Le désir est-il seulement créateur d'illusions ?
Extrait du document
«
Le désir est la recherche d'un objet que l'on imagine ou que l'on sait être source de satisfaction.
Mais le désir se
distingue du besoin en ce que le désir fait intervenir la conscience, l'imagination, la mémoire et peut se porter sur
des objets que l'instinct ne rend pas indispensable à ma survie.
Ainsi le désir peut se porter sur un objet qui n'est
pas vital mais dont le manque est vécu comme un manque essentiel, presque naturel.
Le désir me fait donc croire
que ce dont je manque m'est vital.
De même, le désir peut modifier mon rapport au monde et m'éloigner de la réalité
car le désir est un prisme déformant, qui me prive d'objectivité.
Le désir est donc avant tout créateur, il transfigure
la réalité et cette transfiguration est sa propriété essentielle.
Mais vous devez alors vous demander si cette
création ne peut pas entraîner une illusion bienheureuse, par exemple dans le cas de l'œuvre d'art.
En effet, le désir
est le signe de ma liberté, de ma possibilité de dépasser la nature, ce qui s'appelle la culture.
[Le désir ne crée que des illusions, et c'est pourquoi le bon sens nous dit qu'«il ne faut pas prendre ses
désirs pour la réalité».
Désirer, c'est croire qu'un objet quelconque est capable de combler le manque que
je ressens.
Or, aucun objet particulier ne saurait satisfaire le désir.
Donc, le désir se condamne à ne viser
que des illusions.]
Le désir est à l'origine des illusions religieuses
Le désir, c'est d'abord, selon Freud, le désir infantile et oedipienne d'être protégé et aimé.
Ainsi crée-t-il
l'illusion religieuse d'un Père aimant et protecteur.
La religion a une fonction consolante parce qu'elle offre la
perspective d'un au-delà dans lequel le désir trouvera sa satisfaction.
Mais elle répond aussi au besoin de
protection et d'amour de l'homme par l'image d'une Providence bienveillante sous la forme de Dieu le Père : «
Nous le savons déjà : l'impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d'être protégé
–protégé en étant aimé- besoin auquel le père a satisfait : la reconnaissance du fait que l'homme s'est
cramponné à un père, à un père cette fois plus puissant.
L'angoisse humaine en face des dangers de la vie
s'apaise à la pensée du règne bienveillant de la Providence divine.
» Ainsi, donc, pour Freud, la religion est une
illusion engendrée par le désir et c'est de l'image paternelle que provient l'idée de Dieu.
« Représentons-nous la vie psychique du petit enfant.
[...]
La libido suit la voie des besoins narcissiques et s'attache aux objets
qui assurent leur satisfaction.
Ainsi la mère, qui satisfait la faim, devient
le premier objet d'amour et certes de plus la première protection contre
tous les dangers indéterminés qui menacent l'enfant dans le monde
extérieur ; elle devient, peut-on dire, la première protection contre
l'angoisse.
La mère est bientôt remplacée dans ce rôle par le père plus fort, et ce rôle reste dévolu au
père durant tout le cours de l'enfance.
Cependant la relation au père est affectée d'une
ambivalence particulière.
Le père constituait lui-même un danger, peut-être en vertu de la
relation primitive à la mère.
Aussi inspire-t-il autant de crainte que de nostalgie et
d'admiration.
Les signes de cette ambivalence marquent profondément toutes les religions
[...].
Et quand l'enfant, en grandissant, voit qu'il est destiné à rester à jamais un enfant,
qu'il ne pourra jamais se passer de protection contre des puissances souveraines et
inconnues, alors il prête à celles-ci les traits de la figure paternelle, il se crée des Dieux,
dont il a peur, qu'il cherche à se rendre propices et auxquels il attribue cependant la tâche
de le protéger.
Ainsi la nostalgie qu'a de son père l'enfant coïncide avec le besoin de
protection qu'il éprouve en vertu de la faiblesse humaine ; la réaction défensive de l'enfant
contre son sentiment de détresse prête à la réaction au sentiment de détresse que l'adulte
éprouve à son tour, et qui engendre la religion, ses traits caractéristiques.
»
Freud.
Pour Épicure, c'est la peur de la mort et le désir d'immortalité - désir vain par excellence - qui précipite
l'homme dans la quête insensée de biens illusoires.
Une métaphysique matérialiste va permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la
crainte de la mort.
Les hommes ont peur de la mort.
Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut
dans l'absolument inconnu.
Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances
terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.
Les chrétiens, par exemple,
imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.
La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous
libère.
De plus, si tout dans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne
sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le désir est-il seulement créateur d'illusion ?
- Texte de Hobbes : Explication de texte - Thèmes : le désir, le bonheur , la définition du bonheur
- [De l'acte créateur]
- LE DÉSIR (résumé)
- Le désir est l'essence même de l'homme - Baruch Spinoza (1632-1677)