Le désir, signe d'une imperfection, révèle un manque ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
IMPERFECTION: état de ce qui est inachevé, imparfait, qui a un défaut.
SIGNE:
Tout élément sensible renvoyant à un élément non sensible, "abstrait" (exemple : le signe "x" qui indique la
multiplication).
En linguistique (signe linguistique), entité double formée par la combinaison du signifiant et du
signifié.
Désir
Le désir est d'abord la prise de conscience d'un manque, dont la satisfaction procure du plaisir.
Le stoïcisme
préconise de discipliner nos désirs si on veut atteindre le bonheur.
Platon nous invite quant à lui à nous méfier du désir, car il est insatiable, et de ce fait, source d'insatisfaction
toujours recommencée.
1.
Le regret
Le désir est le regret (desiderium, en latin) de notre primitive nature, du tout que nous formions avant d'être
séparés par le dieu (Platon, Le Banquet, discours d'Aristophane) : à l'origine, l'homme était double, à la fois masculin
et féminin.
Zeus, dans un moment de colère, a séparé en deux cet être singulier.
Ainsi, l'excès propre au désir est
en réalité le signe d'un manque, d'une nostalgie de l'état originel.
Il est fils « de Pauvreté et d'Expédient » (discours
de Diotime), condamné à être toujours insatisfait.
Il est impossible, comme le voudrait Calliclès (Gorgias), d'assouvir
tous ses désirs.
D'où la nécessité de réprimer les désirs « terribles, sauvages, sans lois » (La République, IX).
2.
La maîtrise
La volonté et la raison permettent de régler les désirs.
Pour Descartes, les désirs et les passions viennent du corps,
et il serait erroné de croire qu'ils agissent en nous comme une fatalité.
En revanche, il est impossible de changer le
cours de la nature.
La sagesse est donc de « vaincre ses désirs plutôt que l'ordre du monde» (Discours de la
méthode).
Dans la troisième partie du « Discours de la méthode », Descartes
affirme qu'une de ses règles d'action est « de tâcher plutôt à me vaincre que
la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde »
(« Fortune » désigne ici le cours changeant de la nature).
Pour comprendre cette maxime, qui semble d'un conformisme révoltant, il faut
savoir qu'elle fait partie d'une morale « par provision », c'est-à-dire qu'elle ne
correspond pas à la morale définitive de Descartes, mais s'intègre à un
ensemble de règles provisoires et révisables, dictées par l'urgence de la vie et
de l'action, alors même que la raison et la recherche recommandent la
prudence.
Le « Discours de la méthode » présente la biographie intellectuelle de
l'auteur, et les principaux résultats auxquels il est parvenu par une démarche
aussi singulière que révolutionnaire.
Afin de parvenir à une certitude absolue
et indubitable, Descartes décide de remettre au moins temporairement en
cause la totalité de ses opinions.
Pour parvenir « à la connaissance vraie de
tout ce qui est utile à la vie », il se voit obligé de rejeter la totalité de ce qu'il
avait cru.
Dans les « Méditations », il décrit ainsi son attitude :
« Je suppose que toutes les choses que je vois sont fausses ; je
me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de
songes me représente ; je pense n'avoir aucun sens...
».
Il faut comprendre que ce doute est une démarche intellectuelle qui a pour but de détruire le « palais » de
l'ancienne métaphysique, qui n'était bâti que « sur du sable et de la boue », pour reconnaître le véritable palais des
sciences sur le roc de la certitude.
Mais une question nouvelle apparaît : pendant que je détruis mon ancienne demeure, pour en reconstruire une
nouvelle, où vais-je loger ?
« Car ce n'est pas assez, avant de recommencer à rebâtir le logis où l'on demeure, que de l'abattre [...] il faut aussi
s'être pourvu de quelque autre où o puisse être logé commodément pendant le temps qu'on y travaillera.
»
Pendant que le doute m'oblige à n'admettre aucun principe, comment vais-je vivre, et vivre au milieu des
autres, sur quels principes vais-je régler mes actes, moi qui rejette tous les principes ? Sur quels critères vais-je
choisir d'agir, pendant que je doute de tout ? La démarche intellectuelle de Descartes l'oblige à être irrésolu en ses
jugements, de tout passer au crible du doute, mais « les actions de la vie ne souffrent aucun délai.
»
« Ainsi, afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions pendant que la raison m'obligerait de l'être en mes.
»
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