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l'art n'est-il qu'un jeu? Peut-il, doit-il se proposer une action morale et sociale?

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« Parties du programme abordées: L'art, le travail. Analyse du sujet: L'activité de l'artiste - celui dont la tâche a pour but la création d'oeuvres belles - relève-t-elle d'un métier obéissant à des règles déterminées et précises, ou bien d'un exercice spontané, réalisé par pur plaisir ludique ? Conseils pratiques: Un sujet qui porte sur la création artistique.

Prenez bien en compte l'action de l'intelligence, du labeur et du travail, même si l'élément ludique joue un rôle non négligeable. Doit-on nécessairement distinguer le jeu du travail ? Et l'art n'est-il justement pas un domaine qui pourrait concilier les deux ? On peut appeler jeu, en droit, toute activité dont le but est l'agréable ou le plaisir ; on peut appeler travail toute activité dont le but est d'obtenir un salaire.

Plaisir et rémunération sont-ils incompatibles ? Plaisir et contrainte s'opposent- ils toujours ? Dira-t-on d'un artiste qui est payé pour ses oeuvres qu'il travaille, que son art est un travail, mais de l'artiste qui ne trouve pas d'acheteurs qu'il joue ? Doit-on limiter le jeu à un seul critère de plaisir, ou à une volonté ludique ? Si travailler est respecter des règles, des techniques, un des enjeux de l'art n'estil pas création hors de ces limites, ou en jouant avec elles ? Si la création artistique apparaît souvent comme une douleur, alors doit-on nécessairement à partir de ce critère dire que c'est un travail ? L'art se rapproche du jeu parce qu'il est une fin en soi, et peut-être parce que le jeu prend place dans un espace de possibilités imaginaires. Mais il se distingue du jeu en ceci qu'il suppose la production d'une oeuvre d'art, qui demande un travail au sens d'une élaboration du matériau par une forme ou une technique : en ce sens, il y a des contraintes dans l'art, des règles de l'art qui paraissent différentes de simples règles du jeu. [L'art est plus proche du travail que du jeu.

Le travail est sérieux alors que le jeu est futile.

L'artiste fournit un véritable travail, car la création artistique demande de l'effort et une grande maîtrise technique.] L'art exige une technique Comme tout travail, l'art demande une technique et un savoir-faire.

La similitude la plus évidente entre l'artiste et le technicien est le travail manuel de la matière.

Focillon parle à cet égard de la «valeur tactile » de l'art : « L'art se fait avec les mains.

(...) Dans l'iconographie romane, Dieu ne souffle pas sur le globe du monde pour le lancer dans l'éther.

Il le met en place en y portant la main.

Et c'est d'une formidable main que Rodin (1840-1917), pour figurer l'oeuvre des six jours, fait jaillir d'un bloc où sommeillent les forces du chaos» (La vie des formes). De même, la main révèle l'intelligence proprement technicienne de l'homme.

Ce n'est pas parce que l'homme a des mains qu'il est le plus intelligent, c'est au contraire parce qu'il est le plus intelligent que Dieu l'a doté de mains: « L'être le plus intelligent est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils (...) et d'acquérir le plus grand nombre de techniques (...) : or la main semble être non pas un outil, mais plusieurs.

Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres (...); la main devient griffe, serre, corne, ou lance ou épée ou tout autre arme ou outil.

Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir» (Aristote, Parties des animaux).

Un artiste sera payé en fonction de son savoir-faire et de son talent, comme n'importe quel travailleur. ALAIN: Puisqu'il est évident que l'inspiration ne forme rien sans matière, il faut donc à l'artiste, à l'origine des arts et toujours, quelque premier objet ou quelque première contrainte de fait, sur quoi il exerce d'abord sa perception, comme l'emplacement et les pierres pour l'architecte, un bloc de marbre pour le sculpteur, un cri pour le musicien, une thèse pour l'orateur, une idée pour l'écrivain, pour tous des coutumes acceptées d'abord.

Par quoi se trouve défini l'artiste, tout à fait autrement que d'après la fantaisie.

Car tout artiste est percevant et actif, artisan toujours en cela.

Plutôt attentif à l'objet qu'à ses propres passions ; on dirait presque passionné contre les passions, j'entends impatient surtout à l'égard de la rêverie oisive ; ce trait est commun aux artistes, et les fait passer pour difficiles.

Au reste tant d'oeuvres essayées naïvement d'après l'idée ou image que l'on croit s'en faire, et manquées à cause de cela, expliquent que l'on juge trop souvent de l'artiste puissant, qui ne parle guère, d'après l'artiste ambitieux et égaré, qui parle au contraire beaucoup. Mais si l'on revient aux principes jusqu'ici exposés, on se détournera de penser que quelque objet beau soit jamais créé hors de l'action.

Ainsi la méditation de l'artiste serait plutôt observation que rêverie, et encore mieux observation de ce qu'il a fait comme source et règle de ce qu'il va faire.

Bref, la loi suprême de l'invention humaine est que l'on n'invente qu'en travaillant.

Artisan d'abord.

Dès que l'inflexible ordre matériel nous donne appui, alors la liberté se montre ; mais dès que nous voulons suivre la fantaisie, entendez l'ordre des affections du corps humain, l'esclavage nous tient, et nos inventions sont alors mécaniques dans la forme, souvent niaises et plus rarement émouvantes, mais sans rien de bien ni de beau.

Dès qu'un homme se livre à l'inspiration, j'entends à sa propre nature, je ne vois que la résistance de la matière qui puisse le. »

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