Aide en Philo

Le conflit est-il au fondement de tout rapport avec autrui ?

Extrait du document

« Compréhension du sujet A.

Sens des mots de l'énoncé : — L'expression «rapport avec autrui» renvoie aux domaines psychologique, moral et social, quand on envisage les différents types de relation que le «moi» entretient avec les autres, semblables, frères ou ennemis. — On rencontre le terme «conflit» en psychologie où il exprime une force d'opposition au «moi» (cf.

conflit des générations, rapports conflictuels avec le père, la mère) et dans les rapports sociaux et politiques où il exprime la guerre. — «Fondement» n'est pas synonyme d'origine, de point de départ (bien que cela soit à envisager), mais plutôt de base, de «principe». B.

Sens de l'énoncé : L'interrogation «est-il» demande d'établir un fait : le conflit est un mode quasi constant de rapport avec autrui ; puis de l'analyser : savoir si la relation avec autrui s'édifie à partir de ce rapport conflictuel, et s'il est de la nature de tout rapport d'être conflictuel. C.

Présupposés de la question : Les rapports avec autrui sont conflictuels, mais il y a doute sur l'origine, la nature et le fondement de ces rapports. Pourquoi ? D.

Formulation du problème : Ou bien le conflit est au fondement de tout rapport, ou s'il ne l'est pas, ne peut-on envisager un autre fondement qui serait l'amour, l'harmonie entre les consciences ? Recherche des idées A.

Rappel : — Autrui, c'est l'autre, tous les autres, mes semblables qui pourtant diffèrent de moi.

«Moi» est un organisme à particularités physiques et biologiques ; «moi» comprend ma personnalité sociale (cf.

mo'n curriculum vitae) ; «moi» est un ensemble psychique : mes sentiments, mes idées, mes désirs mais aussi mes souvenirs, mes espérances, mes projets. Mais les limites du moi sont floues, aucun de ces éléments n'est absolument constitutif du moi.

Ma conscience, jamais limitée à quoi que ce soit (ni à son milieu, ni à sa profession, ni à tel désir, ...) est toujours changeante, en devenir.

C'est pourquoi dès qu'autrui traite en objet ma conscience, il la méconnaît, il l'aliène. Cependant ma conscience ne peut obtenir de vérité sur elle-même que dans une relation avec autrui.

Il faut qu'une autre conscience la reconnaisse comme telle (ex.

: l'autre m'aliène en m'ignorant, je ne sers plus à rien ni à personne). — Les différentes sortes de rapports avec autrui : Le rapport de force : Dans la relation maître-esclave, le maître aliène l'esclave pour autant que celui-ci est soumis par la force.

Il n'y a pas ici de relation réelle entre deux consciences, de reconnaissance d'autrui car il n'y a personne que des esclaves pour reconnaître le maître et lui ne peut se reconnaître en eux. Le rapport d'utilité : On a besoin d'autrui pour satisfaire ses désirs ou réussir une entreprise.

La reconnaissance d'autrui n'est pas désirée pour elle-même ; l'autre n'est considéré que comme un moyen pour parvenir à ses fins.

Le rapport de solidarité : Il s'agit de retrouver dans la conscience d'autrui la conscience qu'on a de soi-même (ex.

: quand nous voulons faire reconnaître notre sincérité, notre courage, notre bonne foi). — Le besoin de la reconnaissance d'autrui : Ma conscience aventureuse, insaisissable se manifeste par ses paroles, ses actes, ses œuvres, c'est alors qu'on peut la saisir, sinon, comment reconnaître ce que je suis ? Je peux toujours trahir, mentir, chacun peut être pour l'autre une énigme.

De là on comprend : la nécessité de la loi qui oblige la conscience à respecter ses engagements, à tenir parole ; l'importance des traditions, des rôles, le comportement de chacun étant déterminé par sa situation il cesse d'être imprévisible à autrui ; la recherche de la sincérité idéale, celle d'une conscience pure, libérée, transparente à tous ; le désir de l'amour serein où les consciences ne se cachent plus l'une de l'autre, ne se traquent plus comme c'est le cas dans les amours passionnels. - L'aliénation de ne pas être reconnu : Ignorant ce que nous sommes, nous essayons de nous reconnaître dans ce que les autres pensent et voient de nous ; nous sommes donc à la merci d'autrui qui devient l'interprète de notre vie.

De là la tentation de lui jouer la comédie, de le persuader que nous sommes ce que nous voudrions être afin qu'il nous renvoie une bonne image de nous-même (ex.

: la mauvaise foi, la vantardise). - Si la conscience avait la certitude de ce qu'elle est, que lui importerait de ne pas être reconnue ? C'est toujours moi-même qui me juge à travers le regard d'autrui et me mettre à sa place c'est me mettre à ma propre place. L'essentiel n'est peut-être pas de chercher à connaître autrui mais de chercher à Y aimer. B.

Bibliographie : - ROUSSEAU, Emile, (livre IV). - KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs, Delagrave, p.

148-150. - BACHELARD, Psychanalyse du feu, coll.

Idées, Gallimard, p.

9.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles