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L'artiste doit-il être engagé ?

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« L'expression "artiste engagé" est entrée dans le langage courant car, ce dernier siècle, l'art s'est en effet fortement politisé au point que l'on peut se demander si l'art, par nature, ne serait pas le médium principal d'expression d'idées politiques.

Qu'est-ce que l'art ? Le terme latin "ars" est l'équivalent du grec "techné", il signifiait "technique" ou "artisanat" avant la période de la Renaissance qui a eu lieu au quattrocento en Italie, c'està-dire au XIe siècle en France.

A cette époque, art et artisanat ont été différenciés.

Par conséquent, originellement, l'art est une mise en pratique de connaissances, de savoirs faires.

En ce sens, l'homme d'art est l'"artisan", celui qui accomplit une tâche nécessitant un tel savoir-faire et une habileté à le faire.

Mais le substantif "art" a perdu ce sens, mis-à-part dans certains termes tels que : "arts libéraux", "hommes de l'art" (pour parler des médecins) ou encore "avoir l'art de".

Dans un sens moderne, l'art peut avoir, entre autres pour objectif d'exprimer un idéal, mais il qualifie, en règle générale, une production ayant pour but d'offrir un vécu intense à celui qui la reçoit (le terme réception étant à prendre au sens large, celui-là même que l'on utilise quand on parle, justement, de réception d'une oeuvre).

Qu'est-ce qu'être engagé ? Est engagé celui qui se positionne politiquement et emploie un vecteur de communication de ses idées politiques, l'art peut être un vecteur de communication de ces idées. Mais qu'est-ce que le politique ? L'adjectif politique (du grec ancien politikê) désigne ce qui est en rapport avec le gouvernement de la cité (de la polis, en grec.) La substantif politique a trait à l'accession au pouvoir et à son exercice dans l'Etat par des hommes politiques, à sa gestion, et à son rapport avec les autres Etats.

Or, tout Etat est constitué de trois choses : un peuple, un territoire et une législation, le politique est donc l'activité de gestion de ces trois choses.

De manière plus large encore, en c'est en ce sens que nous entendrons ici le terme politique, il s'agit de gestion de relations intersubjectives.

Francesco Bonami a-t-il raison de se méfier de la politisation de l'art ? Il affirme en effet : «je crois sincèrement que, bien souvent, l'art politique renie l'art en tant que tel, et que, confondant l'art avec le monde lui-même, il échoue lamentablement sur les deux plans»; «trop souvent, l'art court le risque de se transformer en manifeste politique, oubliant sa dimension esthétique» (Art Press, n° 291, juin 2003). L'artiste doit-il être engagé ? Quelle est la nature de l'activité artistique ? Quel rapport existe-t-il entre activité artistique et activité politique ? I.

Historiquement, l'art s'est opposé politiquement aux productions purement mercantiles et s'est développé en opposition avec tout utilitarisme.

Comme Kant le rappelle dans sa "Critique de la faculté de juger".

« La beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans la représentation d'une fin ». Ce qui est beau a l'apparence de la finalité.

Chaque élément semble concourir à l'effet d'ensemble, qu'il s'agisse d'un paysage, d'un tableau, d'une musique. Cette finalité ne se ramène pas au critère classique de la perfection puisque celle-ci suppose Inadéquation de ce qui est à l'idée ou concept.

Or, nous venons de le voir, le jugement de goût est toujours particulier et ne procède pas par concepts.

Cette finalité est sans fin.

On ne peut lui assigner une fonction.

La forme finale de l'objet a l'apparence de la gratuité.

Les êtres vivants ont aussi la forme de la finalité mais cette finalité n'est pas sans fin puisque les parties concourent à une fin, la survie.

Cette troisième définition montre que Kant ne définit pas la beauté à partir de la seule qualité de l'émotion.

La beauté n'est pas que dans le sujet.

Tout n'est pas beau, tout n'est pas susceptible de produire le plaisir esthétique, cela ne dépend pas de la seule disposition intérieure.

D'où vient le plaisir? • d'un objet dont la forme finale peut paraître gratuite, ce qui nous prédispose au désintéressement.

Ainsi une machine à café dont toutes les parties sans exception sont subordonnées à sa fonction de faire le café ne peut être jugée belle et notre rapport à elle ne sera qu'utilitaire.

Par contre la nature est telle que nous pouvons soit la contempler soit l'utiliser. • d'un objet qui a une forme finale.

Pourquoi la juxtaposition d'éléments ne se prête-t-elle pas au plaisir esthétique? Parce qu'il est impossible de lui assigner un sens.

Kant ne veut absolument pas dire que la belle nature ou oeuvre d'art ont un sens.

Elles n'ont pas un sens mais elles sont belles dans la mesure où il est possible de leur donner du sens c'est à dire un sens qui ne s'épuisera jamais, qui suscitera toujours de nouvelles interprétations (cf.

votre pratique de l'analyse littéraire: le texte n'est pas l'objet d'une connaissance mais d'une interprétation qui peut indéfiniment s'enrichir).

Un plaisir esthétique a sa source « dans le libre jeu de l'imagination et de l'entendement ». Libre jeu car l'imagination n'est pas subordonnée à l'entendement comme dans la connaissance où elle doit se plier à ses règles : si elle ne s'y plie pas elle divague, elle rêve, elle entrave la connaissance.

Face au beau qui n'est pas l'objet d'un jugement de connaissance (en langage kantien déterminant ) l'accord entre l'imagination et l'entendement ne suit aucune règle.

Par exemple lorsque nous écoutons une oeuvre musicale, nous associons aux sons des images, ces images s'organisent et prennent un sens mais d'autres associations seraient possibles, un autre sens pourrait jaillir et c'est pour cette raison que le désir d'écouter l'oeuvre ne s'épuise pas.

Le plaisir naît de ce libre accord et finalement pour Kant de l'expérience intérieure de la liberté de nos facultés.

Ce qui plaît est la liberté.

L'expérience esthétique est une expérience de la liberté comme absence de contraintes, intellectuelles (règles de l'accord des facultés en vue d'une connaissance), morales (le beau n'est pas le bien), sensibles (le beau n'est pas l'agréable),utilitaires (le beau n'est pas l'utile).. »

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