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Le développement technique transforme-t-il réellement l'homme ?

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« Vocabulaire: TECHNIQUE Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.

La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas.

La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir. Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis, et non des dons ou capacités innées. Développement: extension, progrès, croissance. Réellement: en réalité, effectivement, véritablement, vraiment; s'oppose à apparemment, faussement, fictivement. Transformer: faire passer d'un forme à une autre, donner un autre aspect, d'autres caractères formels, changer, modifier, renouveler; devenir différent, évoluer. [Introduction] L'histoire humaine se confond avec l'histoire du développement technique.

Si nous ne doutons pas de la réalité des modifications de la technique sur notre environnement, la question est moins évidente quant à son impact sur l'être de l'homme.

Il semble difficile d'admettre que le développement technique ait pu altérer l'essence même de l'homme. Il va donc s'agir ici de s'interroger sur les rapports qu'entretient l'homme avec le technique. [I.

Le développement technique a libéré l'homme] Le développement technique est un facteur de civilisation.

Le premier outil inventé et fabriqué par l'homme fut une étape décisive pour sa survie.

Il s'est affranchi de certaines contraintes naturelles et il a établi son règne sur la nature et les animaux.

Le mythe de Prométhée dans le Protagoras de Platon raconte bien comment l'homme, naturellement démuni, réussit à survivre en découvrant les arts du feu.

Toute la tradition philosophique jusqu'au xvle siècle séparait le connaître et le faire.

Les philosophes grecs, comme Platon ou Aristote, considéraient la science dont la philosophie - comme une activité désintéressée réservée aux hommes libres (non esclaves).

Le savoir permettait de mieux comprendre le monde, son harmonie.

La fabrication était une activité dépréciée.

La science était théorique, spéculative (le mot grec theoria signifie «contemplation »), la technique était pratique. Descartes a inauguré l'ère technicienne en affirmant, dans la sixième partie du Discours de la méthode, que nous deviendrions «comme maîtres et possesseurs de la nature », grâce à notre nouvelle compréhension du monde qui associe science et technique : connaître et produire vont de pair.

Avec Descartes, la science devient pratique, et la technique une science appliquée.

Descartes sépare alors radicalement le corps et l'esprit : le corps est de la matière régie par les lois de la mécanique ; c'est en quelque sorte une machine qu'il faut garder en bon état de fonctionnement.

C'est pourquoi le corps humain peut devenir objet de science.

Descartes insiste sur le rôle de la médecine et de la santé, et sur le développement technique pour améliorer la condition humaine.

Il ne considère pas que la politique puisse être d'une quelconque utilité dans la libération des hommes.

La science appliquée, oui.

Il postule la possibilité d'une technique libératrice qui doit libérer l'homme : – de la souffrance du travail, grâce aux inventions ; – de la maladie, grâce au développement de la médecine ; – de la nature en général. Le développement technique a transformé notre rapport au monde et aux autres hommes.

Mais a-t-il transformé l'être même de l'homme, son essence ? [II.

Le développement technique a transformé notre rapport au monde] Nous sommes aujourd'hui les héritiers de Descartes.

La science, au sens grec, c'est-à-dire la science désintéressée, n'a plus vraiment cours, puisque même la recherche fondamentale est sponsorisée par les grands laboratoires pharmaceutiques ou les entreprises de très haute technologie, qui veulent rentabiliser le plus vite possible leurs investissements.

Ce qui conduit parfois à des tragédies mais toujours à des interrogations morales : un nouveau médicament mis trop rapidement sur le marché sans que tous les effets secondaires en soient connus, des interventions chirurgicales dont l'homme est le cobaye comme les xénogreffes (transplantation de l'organe d'un animal chez l'homme), etc.

Nous dominons et exploitons la nature dans laquelle nous vivons, mais aussi la partie naturelle de nous-mêmes qu'est notre corps.

Nous sommes devenus un objet d'étude. Le projet cartésien est devenu une idéologie.

Or nous avons oublié que Descartes le concevait comme un projet, comme une projection du futur, non comme une obligation quasi totalitaire.

Cette vision et cette compréhension du monde sont historiquement datées.

Il est toujours possible de comprendre différemment l'homme et le monde.

C'est ce que soutiennent Heidegger et, en règle générale, les ethnologues.

La civilisation des Dogons par exemple, au Mali, nous montre un rapport au monde totalement différent : un rapport symbolique et magique où tout individu, tout objet, toute action, et la nature entière, font sens.

Certains outils n'ont pas été modifiés depuis des siècles, non pas parce que les Dogons en sont incapables, mais parce que leur rapport au monde n'est pas défini par la performance matérielle, et que ces outils ont un caractère sacré.. »

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