ?
- Le philosophe, le savant, l'artiste ?
- Le philosophe et le savant ont-il le même souci de la vérité ?
- Commentez cette parole de Spinoza: "Le philosophe ne pense à aucune chose moins qu'à la mort et sa philosophie est une méditation de la vie, non de la mort" ?