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Le lien social est-il naturel ou conventionnel ?

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« Pour démarrer La relation entre individus connaissant des échanges de s ervices au sein d'une collectivité est-elle donnée et innée dans les espèces ou bien résulte-t-elle d'un accord entre les parties ? Conseils pratiques Q ue signifie le terme « conventionnel » ? Le sujet ne peut être traité sans une élucidation de ce terme et s ans une analyse des théories du « contrat social » (Rousseau, etc.).

En bref, ne naviguez pas sans une boussole théorique vous permettant de vous orienter.

C onnaiss ances indispensables. Bibliographie J.-J.

ROU S S E A U, D u contrat social, Bordas. E.

MO RIN, Le paradigme perdu: la nature humaine, Seuil. S.

Moscovie', La société contre nature, 10/18-UGE. Remarquez d'abord que dans cette interrogation le terme conventionnel s'oppose au naturel puisque la convention relève d'un accord entre les hommes, d'une logique artificielle, produite par l'esprit humain.

C onsultez notre rubrique Lexique pour plus de précisions.

M ontrez donc que la société, cette forme d'existenc e qui me lit aux autres, semble d'abord relever exclusivement d'une élaboration humaine : elle nécessite des règles, des valeurs et serait donc purement artificielle.

C ependant une société se définit comme un regroupement d'individus liés entre eux par des liens de dépendance, des relations fondées sur le besoin (à commencer par nos besoins naturels) , demandez-vous alors si cet état de société ne pourrait correspondre à une disposition fondamentale et essentielle de l'homme, un aménagement qui répondrait donc à s a nature propre.

En vous appuyant par exemple sur les analyses d'A ristote, montrez ainsi que l'homme peut être considéré comme un "animal politique", c'es t-à-dire c omme un être dont l'aspiration profonde consiste en un bonheur de vivre parmi ses semblables.

La société serait donc naturelle au sens où elle correspondrait à la nature de l'homme.

Encore faut-il que cette nature de l'homme ne le pousse pas vers la violence et la domination, comme l'a montré Rousseau, sans quoi le lien social serait malheureux et le bonheur davantage lié à la solitude. I l semble difficile pour l'homme d e s 'abstraire d e l a v i e en communauté, qui le place dans des rapports constants avec les autres, qu'il s'agisse de l'existence familiale ou sociale.

La vie familiale semble aller de soi, puisqu'elle est fondée sur des relations naturelles, biologiques, où chacun joue un rôle défini.

On s'interroge davantage sur les liens qui attachent l'homme à la société, sur le sens et la nature de son engagement dans la collectivité.

Faut-il les comprendre sur le fond d'une sociabilité spontanée, voire de l'altruisme ? Ou ne s'agit-il pour nous que du jeu de l'intérêt bien c ompris ? V oire de la satisfaction égoïste des besoins, qui engendrent le conflit ? Quoi qu'il en soit, la société semble peser sur l'individu, hypothéquant sa liberté et l'empêchant d'être ce que bon lui semble. Une vie en société ne peut sans doute pas se concevoir sans règles ni lois, qui entravent les libertés individuelles.

C elles-ci paraissent légitimées par l'utilité publique, l'intérêt commun du groupe, afin de prévenir et régler les discordes engendrées par la diversité.

A u point que ce qui est bien ou mal, dans une société, paraît souvent s e limiter à cette utilité.

Disposons-nous d'une autre norme du bien et du mal, de l'utile et du nuisible, que ce qui es t permis ou défendu s elon qu'il favorise, ou au contraire met en danger, la cohésion sociale ? O n peut toutefois s e demander si les règles sociales expriment une sorte d'idéal, ou s i elles ne sont au contraire qu'un pis-aller : au risque de l'arbitraire et de l'injustice, des modes de fonctionnement seraient imposés pour pallier les imperfections de l'être humain. T oute s o c i é t é s e m b l e produire un certain conformisme.

Elle oblige les individus à se conformer à d e s comportements normaux, s'oppos ant à toute originalité, à toute créativité. O r les hommes ont en commun d'être doués de raison, de partager une raison qui est théoriquement la même pour tous.

Faut-il en conclure que c'est en elle que l'uniformité trouve son fondement ? Q ue ses règles s ont des principes raisonnables ? O u alors les règles et c outumes sociales ne sont-elles que des conventions arbitraires, qui n'ont pour elles que l'argument de l'ancienneté, du poids des habitudes ? C omment une société peut-elle dès lors tolérer la critique et évoluer ? D'un côté, la société semble subie : les règles et coutumes sont léguées par la tradition, les sociétés antérieures, que nous n'avons pas choisies.

D'un autre côté, elle résulte de l'action humaine, elle est instituée : les lois qui organisent les affaires humaines proviennent de la décision des hommes, ce qui implique qu'ils agissent librement dans la société.

Bien entendu, c e second caractère sera d'autant plus effectif que le citoyen poss ède la possibilité de participer au processus de décision et qu'il accède réellement à la s phère du droit.

D'autant plus que ces lois lui seront par la suite imposées par l'État. Diverses tendances conflictuelles émergent au sein de ce débat : par exemple entre les idées de liberté et d'égalité.

C hacun aspire à être libre et en même temps protégé par l'État.

D'autres idées mettent au contraire l'acc ent sur l'intérêt commun : par exemple la fraternité.

C es enjeux d'idéaux annoncent le passage du social au politique. Le problème de la violence ne trouve pas par l'instauration d'un État une solution définitive, car l'État lui-même use fréquemment de la force, substituant une violence légale à la violence naturelle ou individuelle.

Et il n'est pas toujours facile, en l'espèce, de dis tinguer le pouvoir et ses abus. O n peut s'interroger sur la possibilité d'une société s a n s État.

M a i s il paraît difficile d'en trouver les moyens.

Quant à la fin elle-même, elle reste problématique : c e l a signifierait-il un retour à la sauvagerie et au désordre, ou bien l'homme est-il réellement capable d'inventer d'autres formes d'organisation sociale ? En quoi consis te l'opposition entre réalisme et idéalisme ? Les données culturelles détermineront pour une bonne part les diverses réponses apportées à ces questions politiques. C 'est sur le plan de l'adminis tration du droit et de la justice que les rapports entre l'État et la s ociété se révèlent complexes et problématiques.

C ela tient sans doute à ce que ces domaines sont plus que d'autres un lieu de rencontre entre le privé et le public , le moral et le politique, la liberté et l'autorité, le particulier et le général. O n considère que la loi et la justice s ont des attributions essentielles de l'État, mais elles concernent des faits qui relèvent de la pratique privée, ou des conflits entre individus.

II est nécessaire que l'État légifère et fas se appliquer la loi, mais en même temps, la société et l'individu doivent aussi pouvoir conserver une certaine autonomie.

Nombreuses sont les possibilités de décalage entre l'État et la société.

Qui doit détenir la primauté ? Qui doit trancher ? Les règles sociales, nécessaires pour la vie en commun, le bon fonctionnement de la société, visent-elles seulement le bien particulier de chaque individu, un intérêt déterminé ? V ont-elles au-delà d'acc ords locaux, de conventions plus ou moins arbitraires, et peut-on sans illusion ou mystification leur donner une portée universelle ? C herche-t-on l'utile ou le bien ? A u nom de quoi pourrait-on critiquer ou vouloir bouleverser une société ou une autre ? L'idée des droits de l'homme, centrée sur le respect des autres et la toléranc e, prétend par exemple incarner des valeurs universelles, aussi bien sur le plan social et politique que sur le plan moral.

O n peut se demander toutefois si un tel projet ne reste pas trop minimal, peu exigeant, ou inadéquat, pour répondre à tous les défis et problèmes effectifs que pose la vie en société.

A moins que cette dernière, nécessairement, ne soit jamais que le plus réducteur des compromis.. »

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