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Le bonheur est-il dans la durée ou dans le présent ?

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« Seul ce qui dure a de la valeur. C'est, au fond, parce qu'il n'y a de plaisir que dans l'instant, que ce dernier se révèle tout à la fois éphémère et inconsistant.

Le culte de l'instant sans durée débouche sur la mort.

Le bonheur serait donc, sinon dans une vie purement spirituelle, du moins dans l'unification de notre existence à travers ce qui dure, ce qui a de la valeur : le mariage, la fidélité, les sentiments durables, une profession stable.

Seules la permanence et la sécurité pourraient apporter à l'homme le repos d'esprit et le contentement nécessaire au bonheur. Un instant peut comporter l'éternité. Mais s'il est vrai qu'il n'y a pas de plaisir durable, on peut objecter qu'il n'est pas de bonheur dans le seul souvenir ni dans la seule attente.

Le bonheur, c'est aussi ici et maintenant.

Vivre à l'écart de son propre présent, c'est se priver de ce qui se présente, de ce qui existe, de l'offrande de la vie.

Un instant (la magie d'un soir à l'opéra, une rencontre amoureuse instantanée et brève) peut comporter l'éternité, au point qu'on puisse, pour revivre cet instant, dire oui à la vie, vouloir la revivre encore telle qu'on l'a vécue, la vivre de nombreuses fois, en acceptant même de revivre sa part de souffrance.

Un bonheur, même éphémère, c'est tout le bonheur. Introduction. Carpe diem ! Voilà un des slogans les plus controversés de la tradition philosophique.

Prônant le plaisir de l'instant comme principal vecteur du bonheur, il est critiqué de toutes parts au nom d'une vision plus globale du bonheur à l'échelle de l'existence tout entière.

Peut-on alors dire qu'il n'y a de bonheur que dans l'instant ? Pour étudier cette question, nous nous demanderons tout d'abord pourquoi on peut désigner l'instant comme le moment du bonheur ; nous verrons ensuite pourquoi l'on peut chercher à dépasser l'instant pour fonder le bonheur sur la continuité ; enfin nous verrons comment le bonheur compris comme joie peut réconcilier l'instant et l'éternité. I.

Des instants de bonheur Le bonheur comme émotion. Lorsque nous vivons un instant d'émotion particulièrement vive, nous disons fréquemment que « c'est le bonheur » : le quotidien est marqué par la routine et des instants qui se ressemblent tous, formant une continuité indistincte ; sans doute n'y sommes-nous pas malheureux, mais le bonheur ne devient conscient que lorsque l'émotion est grande, et elle ne peut l'être beaucoup plus qu'un instant : ensuite le sérieux de l'existence reprend ses droits. Le bonheur comme rencontre. Si c'est dans l'instant que l'on trouve le bonheur, c'est aussi que souvent ce dernier est le fruit d'une rencontre avec autrui ; or la vie est ainsi faite que les rencontres sont souvent fortuites, épisodiques, éphémères. Le bonheur et l'ennui. Une rencontre se transforme-t-elle en relation durable, un flirt en mariage? Alors s'installe bien souvent non pas un bonheur continu mais l'ennui de l'uniformité.

C'est souvent cette crainte de ne pas réussir la conversion à la durée qui fait dire qu'il n'y a de bonheur que dans l'instant.

L'instant serait alors non seulement le « lieu » (si l'on peut dire) privilégié du bonheur, mais même le seul.

C'est ici l'image de Don Juan qui s'impose : le catalogue qu'il tient de ses amours est celui des instants de bonheur qu'il collectionne et oppose à l'ennui du mariage légitime. II.

Plaisir et bonheur. La tradition philosophique est cependant relativement unanime pour signaler qu'il y a là une confusion entre bonheur et plaisir : ce que nous appelons bonheur d'un instant, n'est-ce pas plutôt le plaisir, et ne faut-il pas réserver l'idée de bonheur à une vision plus englobante de l'existence ? Le bonheur transcende le plaisir. Les épicuriens eux-mêmes reconnaissent que le plaisir ne peut contribuer au bonheur que s'il n'est pas immédiatement suivi de souffrance ou s'il n'est pas trop difficile de se le procurer.

Ainsi le plaisir se situe dans l'instant mais le bonheur désigne le bilan des instants de plaisir et de douleur, lorsqu'il est positif. Bonheur et vie réussie. C'est que les hommes sont conscients au-delà de l'instant présent ; ils peuvent d'une part, se représenter leur vie entière, d'autre part, distinguer l'illusion de la réalité ; on ne dira pas d'un homme qu'il est heureux si son bonheur repose sur une illusion ; et peut-on le dire heureux si l'oeuvre de sa vie s'effondre à l'heure de sa mort ? L'eudaimonia grecque est la pensée de la vie réussie ; c'est pourquoi Aristote disait qu'on ne peut vraiment juger du bonheur d'un homme qu'après sa mort.. »

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