Le cas de l'Homme aux rats

« La philosophie doit être systématique Une philosophie sans système n'a rien de scientifique; outre qu'elle n'exprime guère dans ce cas qu'une disposition d'esprit subjective, le contenu en est contingent.

Un contenu ne peut se justifier que comme moment de la totalité, sinon ce n'est qu'une présomption sans fondement ou une certitude subjective ; nombre d'écrits philosophiques se bornent à n'exprimer de cette manière que des convictions et des opinions.- Sous le terme de système, on comprend à tort la philosophie d'un principe limité, distinct des autres ; c'est, au contraire, le principe de la philosophie véritable de renfermer tous les principes particuliers. HEGEL, Précis de l'Encyclopédie des sciences philosophiques (1817) Le système et la responsabilité de la pensée Système et cohérence À en croire ici Hegel lui-même, la philosophie ne peut être que systématique.

La présentation des idées d'un philosophe doit ainsi s'effectuer sous l'aspect d'un système.

Mais comment définir ce dernier ? Dans son Traité des systèmes (1749), Condillac écrit : « Un système n'est autre chose que la disposition des différentes parties d'un art ou d'une science dans un ordre où elles se soutiennent toutes mutuellement et où les dernières s'expliquent par les premières.

» Le système présente de la sorte deux qualités remarquables: il permet de saisir les relations réciproques entre ses parties, et de déduire ses propositions ultimes de ses principes. Système et opinion Cette articulation des éléments de la pensée distingue l'affirmation philosophique de la simple opinion.

La première se présente comme logiquement nécessaire dans la mesure où elle est intégrée dans un réseau de démonstrations qui lui confère tout son poids.

Au contraire, la seconde n'est pas reliée logiquement à d'autres énoncés - elle est ainsi arbitraire, purement subjective ou instable, et c'est en raison du caractère aléatoire de son apparition, ou de son évanouissement, que le philosophe la rejette.

De plus, l'opinion est souvent considérée comme irresponsable ou anonyme, dans la mesure où, ne dépendant pas d'une démarche rigoureuse et personnelle qui aurait mené à sa découverte, elle apparaît comme l'écho d'une rumeur dont la source est introuvable.

À l'inverse, le système est d'abord celui d'un philosophe, il répond d'une trajectoire personnelle.

En ce sens, évoquer le «système de Descartes», c'est s'intéresser à l'élaboration intellectuelle d'un individu ; tandis qu'en se référant à une « mentalité cartésienne », on désigne ce qui devient une tradition plus floue, qui rassemble de nombreux esprits. C'est donc parce qu'il constitue une totalité autonome (et non une simple addition arbitraire) que le système philosophique fournit à chacun de ses éléments une force de persuasion spécifique.

Cette dernière se fonde, non sur la séduction, mais sur une élaboration de la raison, et c'est bien à ce titre qu'elle peut entraîner l'adhésion du lecteur, supposé lui aussi rationnel.. »