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Le développement technique peut-il être un facteur d'esclavage ?

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« Introduction Cette question prend le contre-pied de ce que l'on pense habituellement du progrès technique, en général, on imagine que ce même progrès tend à réduire les possibilités d'esclavage car la technique seule pourrait réduire la charge de travail.

Or c'est la pénibilité et non l'esclavage qui serait réduite.

L'esclavage serait bien plutôt la réduction de l'homme à une chose, à un simple adjuvant, et dans le cadre du développement technique, ce serait l'homme qui serait le véritable esclave de la machine et non l'inverse.

Il serait asservi justement à ce développement, et ne pourrait s'en défaire. 1) Le développement technique et l'esclavage moderne : l'aliénation. L'ouvrier n'est aliéné dans le produit que parce qu'il est aliéné dans l'activité du travail elle-même ; c'est lui-même que l'homme aliène, dans une activité qui appartient à un autre.

Finalement, le travail aliéné rend étranger à l'homme la nature, lui-même, l'autre homme, « la vie générique et la vie individuelle ».

Le travail rendu étranger, le travail aliéné, vient ainsi occuper la place dont Hegel faisait résulter de la prise de possession immédiate, devient le résultat, inconnu de l'homme propriétaire, du travail aliéné, du travail devenu étranger.

En d'autres termes, le produit du travail devient étranger à l'homme qui l'a produit de par la division du travail de l'économie capitaliste. L'homme rencontre le produit de son travail comme un être étranger, comme une puissance indépendante de luimême en tant que producteur.

Cette promotion de l'aliénation suppose que l'économie marchande elle-même couvre tous les rapports de l'homme à la nature, par la production et la consommation, et ceux de l'homme à l'homme, par la relation d'échange.

L'aliénation vient de l'oubli du rapport de l'homme à la nature, de son recouvrement par des lois d'échanges qui n'ont rien de naturel.

L'homme n'est plus possesseur de son essence, le mode de production capitaliste va contre la nature de l'homme.

Aussi, Marx et ses disciples tenteront de redonner au travail une dimension plus humaine par le biais du communisme.

Il tente en vérité de rapprocher l'homme du produit de son travail, et de revenir à une vraie reconnaissance du travail de l'ouvrier dans son objet.

Dans ce cadre, l'activité technique est ce qui a engendré l'aliénation, la division du travail, la parcellisation engendrée par la mécanisation et l'automatisation.

[On développera cette partie avec l'analyse marxiste ci-dessous] Division du travail et aliénation : le paradoxe d'une vie sociale qui devient, dans certaines conditions, étrangère et opaque à ceux qu'elle est censée servir. Les analyses de Marx concernant la généralisation des échanges dans la société capitaliste, et l'emprise croissante des catégories marchandes sur la vie sociale, ont mis en évidence les mécanismes fondamentaux qui font que « les rapports entre les choses » tendent de plus en plus à régler, à dominer « les rapports entre les hommes ».

Ce phénomène, que Marx? analyse dans un passage célèbre intitulé « le caractère fétiche de la marchandise » (Le Capital, livre l) tient au fait que la production et l'échange, réglés par les finalités du profit capitaliste et non par la satisfaction harmonieuse des besoins fondamentaux de la société, sont perçus comme un monde étranger, extérieur à chaque travailleur, et exerçant sur lui une contrainte dont il ne peut comprendre la signification qu'en élucidant les conditions de son exploitation, c'est-à-dire les rapports sociaux de production qui régissent toute l'activité sociale.

Mais le plus souvent, le monde des apparences, renforcé par le langage et les conditionnements idéologiques, occulte totalement le fonctionnement réel de l'exploitation capitaliste.

Le capital et l'argent semblent doués d'une vie propre, autonome.

L'argent « fait des petits » (il peut même « travailler ») tandis que le réinvestissement des profits vient grossir le capital qui, ainsi, semble s'accroître de lui-même.

Avec le salaire aux pièces ou au temps passé, le travailleur peut même avoir l'illusion que l'intégralité du travail fourni est rétribuée, puisqu'il touche une somme « proportionnelle » à la tâche ou au temps passé.

Le discours des économistes qui gèrent le système, des technocrates et des comptables, vient renforcer cette illusion et la systématiser.

Pourtant, un examen un peu attentif et idéologiquement honnête de -la sphère des échanges et de celle de la production doit conduire à une constatation, que l'on peut résumer schématiquement ainsi : si, dans la sphère des échanges, et au terme d'un processus de production déterminé, apparaît du « profit » (c'est-à-dire une somme d'argent excédentaire par rapport à la somme initialement investie), c'est bien que de nouvelles valeurs ont été produites, et qu'elles n'ont pas reçu, dans l'acte d'achat de la force de travail, une contrepartie en argent.

Comme le note Marx, si le détenteur des capitaux et des moyens de production payait à sa valeur la totalité du travail fourni, il ne pourrait réaliser de profit : celui-ci, travesti en « bénéfice », n'est pas autre chose que la forme prise par la plus-value, c'est-à-dire la différence entre la valeur de la force de travail achetée pour un temps déterminé et la valeur des produits effectivement fabriqués pendant ce temps.

Mais le « contrat de travail » et toutes ses stipulations juridiques occultent un tel mécanisme et suscitent de surcroît l'illusion que le patron et l'ouvrier contractent librement et définissent en commun les conditions de l'embauche, alors que les conditions d'existence de chacun, la distribution des richesses, l'état du marché du travail, etc., rendent totalement illusoire et mystifiante cette « égalité juridique ».

Pour être saisie dans sa signification réelle, la forme apparente de l'échange doit être référée aux conditions concrètes dans lesquelles se trouvent effectivement les hommes et les classes sociales auxquelles ils appartiennent.. »

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