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Le passé peut-il demeurer présent ?

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« Introduction Le principal caractère du temps est son ordre qui s'impose à l'attention, et plus précisément, l'irréversibilité de cet ordre.

On peut ainsi tout inverser, sauf le temps.

On peut mettre les choses la tête en bas, mettre « la charrue avant les bœufs » même si c'est difficile, dangereux, ce n'est pas impossible.

Mais on aura beau retourner sur ses pas, rien ne défera l'aller.

Lavelle dira que « L'irréversibilité constitue pourtant le caractère le plus essentiel du temps, le plus émouvant, et celui qui donne à notre vie tant de gravité » (Du temps et de l'éternité).

Jankélévitch affirmera : « Le voyageur revient à son point de départ, mais il a vieilli entre-temps ! » (L'irréversible et la nostalgie).

Ainsi l'irrémédiable réside en ceci qu'une fois qu'on est parti d'un point du temps, celui-ci ne peut plus jamais être retrouvé, puisqu'il est toujours déjà passé.

Quelles seront les pistes qui permettront d'établir l'existence du passé au sein du présent ? I.

Le présent contient en lui le passé a.

Le passé est ce mode temporel qui est définitivement perdu.

Il a perdu toute existence réelle, et ne réside alors que dans l'ombre du souvenir.

L'homme a ainsi souvent la nostalgie du passé, ce désir de retrouver ce qu'il a à jamais perdu.

Ce passé peut cependant être utilisé afin de se racheter d'une faute commise par exemple, voire afin de faire une histoire.

L'ordre irréversible du temps est ressenti selon les trois modalités du passé, du présent, de l'avenir.

Mais c'est au sein du présent que se dessine sans cesse ces trois mouvement de conscience : l'attention à l'existence actuelle, le retour en pensée vers ce qui fut et n'est plus, la projection vers ce qui va se produire. Ce qui amène St Augustin à décrire le temps comme une tension de l'esprit d'attente en souvenir.

Il montrera que le présent seul existe, et qu'il contient le passé et le futur : « il y a trois temps, un présent au sujet du passé, un présent au sujet du présent, un présent au sujet de l'avenir.

Il y a en effet dans l'âme ces trois instances, et je ne les vois pas ailleurs : un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au présent, la perception, un présent relatif à l'avenir, l'attente » (Confessions, L.

XI). b.

Le présent vécu est le temps expérimenté par le sujet dans ses actes de la vie quotidienne.

Le moment présent, à la différence de l'instant comporte le passé immédiat et une anticipation du futur immédiat.

C'est ce qui donne à l'homme ce sentiment de continuité, car autrement, le présent ne serait que rupture perpétuelle.

Ainsi le temps est à la fois continu et hétérogène.

Bergson a insisté sur la continuité, évidente « quand notre moi se laisse vivre ».

il réserve le nom de durée à cette continuité.

A la différence du temps ordinaire, physique, qui n'est qu'une représentation symbolique tirée de l'étendue (cf.

Bergson, Matière et mémoire). II.

Mémoire et inconscient a.

La mémoire comme capacité de convoquer le passé et de s'y mouvoir librement est une conduite significative et sélective qui engage la responsabilité sociale du sujet.

Nos souvenirs ne sont pas stockés comme des objets matériels dans un coffre ou dans un tiroir ; ils sont fixés, organisés et datés en fonction de cadres familiaux ou sociaux dans lesquels nous ne pouvons que nous inscrire.

Car le souvenir est une pensée et sa restitution, fidèle ou fantaisiste, est l'œuvre de la fonction imaginative (faculté de se représenter les choses en leur absence).

La reconstitution consciente, plus ou moins volontaire, d'un passé définitivement absent, constitue le travail de la mémoire. b.

Admettre l'existence de l'inconscient revient donc à réfléchir sur une prétendue maîtrise de ses actes, et à reposer la véritable place de notre vouloir.

Les premières expériences de Freud, à travers la pratique de l'hypnose, ont montré que le médecin pouvait faire en sorte que le patient se comporte de telle manière sans qu'il en sache rien.

Il y a donc bien quelque chose qui échappe à la conscience.

D'autre part l'hypnose a guéri des patients hystériques, quand on les interrogeait sur les causes de leurs maux ; ces derniers révélant des événements dont ils n'ont pas conscience à leur réveil, se voyaient guéris. c.

C'est à partir de cette puissance de la parole que Freud se dirigera vers la pratique de « l'association libre ».

Cette pratique consistait à inciter le sujet conscient à parler de tout ce qui lui venait à l'esprit.

Des événements oubliés, que le sujet ne pouvait se rappeler quand sa conscience était vigilante, apparaissaient.

L'inconscient regorge donc d'événements passés qui remonte à la surface (à la conscience) en provoquant des symptômes, des pathologies (hystérie, névroses etc.). Ces événements, remontant souvent à l'enfance, sont « refoulés » dans l'inconscient, permettant au sujet de ne pas vivre la mémoire pleine de souffrances. III.

Le présent historique : le récit a.

Le terme « histoire » est synonyme d'information, d'enquête.

L'histoire désigne à la fois le récit des évènements passés (l'histoire du Moyen-Âge, de la Renaissance) et l'ensemble de ces évènements (le cours de l'histoire).

L'histoire a été traitée déjà dans l'Antiquité.

A la différence des mythes et des légendes qui sont des discours sans auteurs et sans dimension critique, l'histoire s'est vue être l'objet d'une science.

Ainsi Hérodote et Thucydide (Ve siècle avt.

J-C) ont donné de nombreuses informations sur les mœurs, la vie quotidienne et les institutions de certaines époques. Thucydide sera celui qui s'est véritablement employé à chercher une forme intelligible à travers une masse informe d'informations.

Avec lui commence le travail propre de l'historien, celui d'établir une objectivité (cf.

L'Histoire de la guerre du Péloponnèse). b.

Etudier le passé et lui conférer une objectivité, c'est là la tâche du récit historique.

Le récit doit se conformer aux évènements euxmêmes, sans y ajouter de regard subjectif.

L'objectivité consiste ainsi en la mise en ordre méthodologique des évènements afin de leur donner une rationalité.

Le multiple doit élaborer la pensée historique.

Mais l'histoire n'est pas une collection de faits : « La connaissance historique n'a pas pour objet une collection, arbitrairement composée, de faits seuls réels, mais des ensembles articulés, intelligibles » (R. Aron, Dimensions de la conscience historique).

L'intelligibilité historique excède le particulier et donne valeur à un ensemble déterminé et organisé, et ce dans la présence même du récit. Conclusion L'homme est voué au temps.

Son identification n'est possible qu'au regard d'une temporalité intégrative, c'est-à-dire qui prend en compte les modes passé, présent et avenir.

Sans « la présence du passé », l'homme ne saurait s'orienter dans le présent.

Aussi, la mémoire (consciente ou inconsciente) permet ce retour en soi d'événements passés.

Le passé, dans la pensée psychanalytique, est toujours là à demeurer dans l'ombre du présent.

Enfin, la conscience historique, capable de récit, permet quant à elle de restaurer à la conscience collective l'intelligibilité de l'histoire passé.. »

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