Le corps est-il méprisable ?
Extrait du document
«
Le mépris est cette attitude de défiance à l'égard de quelque chose que l'on tient pour peu de prix, pour peu de
valeur.
Dire que le corps est méprisable c'est donc l'entrevoir comme quelque chose de peu estimable, comme un
fardeau.
Dans une première partie, vous pouvez évoquer la célèbre thèse de Platon qui condamne le corps comme
étant le " tombeau de l'âme " puisqu'il est un obstacle à l'élévation de cette dernière vers les Intelligibles.
Platon
verra même la mort comme une libération de l'âme des griffes du corps.
« Il semble que la mort est un raccourci qui nous mène au but,
puisque, tant que nous aurons notre corps et que notre âme sera
pétrie avec cette chose mauvaise, jamais nous ne posséderons en
suffisance l'objet de notre désir.
Or, cet objet, c'est, disons-nous,
la vérité.
Et non seulement mille et mille tracas nous sont en effet
suscités par le corps à l'occasion des nécessités de la vie mais des
maladies surviennent-elles, voilà pour nous de nouvelles entraves
dans notre chasse au vrai ! Amour, désir, craintes, imaginations
de toutes sortes, innombrables sornettes, il nous en remplit si
bien que par lui (oui, c'est vraiment le mot connu) ne nous vient
même réellement aucune pensée de bon sens : non pas une fois!
Voyez plutôt : les guerres, les dissensions, la bataille, il n'y a pour
les susciter que le corps et ses convoitises; la possession des
biens, voilà en effet la cause originelle de toutes les guerres, et si
nous sommes poussés à nous procurer des biens, c'est à cause du
corps, esclaves attachés à son service !
Par sa faute encore, nous mettons de la paresse à philosopher à
cause de tout cela.
Mais ce qui est le comble, c'est que, sommes
nous enfin arrivés enfin à avoir de son côté quelque tranquillité,
pour nous tourner alors vers un objet quelconque de réflexion, nos
recherches sont à nouveau bousculées en tous sens par cet intrus
qui nous assourdit, nous trouble et nous démonte, au point de
nous rendre incapables de distinguer le vrai.
Inversement, nous avons eu réellement la preuve que, si
nous devons jamais savoir purement quelque chose, il nous faudra nous séparer de lui et regarder
avec l'âme en elle-même les choses en elles-mêmes.» PLATON
Le "Phédon" est le dialogue de Platon qui décrit les derniers instants de l'existence de Socrate.
Pourquoi
Socrate n'a-t-il pas peur de mourir ? Pourquoi juge-t-il même la mort préférable ?
1.
La mort est bonne (lignes 1 à 6, jusqu'à « ...
de nouvelles entraves dans notre chasse au vrai »)
A.
La mort comme « raccourci »
La mort est la séparation de l'âme d'avec le corps.
La mort offre donc un raccourci vers l'objet désiré, la vérité,
car le corps sensible est une entrave à la connaissance des intelligibles ou Idées.
Socrate met de la sorte en
évidence les avantages de la mort : mourir, c'est s'arracher à l'erreur, à l'illusion et accéder à une vérité
supérieure.
Mourir, c'est renaître à l'essentiel.
B.
Le désir de vérité
Le « désir de vérité », la « chasse au vrai », voilà la définition même de la philosophie.
Le corps nous empêche
d'être des philosophes.
Le corps est le tombeau de l'âme.
La philosophie platonicienne est une philosophie
dualiste.
L'homme est composée de deux substances hétérogènes que sont l'âme et le corps.
C'est pour cette
raison que la mort perd son caractère effrayant.
elle devait même souhaitable.
2.
Les méfaits du corps (lignes 7 à 13, jusqu'à « ...
esclaves attachés à son service! »)
A.
Le corps entrave l'accès à l'ataraxie
Socrate développe ici l'argument qui soutient son apologie de la mort.
Le corps est une entrave pour nous
parce qu'il est la source de nos désirs, de nos passions et donc de notre servitude : nous sommes ses
esclaves.
Nous ne sommes donc pas seulement assimilables à notre corps.
Celui-ci est comme un étranger, car
notre véritable essence réside dans notre âme.
Socrate affirme ici la primauté du psychique sur le somatique.
B.
Le corps doublement condamné
Socrate incrimine le corps pour des motifs gnoséologiques : le corps est un obstacle à la connaissance, car il
perturbe l'exercice de notre âme dans son aspiration à l'absolu.
Mais il invoque également des motifs d'ordre
éthique : le corps est le principe de toute la négativité du monde (guerres, passions, etc.).
Le corps, ce
fossoyeur de l'âme.
Discussion.
»
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