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Le besoin d'une conviction est-il signe de faiblesse ?

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« Il faut opposer le doute à la conviction Saint Thomas d'Aquin a dit: «Timeo hominem unius libri.» Cette réflexion, qui signifie: «Je crains l'homme qui n'a lu qu'un seul livre», peut être interprétée de la manière suivante: il faut craindre celui qui ne jure que par telle idée.

Il est assez faible pour se montrer méchant, c'est-à-dire imposer, par la violence s'il le faut, ce qu'il croit être la vérité. La vérité peut faire peur En réalité, dit « Hegel, être convaincu devient quelque chose d'entièrement négligeable, s'il ne m'est pas possible de connaître ce qui est vrai» (Principes de la philosophie du droit).

L'homme de conviction ne réfléchit pas.

C'est un homme politique, qui, par faiblesse, veut le pouvoir.

De ce fait, il ne remettra jamais en cause les idées auxquelles il s'est attaché. Penser est la plus grande aventure Tous les découvreurs sont partis de cette conviction: ils n'ont aucune conviction.

Jamais les Européens n'auraient découvert le Nouveau Monde s'ils en étaient restés à cette conviction: la Terre est plate; au-delà de l'horizon, il y a le vide. Toute conviction est un arrêt de la pensée.

Or, les hommes les plus courageux ont toujours été ceux qui ont tenté l'aventure de l'esprit. Croyance et conviction font jeu égal Est-ce par faiblesse que l'homme croit à son destin? Est-ce par faiblesse qu'il croit que l'humanité poursuit certains buts? Sans conviction première, les hommes, conscients de leur existence, des drames qui la jalonnent, se seraient tous suicidés.

Autrement dit, s'il n'est pas inutile de continuer à penser, travailler, c'est que l'humanité a la conviction que son existence a un sens. Le doute n'exclut pas la conviction Que Descartes, Diderot, Nietzsche fassent l'apologie du doute, ils n'en demeurent pas moins, peu ou prou, attachés à cette conviction: la vie vaut la peine d'être vécue. S'ils avaient pensé le contraire, ils ne se seraient pas donné tant de peine à écrire ce qu'ils ont écrit.

La conviction n'est pas faiblesse, mais moteur de toute grande entreprise humaine. Le fait de penser a un sens Tous les hommes, depuis qu'ils ont conscience de leur propre existence, s'attachent à des convictions.

«Pourquoi ne penses-tu pas, écrit Sénèque à Lucilius, que l'instrument le plus efficace pour atteindre au bonheur réside dans la conviction que l'unique bien, c'est la vertu ?» (Lettres à Lucilius). Il y a conviction et conviction.

L'homme qui doute est convaincu qu'il n'a pas tort de douter.

En ce sens, c'est un homme fort.

Il y a aussi l'homme qui se raccroche à une seule conviction, parce qu'il a peur de partir à l'aventure, parce qu'il a peur de penser.

Ainsi va le monde.

Les plus faibles, ceux que l'histoire oubliera toujours, sont ceux qui ont le pouvoir actuel, et les plus forts sont ceux qui entreront dans l'histoire.

La conviction est tantôt aventureuse, tantôt rétrograde.

La conviction d'avoir raison a conduit les plus grands esprits à accomplir leur oeuvre.

Cette même conviction a conduit les plus faibles esprits à vouloir diriger le monde en multipliant les guerres, qu'elles aient pour origine une foi religieuse, politique ou économique.. »

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