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Le doute est-il un échec de la raison ?

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« Introduction Le doute peut être considéré comme un défaut ou une imperfection, puisque, par exemple, celui qui sait quelque chose avec certitude ne doute pas ou ne doute plus.

Pourtant, douter suppose une certaine intelligence, même sous la forme quotidienne et ranale de l'hésitation: un être stupide ne doute guère, ou, comme on dit, ne doute de rien.

Sur un autre plan, mais de !bon analogue, la réflexion philosophique, «fille de l'étonnement », ne peut que souligner l'acte par lequel un être refait le mouvement inaugural de la philosophie, c'est-à-dire passe du mythe à la raison, ou, plus généralement, doute de la vérité des idées reçues et cherche à substituer, à une pensée dominée par l'irrationnel, une pensée que la raison éclaire et organise.

Mais où s'arrête le doute philosophique ? Ne pourrait-il pas mettre en cause la valeur de la raison elle-même? La mise en cause de la raison par les attitudes sceptiques Des doutes extérieurs à la rationalité Ainsi, le doute par esprit de dénigrement, raillerie, agressivité, le doute du dilettantisme, les formes pathologiques du doute (l'excès de scrupule).

On retrouve souvent une telle attitude chez les Cyniques de l'Antiquité, lorsqu'ils transforment l'ironie socratique en sarcasme méprisant.

Ces formes de doute restent extérieures à la rationalité et ne l'inquiètent donc pas.

Le doute qui affirmerait la stricte impossibilité de toute connaissance ne serait pas davantage consistant.

Dire « je ne sais rien » est contradictoire.

En toute rigueur, il faudrait se taire. Le doute sceptique met en cause radicalement la raison. Le scepticisme est défini par Lalande comme : « La doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité ».

L'esprit se déclare incapable d'affirmer ou de nier quoi que ce soit. 1° Scepticisme antique et doute cartésien. On sait que les « Méditations » de Descartes commencent, elles aussi, par l'exercice d'un doute absolu : Descartes rejette le témoignage des sens (en rêve on croit voir, entendre, bouger et ce n'est qu'illusion).

Il rejette même les vérités mathématiques (car il peut se faire qu'un « malin génie » toutpuissant s'amuse à me tromper dans toutes mes pensées). Mais ce doute cartésien s'oppose radicalement au doute sceptique.

D'abord le doute cartésien est provisoire (il prend fin lorsque Descartes s'aperçoit qu'il peut douter de tout sauf du fait même qu'il pense et qu'il doute : et cette évidence invincible : je pense donc je suis est une première vérité d'où bien d'autre vont jaillir). C'est un doute volontaire, un doute « feint », dit Descartes dont la fonction est d'accoutumer « l'esprit à se détacher des sens » (« abducere mentem a sensibus ») et même de tout objet de pensée pour révéler en sa pureté l'acte même de penser.

Le doute cartésien a la valeur d'une pédagogie de l'ascèse qui vise à nous délivrer provisoirement des pensées pour révéler que nous avions l'esprit que nous sommes.

Le doute cartésien est méthodique (le malin génie n'est lui-même qu'un « patin méthodologique » (Gouhier), c'est une technique mise au service de la recherche du vrai. Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiement préalable qui précède la construction de l'édifice philosophique, une décision volontaire de faire table rase de toutes les connaissances antérieures pour bâtir une philosophie nouvelle. 2° Les arguments des sceptiques grecs. Tout au contraire, le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de départ mais une conclusion –la conclusion d'échec- au terme de l'aventure du savoir. Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq.

Il faut connaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne, chez Pascal et chez Anatole France. (a) La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disait que le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible.

Les sceptiques ont été parfois de grands voyageurs qui, à force d'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs différentes, ne croient plus à rien.

Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant Alexandre dans un grand nombre de ses. »

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