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Le doute est-il libérateur ?

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« Introduction : Bien définir les termes du sujet : - « Le doute » : Douter c'est remettre en cause, refuser d'accepter immédiatement ce que l'on nous dit, ne pas adhérer.

Le doute est l'état d'esprit touchant la réalité d'une chose ou d'un événement, la validité d'un raisonnement. - « Libérateur » : il s'agit de voir si le doute rend libre.

Mais ici, puisque le doute est une affaire personnelle - c'est de nous-même, de notre savoir, de nos opinions, qu'elles aient été construites par nous ou par la société, la liberté dont il est question n'est pas une liberté physique.

Il s'agit au contraire de notre liberté d'esprit. Construction de la problématique : Le sujet pousse à s'interroger sur les rapports que le doute peut entretenir avec la liberté et en quoi le doute pourrait participer à un processus de libération.

Si le doute peut être libérateur, c'est parce qu'il met à distance la chose étudiée, qu'il est un refus d'adhésion, et comme refus il pourrait ainsi manifester la liberté de notre esprit. à Se pose donc la question de savoir si le doute est réellement libérateur, dans quelle mesure et limite ? Plan : I/ Douter ou être libre d'esprit : ● Le doute peut être un exercice de la liberté de notre volonté. ● C'est ce qu'explique Descartes dans les Méditations métaphysiques.

Il s'est en effet rendu compte qu'il croyait à bon nombre de choses, et que certaines d'entre elles étaient fausses.

Il décide donc de tout examiner, de mettre tout en doute, pour parvenir à la vérité et se libérer des illusions.

Il considère comme fausse toute chose qui n'est pas certaine, c'est l'évidence qui est le critère de certitude.

Le doute cartésien est radical (pas d'intermédiaire entre le vrai et le faux), rationnel (motivé par des raisons de douter) volontaire (repose sur une pure décision) et vécu. Comment puis-je savoir que ce que je pense est vrai ? Je crois détenir des preuves.

Pour approcher de la vérité de l'être, une réflexion sur le savoir semble le meilleur moyen.

En soumettant son entendement à l'expérience du doute hyperbolique, c'est-à-dire en suspendant son jugement sur l'ensemble de ses perceptions, sur l'existence même de ses sens, Descartes est conduit à découvrir un critère certain de la connaissance. ● Ce doute, par ses caractéristiques apparaît donc bien comme étant provisoire, et comme n'étant qu'un moyen.

Et c'est pour cela qu'il est libérateur, puisqu'il permet à celui qui l'exerce de se libérer des illusions du sens commun.

C e faisant, il considère mieux les choses, il peut mieux les juger, et il eut donc mieux agir.

Sa volonté n'est pas guidée par des impressions fausses, mais par des vérités, et les actions sont ainsi plus libres. II/ Douter pour douter ou la pensée stérile : ● C ependant, il est possible de pousser l'exercice du doute à son paroxysme, et, si Descartes considère que le critère de la vérité est l'évidence, il est aussi possible de douter de l'évidence même.

Est-ce que l'ampleur et la force du doute sont proportionnelles à son pouvoir libérateur ? C'est ce que nous allons voir ici. ● Il s'agit maintenant de considérer le doute non plus comme un simple moyen en vue d'une fin qui serait par exemple la vérité, comme c'est le cas chez Descartes, mais une fin en lui-même.

C'est ce que font les sceptiques, initiés par Pyrrhon.

Le doute est chez eux radical et définitif, et consiste dans l'impossibilité pour la raison d'affirmer ou de nier quoi que ce soit avec certitude. ● Etant donné que l'on ne peut rien savoir, il faut suspendre son jugement.

Le scepticisme radical fait que l'on doit non seulement refuser à énoncer une affirmation catégorique, mais aussi renoncer à toute opinion.

On ne peut en effet rien connaître avec certitude puisque sur un seul et même sujet on peut toujours soutenir deux opinions contradictoires.

La seule attitude acceptable est donc celle de la suspension de jugement.

Si cela a initialement pour but le bonheur – en prenant la vie pour guide, l'homme demeure en repose, et reste impassible en matière d'opinion, garde son équilibre face aux nécessités – il n'empêche que le sceptique ne prend aucune décision, et se contente de se laisser porter par le réel.

Au lieu de lui permettre d'arriver à une connaissance vraie, ou à une conclusion sur la manière dont il faut se comporter, il parvient à un ‘'non-savoir'’, et donc à une inaction qui ne favorise pas sa liberté. III/ Le doute maladif : ● Mais il existe une autre forme de doute, plus insidieuse, puisque son but n'est pas de remettre en cause le savoir ou le réel lui-même – pour savoir comment se positionner par rapport à lui – mais plutôt l'individu qui doute lui-même. ● C'est ainsi que Freud, remarque, chez certains de ses patients, un doute obsessionnel.

Il s'agit en réalité d'un trouble mental caractérisé par la manie de vérification ou de répétition indéfinie des moindres gestes, ou par celle de l'interrogation sur la cause de chaque fait.

C'est le cas de la jeune fille qu'il décrit dans son Introduction à la psychanalyse : sa patiente observe un cérémonial avant son coucher, et vérifie un nombre incalculable de fois que son oreiller soit bien éloigné du bois de lit, et que toutes les pendules sont bien hors de la pièce. ● Ce doute, qui ne s'applique pas à une idée, un jugement ou une pensée, et beaucoup plus insidieux, car il remet en cause l'individu lui-même.

Ce dernier n'apprend rien lorsqu'il doute de lui-même ou de ses actes, bien au contraire, cela amène des troubles de la personnalité.

Sans compter que ce doute n'est pas contrôlé, la patiente est obligée d'y obéir.

Loin de libérer celui qui l'exerce, le doute ainsi nommé la rend au contraire esclave, et ce n'est qu'après une thérapie qui lui permettra de rendre conscience des raisons qui la font douter qu'elle pourra s'en libérer. Conclusion : Pour être libérateur, le doute ne doit pas s'exercer sur n'importe quel objet, et il ne doit pas non plus être une fin.

Au contraire, pour ne pas en être prisonnier, il doit être un simple moyen, un état transitoire permettant de parvenir à un plus grand degré de certitude ou de vérité.

(Il est possible de parler de la foi cf.

Saint Augustin, le doute quant à la croyance en Dieu permet, une fois qu'il est dépassé, de faire grandir sa foi). »

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