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Le devenir historique en question

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« Définition des termes du sujet: DEVENIR : Suite d'événements, processus évolutif, changement d'état dans le temps.

Au sens concret, fait de se transformer, d'évoluer. HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). A.

L'histoire dialectique de Hegel L'accumulation des inventions (qui deviennent traditions) nous inciterait à croire que l'histoire est une ligne continue.

C'est ce que suggérait Pascal dans les termes suivants : « Toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement.

» Pascal pensait surtout à l'histoire des sciences, au progrès continu des connaissances scientifiques.

Mais, même dans ce domaine, il semble que l'histoire n'ait nullement cette allure paisible d'accumulation régulière. Pour le philosophe allemand Hegel, le devenir historique n'est pas linéaire, mais dialectique.

Autrement dit, l'histoire avance, comme la pensée, selon un rythme ternaire qui voit se succéder la thèse, l'antithèse (qui est négation de la thèse), puis la synthèse (dans laquelle les deux moments précédents sont à la fois « conservés » et « dépassés »).

Le devenir historique s'effectuerait donc par contradictions surmontées.

N'oublions pas que l'époque où Hegel a vécu fut, avec la Révolution française et ses conséquences, une période critique, pleine de bouleversements, où le présent ne s'ajoutait pas seulement au passé, mais s'efforçait de le renier. B.

Exemple de l'histoire de l'art La conception hégélienne de l'histoire s'étend d'ailleurs à tous les moments du devenir et à tous les domaines de la culture humaine.

Prenons l'exemple de l'histoire de l'art.

L'art de l'Égypte antique est un art symbolique dont les oeuvres sont étranges et démesurées (par exemple les pyramides aux dimensions colossales).

L'art grec classique représente l'antithèse de cette démesure.

Les dieux n'y sont plus des monstres, mais de beaux athlètes aux formes harmonieuses ; le modèle de l'art grec, c'est la forme gracieuse, sereine, équilibrée.

A son tour, l'art romantique, qui triomphe au XIX e siècle, constitue une synthèse.

Il préserve la valeur humaine du stade précédent, mais en réfute la froideur inanimée.

La sérénité grecque est abandonnée : architecture, peinture, musique et poésie exprimeront les luttes et les souffrances de l'esprit. La philosophie hégélienne de l'histoire a été promise à une grande fortune.

Alors que jusque-là, les philosophes tendaient à regarder la vie, selon la formule de Spinoza, « sous l'aspect de l'éternité », Hegel nous enseigne à voir toute chose sous l'angle de l'histoire.

Mais cette philosophie a aussi fait l'objet de nombreuses critiques. Tout d'abord, pour Hegel, l'histoire paraît s'identifier avec la Providence elle-même.

L'histoire, qui n'est que désordre en apparence, qui offre superficiellement le spectacle de la « cohue la plus bigarrée », est la montée et la révélation progressive de l'Esprit universel.

Ce sont les « esprits des peuples » qui constituent les « moments divers » et les « divers degrés » de la réalisation de l'Esprit absolu dans le monde.

La philosophie hégélienne de l'histoire offre ainsi le danger de tout justifier.

Identifier l'histoire à la Providence triomphante, dire, comme Hegel, que la Providence « fait servir le malheur, la souffrance, les fins particulières et la volonté inconsciente des peuples à la réalisation de sa fin absolue et de sa gloire », c'est d'une certaine manière diviniser l'histoire – avec ce risque qui consiste à justifier, voire à glorifier ses pires atrocités.

Plus généralement, des philosophies comme celles de Hegel reposent sur le postulat du progrès, sur cette idée contestable que le changement va toujours, à long terme, vers un état meilleur. Certes, les progrès scientifiques et techniques peuvent être constatés et mesurés.

Mais au nom de quel critère pourrait-on affirmer un progrès moral, ou un progrès artistique ? Les erreurs aussi mènent le monde.

L'espoir dans l'avenir de l'humanité est affaire de foi, non de raison.. »

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