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Le hasard peut-il bien faire les choses ?

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« [Le hasard fait bien les choses.

La vie est elle-même la résultante d'un hasard.] L'univers, tout comme la vie, aurait pu ne pas exister Que l'univers soit ce qu'il est, n'est pas, pour le physicien d'aujourd'hui, le résultat d'une nécessité.

Il aurait pu être autre, il aurait pu même ne pas exister du tout.

De même concernant l'apparition de la vie sur terre. Jacques Monod, dans Le Hasard et la nécessité, pense qu'il n'y avait qu'une chance sur plusieurs milliards pour que l'ensemble des conditions dont la vie dépend soient réunies.

Le hasard est créateur de vie. Le hasard peut seconder l'intelligence humaine Ce est bien par hasard que Christophe Colomb a découvert l'Amérique, lui qui pensait faire route vers les Indes.

C'est par hasard, dit-on, que Newton a découvert les loi des la gravitation universelle.

Les prouesses techniques accomplies par les premiers hommes sont très probablement dues, elles aussi, au hasard.

Cela est manifeste chez les grands singes.

Des circonstances fortuites font qu'ils découvrent comment se servir d'une pierre, d'un bâton ou de domestiquer le feu Le hasard créé la vie • Selon l'analyse à laquelle procède le généticien J.

Monod dans son livre Le Hasard et la nécessité, les êtres vivants possèdent trois propriétés caractéristiques : téléonomie, morphogenèse autonome et invariance. — La téléonomie désigne le fait que les êtres vivants sont « des objets doués d'un projet qu'à la fois ils représentent dans leurs structures et accomplissent dans leurs performances ».

Ce projet est fondamentalement celui de conserver l'intégrité de leur être et de le reproduire par la multiplication de l'espèce. — La morphogénèse autonome désigne le fait que les êtres vivants « se construisent eux-mêmes », c'est-àdire que l'édification de la structure organique ne se fait pas « du dehors », mais « du dedans », à partir d'un déterminisme interne et autonome. — L'invariance reproductive désigne le fait que les êtres vivants ont « le pouvoir de reproduire et transmettre ne varietur l'information correspondant à leur propre structure », c'est-à-dire de reproduire de génération en génération la structure que constitue le patrimoine génétique de l'espèce.

Ces trois propriétés sont étroitement liées : « L'invariance génétique ne s'exprime et ne se révèle qu'à travers et grâce à la morphogénèse autonome qui constitue l'appareil téléonomique ». • Théoriquement donc une structure vivante devrait toujours se reproduire identiquement.

Toutefois le mécanisme de reproduction ne saurait échapper à toute perturbation, à tout accident.

Or s'il arrive qu'une fluctuation s'inscrive dans le patrimoine génétique, elle constitue une mutation, c'est-à-dire une variation brusque et discontinue de ce patrimoine génétique.

De telles mutations étant par nature imprévisibles, le hasard apparaît comme l'unique source des transformations du code génétique. Toutes les mutations ne sont cependant pas intégrées dans le patrimoine génétique, car il revient à l'appareil téléonomique de rejeter ou d'accepter ces modifications nées du hasard.

En effet « les seules mutations acceptables sont celles qui, à tout le moins, ne réduisent pas la cohérence de l'appareil téléonomique, mais plutôt le renforce encore dans l'orientation déjà adoptée ».

La procédure de sélection n'est donc pas, elle, un effet du hasard : « La sélection opère en effet sur les produits du hasard, et ne peut s'alimenter ailleurs ; mais elle opère dans un domaine d'exigences rigoureuses dont le hasard est banni.

C'est de ces exigences, et non du hasard, que l'évolution a tiré ses orientations ».

On notera ici que ces exigences ne sont pas les seules conditions du milieu car ces dernières ne sont en aucune manière indépendantes des performances téléonomiques du vivant : les interactions entre le milieu et l'organisme, les « pressions de sélection » qu'il subit sont partiellement choisies par ce dernier. Ainsi donc, « les événements élémentaires initiaux qui ouvrent la voie de l'évolution à ces systèmes intensément conservateurs que sont les êtres vivants sont microscopiques, fortuits et sans relation aucune avec les effets qu'ils peuvent entraîner dans le fonctionnement téléonomique.

Mais une fois inscrit dans la structure de l'ADN, l'accident singulier et comme tel essentiellement imprévisible va être mécaniquement et fidèlement répliqué et traduit, c'est-à-dire à la fois multiplié et transposé à des millions ou des milliards d'exemplaires.

Tiré du règne du pur hasard, il entre dans celui de la nécessité ». II apparaît bien dans ces conditions que l'évolution ne répond à aucune finalité spécifique du vivant, puisqu'elle trouve sa source dans les seuls défauts, dus au hasard, du mécanisme de l'invariance génétique. Toutefois cette invariance génétique qui précède la téléonomie joue dans le sens d'une finalité conservatrice de la vie assurant le développement d'organismes de plus en plus complexes et intensément téléonomiques. • Mais si les mutations du code génétique relèvent du hasard, comment expliquer l'origine du code lui-même? Deux hypothèses sont possibles : 1) « La structure du code s'explique par des raisons chimiques, ou plus exactement stéréochimiques.

» 2) « La structure du code est chimiquement arbitraire ; le code, tel que nous le connaissons, résulte d'une série de choix ou hasards qui l'ont enrichi peu à peu.

» Ainsi le hasard pourrait-il être non seulement responsable de l'évolution de la vie, mais de la vie elle-même, dont la probabilité d'apparition, si elle n'est apparue qu'une fois, était pratiquement nulle. [La notion de hasard ne peut pas bien faire les choses.

Le hasard n'est pas constructeur, il est pure négativité.

La notion de hasard a pour seule origine l'ignorance de l'homme.

Toute perfection est le fruit. »

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