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L'art peut-il se passer de la passion ?

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« PROBLEMATIQUE DE L'ELEVE: Il s'agit ici de s'interroger sur les rapports entre l'art et la passion.

L'artiste est-il nécessairement un passionné ? Le spectateur ou l'amateur ne le sont-ils pas aussi à leur manière ? Demandez-vous en quoi l'art peut être lié à la passion.

D'une certaine manière, il est vrai que l'artiste a la passion de la création, tout se passe même comme si il était pris d'une sorte de délire ou d'enthousiasme lorsqu'il crée (ce que Platon, dans son dialogue intitulé le Ion, va critiquer en montrant que l'artiste ne s'exprime pas lui-même, mais laisse parler l'inspiration et les muses à sa place).

Mais pourquoi l'art ne serait-il pas aussi une activité non passionnelle ? Pourquoi l'art ne pourrait-il pas aussi être mis en rapport avec l'autre de la passion à savoir la raison ? L'image de l'artiste passionné et de la relation passionnelle que l'esthète peut avoir avec les œuvres n'est-elle pas une représentation illusoire, voire caricaturale ? Ainsi, on vous pose la question comme s'il était évident qu'il n'y avait pas d'art sans passion.

Il faut donc que vous commenciez à montrer pourquoi.

On se représente communément l'artiste comme un passionné au sens où la création est pour lui une priorité absolue et relève d'une nécessité. L'artiste est ainsi celui qui met tout au service de sa création.

Ici, vous pouvez vous reporter à des figures ou à des témoignages différents.

Pensez par exemple à l'ouvrage de Marguerite Duras, Ecrire dans lequel elle aborde la nécessité vitale pour elle d'écrire.

Vous pouvez également montrer en quoi l'art s'adresse aux passions.

Reportezvous, par exemple, sur ce point aux analyses d'Aristote dans la Tragédie.

Est-ce à dire que la rationalité est uniquement mise au service de la passion ? [L'art est une production de l'intellect plus que du sentiment.] L'art est une chose mentale 0n connaît la formule de Léonard de Vinci: l'art est cosa mentale, chose mentale.

La Joconde n'a pas été peinte sous le coup d'une soudaine inspiration ou sous le coup d'une passion amoureuse pour Mona Lisa.

C'est plutôt un sujet banal - un portrait de jeune femme - auquel le génie de l'artiste, sa maîtrise des techniques picturales, ont permis de donner un caractère de perfection.

L'artiste n'est pas un exalté, c'est un être de raison et de réflexion.

En art, ce qui importe, ce n'est pas la passion mais la pleine et entière maîtrise des techniques et des concepts. L'art est question d'intellect Dans Le Paradoxe du comédien, Diderot dit que le grand acteur n'est pas celui qui se laisse emporter par l'enthousiasme et la passion, mais, au contraire, celui qui use de stratagème et maîtrise parfaitement son rôle. La vérité de l'art n'est pas la vérité naturelle.

Ce n'est pas l'adéquation à ce qui est, mais l'adéquation à un idéal.

Le paradoxe sur le comédien consiste en cela que c'est l'artifice le plus grand qui produira le plus grand effet de réalité.

Le comédien, d'après Diderot, ne doit pas «vivre» son personnage: il doit l'incarner face aux autres, et cela suppose une grande maîtrise de lui-même. Pour Diderot, le plaisir esthétique ne s'adresse pas seulement aux sens.

Il s'adresse également, de manière subtile, à la raison, qui calcule les formes les plus utiles: en architecture notamment, et aussi en peinture, il y a certaines proportions mathématiques (le «nombre d'or») qui produisent le plus grand effet d'harmonie, tout en étant ce qui produit l'édifice le plus solide.

C'est pourquoi l'acteur, lui aussi, doit calculer son effet - même si ce calcul est si fin qu'il finit par ressembler à un instinct (l'acteur n'est pas un robot).

Ainsi, il s'agit bien, pour Diderot, d'imiter le réel, mais le réel n'est pas le naturel ou le spontané, ce qui se montre à nous de la manière la plus immédiate, c'est un idéal épuré - de même que le triangle conçu dans l'esprit du géomètre est plus réellement triangle que n'importe quelle équerre en bois. Diderot ajoutera que «C'est la perception des rapports qui a donné lieu à l'invention du terme beau.» Diderot, Recherches philosophiques sur l'origine et la nature du beau (1751). • À l'opposé du subjectivisme, Diderot exprime une conception rationaliste, objectiviste.

Pour lui, certes, tout le monde n'aime pas les mêmes choses, mais cela tient à ce que tout le monde n'a pas la même finesse de perception. • La beauté n'est pas simplement un sentiment personnel: c'est le sentiment qui naît en vertu de certaines proportions («rapports», ou ratio) intrinsèques à l'oeuvre.

Ce sont ces justes proportions, aussi bien en sculpture, peinture, architecture, musique, etc., qui créent un sentiment d'harmonie et de plaisir et qui font dire d'une oeuvre qu'elle est belle.

Il suffit de penser, par exemple, à l'idée de «fausse note» en musique. • Dans l'Antiquité, les sculpteurs et les architectes utilisaient un «nombre d'or» ou «divine proportion», pour calculer les rapports entre les différentes parties de leur oeuvre.

Le beau était donc pour eux le produit d'un certain calcul mathématique et c'était la raison elle-même qui était belle L'art peut être conceptuel. »

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