Aide en Philo

Le Narcissisme

Extrait du document

« « Les prescriptions que doit suivre le médecin pour guérir radicalement son homme, celles que doit suivre un empoisonneur pour le tuer à coup sûr, sont d'égale valeur, en tant qu'elles leur servent les unes et les autres à accomplir parfaitement leurs desseins.

Comme dans la première jeunesse on ne sait pas quelles fins pourraient s'offrir à nous dans le cours de la vie, les parents cherchent principalement à faire apprendre à leurs enfants une foule de choses diverses ; ils pourvoient à l'habileté dans l'emploi des moyens en vue de toutes sortes de fins à volonté m qu'ils sont de décider pour aucune de ces fins, qu'elle ne puisse pas d'aventure devenir réellement plus tard une visée de leurs enfants, tandis qu'il est possible qu'elle le devienne un jour ; et cette préoccupation est grande qu'ils négligent communément de leur former et de leur rectifier le jugement sur la valeur des choses qu'ils pourraient bien avoir à se proposer pour fins.

» KANT • Conception de l'introduction. — Rappel méthodologique. L'étude ordonnée d'un texte ne vaut que par rapport à un problème clairement défini : le texte est considéré comme un « apport » à la réflexion sur ce problème.

Pour le présenter et le situer, on partira donc d'une question, ou d'une observation, qui désigne ce problème, et permet d'assigner à l'étude un objectif explicite : nourrir la réflexion sur la façon dont se pose un tel problème. — Remarques succinctes à partir de l'approche du texte. C'est d'éducation qu'il s'agit.

Si la finalité en est de préparer les enfants à bien maîtriser le « cours de la vie », une difficulté majeure se présente : quels critères retenir, compte tenu de la diversité potentielle des buts que l'on peut viser ? Le souci « d'adaptation » est ambigu : est-ce à la société présente qu'il faut préparer l'adaptation ? Le risque, contenu dans le fait même de l'évolution, est qu'une telle adaptation soit périmée au moment où elle devra entrer en vigueur.

Dès lors, ne faut-il pas viser une adaptation « polyvalente » ? La tentation, dans cette perspective, est d'assurer aux enfants une habileté, une maîtrise des moyens, et ce, quelle que soit la fin.

D'où la double analogie initiale avec le médecin et l'empoisonneur, tous deux comparables en ce qu'ils recherchent une efficacité des moyens. La critique kantienne d'une telle conception s'explicite à la fin du texte : une réelle éducation ne suppose-t-elle pas la formation d'une capacité de réflexion portant sur les fins et non seulement sur les moyens ? Le problème général est donc celui des buts de l'éducation, compte tenu des exigences d'adaptation et de leur ambiguïté.

On pourra en souligner l'actualité dans le contexte d'un devenir social où les mutations se multiplient et s'accélèrent. • Introduction proposée à partir des remarques précédentes. La profondeur et la multiplicité des mutations qui caractérisent le monde moderne posent avec acuité le problème des normes de l'éducation : à quoi faut-il préparer les enfants ? Une adaptation à courte vue, qui prendrait le présent pour référence, risque bien vite d'être périmée, tant sur le plan des valeurs qu'elle transmettrait que sur celui des conduites pragmatiques qu'elle ferait acquérir.

Pour échapper à cette relativité, génératrice d'incertitude, la tentation est grande de développer une maîtrise des moyens, indifférente aux fins visées.

Mais une telle attitude est-elle satisfaisante ? Ne faut-il pas aussi former une capacité de réflexion sur les fins ? L'étude d'un texte de Kant va nous permettre d'envisager ce problème, où se joue la reconnaissance du rôle irremplaçable de la philosophie dans les plans d'éducation.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles